Chapitre 8 - Recoller les morceaux

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J’appelle Alex car nous devons parler de ce qu’il s’est passé. Il répond à la première sonnerie.

- Je m’excuse pour tout à l’heure, commence-t-il de but en blanc. Je n’aurais pas dû m’énerver sur ce type.

- Tu t’es vraiment comporté comme un sale con, je lui avoue. Tu es sur les nerfs en ce moment, tu veux qu’on aille dans un café du centre ?

- Je pense que ça me ferait du bien, concède-t-il. J’ai besoin de parler avec toi.

Des fois, je me demande si Alex n’a pas plusieurs personnalités. Tout à l’heure, il était vraiment très en colère, assez pour se battre. La fois d’après, il répond au téléphone avec plus d’excuses et de regrets que n’importe qui.

- Passe me prendre dans cinq minutes, je lui lance avant de raccrocher.

En ce qui me concerne, je suis déjà prête. Il ne me reste plus qu’à saisir mon sac à main et arranger ma coiffure. Je ne suis même pas encore descendu au salon que j’entends sa voiture se garer devant chez moi.

Je prends le temps de quitter ma chambre et de dire à Maria que je sors pour quelques heures. Je rejoins ensuite Alex dans sa voiture.

Il trouve difficilement une place de parking mais nous arrivons dans un café quarante minutes plus tard.

- Je suis encore désolé pour tout à l’heure, rajoute-t-il.

- Ne t’inquiète pas, je ne t’en veux plus.

- C’est juste que depuis la fête, tu fais en sorte de ne pas me voir, dit-il en me regardant tristement.

Des flashes de la soirée me reviennent en mémoire. Je sens encore son poids sur moi et je vois des marques rouges apparaitre sur mes poignets. Je secoue la tête pour effacer cette vision.

- Ce qu’il s’est passé m’a perturbé donc je préfère mettre un peu de distance entre nous pour le moment, le temps que les choses se tassent, j’explique en triturant la carte des boissons.

Il me regard avec un air ennuyé lorsqu’une serveuse vient prendre notre commande.

- Si tu es amoureux de moi comme tu le dis, tu devrais pouvoir supporter d’attendre.

- J’ai peur de te perdre Tina, m’avoue-t-il. Je sais que je ne devrais pas être jaloux du revenant mais je n’aime pas les mecs comme lui.

- Et lui les gars comme toi, je réponds du tac au tac.

- Tu prends encore sa défense ? s’offusque-t-il.

- Laisse-le en dehors de notre histoire, je lui reproche agacée. Je passerais du temps avec lui parce que nous étions très proches avants.

- Maintenant, ce n’est plus le cas, grogne-t-il.

Il arrête de parler durant quelques secondes, le temps que la serveuse vienne déposer nos verres.

- J’ai peur qu’il essaye de te draguer.

- Arrête de délirer, c’est plutôt moi qui devrais avoir peur de ça quand tu es bourré, je le contre en tapant des doigts sur mon cocktail.

- Je ne crois pas du tout à votre amitié.

- Ce n’est pas ton problème, je fais encore ce que je veux. Tu n’as pas à décider de mes fréquentations.

Encore une fois, notre conversation tourne au vinaigre et je commence à en avoir assez.

- Si on continue sur cette pente, je te jure que je m’en vais, je le menace.

- On en parle plus alors, soupire-t-il.

Nous buvons nos verres dans un silence gênant.

- J’aimerais que tu m’accompagnes à la fête du Commencement ce week-end. Ta mère risque de te parler de ça et te mettre la pression pour que tu m’accompagnes, alors je prends les devants.

Tous les ans cette fête à lieu dans la villa de Clara Follet dans le cadre des festivités marquant le début de l’été. Tout le monde du cercle y va donc je ne peux pas refuser l’invitation.

- Je vais venir avec toi, j’indique à Alex. Ça peut être cool.

Je le pense vraiment quand je dis ça. Peut-être que cette fête peut nous aider à renforcer notre couple.

Nous passons un long moment à parler de choses inutiles mais j’ai beaucoup de mal à oublier ce qu’il m’a fait à la soirée.

