Douche froide

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Réveillée par la douceur d’une caresse, un corps s’installe tout à côté d’elle.

— Il est temps de te réveiller, Vida. 

Accompagné de ce murmure brûlant, un doigt parcourt sa silhouette et ralentit à la commissure de ses fesses. Le bassin se réveille, mais pour le reste... Vida est trop bien pour émerger. La main s’engage plus loin, pile sur l’arc de son plaisir activant son corps. Après des années sans plaisir, Vida est épuisée mais une telle invitation ne peut se refuser. Moins pressés, cette étreinte durera peut-être plus longtemps, pense-t-elle tandis que la chaleur l’abreuve déjà. Sur le ventre, la jeune femme écarte ses jambes. La douceur du doigté de Ken l’emplit et le plaisir jaillit. Si bon, elle mord l’oreiller pour s’empêcher de crier et voulant noyer ses lèvres et ses pupilles dans l’homme qui sait si bien prendre soin de son corps, elle le découvre déjà habillé, casquette vissée. 

— Il est tard, Vida. Il est temps de regagner ta chambre pour te préparer pour le dîner. Désolé, termine-t-il d’un chaste baiser contre son épaule frissonnante. 

Serait-ce si gênant qu’ils descendent ensemble ? Ose-t-elle avec pudeur.

— Ne donne pas davantage de grain à moudre à tes amies, et à Moussa, qui n’attendent que ça.

La douche est glacée, presque cinglante. Ainsi, les retrouvailles de leurs corps n’ont rien changé, siffle Vida. 

— Ne sois pas comme ça. 

— Comme quoi, Ken ? Ne me fais pas croire que pour toi, ça, nous, c’est pas hors normes. 

Ses pupilles se referment. 

— Arrête. 

— Toi arrête ! C’est toi qui te fais des films. Sortir ensemble d’une chambre ne fait pas de nous un couple. Aller au restaurant avec nos amis ne fait pas de nous un couple. 

— Et toi qui veut qu’on continue de se voir après le mariage, toi qui jouit rien qu’en me regardant, toi qui parle à mon père, ça fait quoi tout ça ? Vida, y a pas de nous. 

— Regarde-toi, Ken. Enlève cette putain de casquette qui te sert de bouclier et regarde-toi dans une glace. T’es terrifié. Tout ça, justement, ça te terrifie. Des semaines que je ne me suis pas endormie aussi facilement. Des semaines que je ne me suis pas sentie si vivante. Tu n’imagines pas tout le bien que tu me fais. Pas que ton corps. Tout. Nos discussions, nos regards, tout, Ken. Alors oui, j’ai envie de plus et je suis persuadée que c’est pareil pour toi, sinon, tu ne me rejoindrais tous ces putains de matins et tu ne m’aurais pas bondi dessus tout à l’heure. Ken, si t’es pas prêt à assumer les conséquences de tes actes, c’est à toi d’arrêter. Je ne t’en voudrai pas, mais fais-le avant que ça devienne trop difficile. Pour moi, mais aussi pour toi. 

Parce qu’il est possible qu’après cela, Vida n’ait plus la chance d’un quelconque rapprochement avec Ken, une fois habillée, la jeune femme soulève la casquette de l’homme au regard noir avant de lui offrir un baiser d’une infinie tendresse. 

— Prends le temps de réfléchir, mais ne me blesse pas. Pas encore. Ne joue pas. Sois franc. C’est ce que j’ai toujours aimé chez toi, Ken. On se voit demain. 

Vida tente de dissimuler ses paupières suppliantes derrière un sourire de circonstance, mais les choses sont difficiles à camoufler. Une fois la porte fermée, carte magnétique en main, elle ne laisse aucune chance aux filles de lui parler. La jeune femme fonce sous le jet bouillant de la douche dans une vaine tentative de laver ses regrets. 

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