Proposition indécente

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Aucun des membres de leurs groupes ne dort encore sur la terrasse de la piscine. La chaleur du soleil a fait fuir les noctambules, partis trouver refuge dans leurs chambres. Le duo s'installe à une table vite accueilli par Rauf qui s'enquit de leur commande. Eau fraîche et plat simple et rapide, après quelques minutes d'un silence salvateur à déguster le met délicieux du chef, Ken, de sa voix sarcastique, lance :

— Tu fais quoi cet après-midi ? Tu vas nourrir les oiseaux ?

— J'avais besoin d'avoir l'esprit occupé et la nature m'apaise. Tu dois bien avoir quelque chose qui t'apaise toi non ? annonce-t-elle sur la défensive.

— Ouais, écrire... Qu'est-ce qui te manque de lui ?

— T'es malade ?! Tu veux que je m'étouffe avec une olive ou quoi ? Préviens avant de poser des questions pareilles !

Vida a beau s'exclamer, la question l'interpelle, certes, mais ne la choque pas. À chaque fois, l'homme en face d'elle fait mouche. Le regard de son interlocuteur fond sur la jeune femme songeuse. La réponse l'intéresse vraiment. Alors, une fois encore, au même endroit que la veille, elle se confie. Ses bras, ses lèvres, ses mains, son odeur bref, son corps. L'époque permet des souvenirs impérissables sous forme de photos ou de vidéos qui compensent certaines douleurs et certains manques... mais son corps, lui, est irremplaçable et a disparu à tout jamais. En réponse, il attise davantage son intérêt. Que ferait-elle pour pouvoir passer une dernière nuit avec lui ?

— Tout.

L'improbable se produit soudain. Sans préavis, Ken jette un énorme pavé dans l'étang jusque là apaisé.

— Et si je te propose une nuit ensemble, les yeux bandés ? J'accepte de porter son parfum, si tu acceptes de porter le sien.

Est-il complètement rongé par la folie ? Pour qui la prend-il ? La croit-il assez désespérée pour envisager de coucher avec le premier venu, l'esprit dirigé vers son mari, espérant ressentir ne serait-ce qu'une once du plaisir que David lui offrait ?

— Et pourquoi pas ? On sait tous les deux ce qu'on veut, tu me briefes et je te briefe. À la limite on peut faire ça deux fois, une fois pour toi et une fois pour moi.

Coupant court à toute argumentation, Ken se lève et se dirige vers le hall avant de lancer un dernier assaut pour tenter de convaincre une Vida atterrée et sidérée.

— Réfléchis Vida, ça peut nous faire du bien, à tous les deux.

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