- Je dois y aller, j’explique en me levant. Ma mère va rentrer et je dois lui parler.

- Je peux te ramener ?

- Pas la peine, je prends le métro puis le bus.

Avant qu’il ne réagisse, je lui donne un baiser rapide sur les lèvres. Je quitte le bar avec précipitation.

Une fois devant mon portail, je file directement voir ma mère.

- Bonjour ma fille, commence-t-elle en triant sereinement le courrier.

- Bonsoir maman. Je dois de te parler de Matéo.

- Pourquoi ça ? demande-t-elle en daignant lever la tête vers moi. Je croyais que le sujet était clos. Je n’aime pas ce jeune homme et je vois d’un mauvais œil son retour ici.

- Pourquoi as-tu parlé de lui à Alex ? je l’interroge sans faire attention à ce qu’elle vient de dire.

- C’est ton petit ami, il mérite de savoir ce genre de détails importants de ta vie.

- Tu n’as pas à décider de ça pour moi, je m’énerve.

- Ne me parle pas sur ce ton ! s’indigne-t-elle. Je fais ce qui est bon pour toi.

- Je suis la seule à savoir ce qui est bon pour moi !

Je monte dans ma chambre en claquant la porte parce que je sais que ma mère déteste ça.

Je prends mon ordinateur et un point vert s’affiche sur le visage de mon amie polonaise. Je décide de lancer un appel vidéo à Irina et elle répond quelques secondes plus tard.

- Comment tu vas ? demande-t-elle avec son accent qui m’a tant manqué. Comment ça se passe en France ?

- C’est un peu compliqué avec Alex depuis la soirée mais je tiens le coup. On va essayer de réparer certaines choses et ça devrait aller.

Vu le regard que me lance Irina, je vois qu’elle n’est pas d’accord avec moi.

- Je pensais que tu avais finis par rompre, s’indigne-t-elle. Tu ne devrais pas rester avec lui parce que c’est que tout le monde veut. Il ne faut pas que tu te laisses influencer par ta mère qui ne cesse de répéter que c’est une bonne personne. Les violeurs ne sont pas des gens bien.

- Non ! je crie. Tu vas trop loin, Alex n’est pas un violeur, il ne m’a rien fait.

- Désolé d’avoir dit ça, s’excuse-t-elle. Le problème c’est qu’il a failli te violer et il t’a fait du mal au passage. Je t’en prie, ne reste pas dans le déni comme ça.

Je voulais que mon amie me remonte le moral pas qu’elle me fasse une scène. Mes larmes commencent à couler et je ferme brusquement le clapet de mon ordi pour interrompre la communication.

Irina m’envoie une tonne de messages mais je suis incapable d’y répondre parce que je suis trop bouleversée.

Je sèche mes larmes puis je regarde tout un tas de vidéo drôle sur ma tablette en bloquant toutes communications des réseaux sociaux.

Je vois que le temps s’est vite écoulé lorsque Maria appelle pour le dîner. Je n’ai pas du tout envie d’être à nouveau confronté à ma mère mais je fais quand même un effort. Mes parents ne supportent pas les gens fainéants et faibles.

Je salue mon père avant de m’asseoir en face de ma mère. Je mange en silence jusqu’à ce que le chef de famille prenne la parole.

- Ta mère m’a raconté votre démêlé tout à l’heure, commence-t-il en défaisant sa cravate. Je ne suis pas souvent à la maison parce que je travaille beaucoup mais tu es ma fille. Ta mère et moi nous t’aimons comme telle et nous voulons le meilleur pour toi.

Je reste abasourdie car c’est la première fois que mon père dit quelque chose comme ça et je suis ému par ces propos.

- Merci… d’être des bons parents, je bafouille.

Mon père hoche la tête et nous finissons de manger en silence. Je m’apprête à monter dans ma chambre lorsque mon téléphone sonne pour me prévenir d’un message.

« Rejoins-moi devant le portail de ta maison ce soir dans quinze minutes. »

C’est un numéro inconnu mais en lisant le message, je crois savoir de qui il s’agit. Je pense que ma soirée va être assez cool et j’ai besoin de ça en ce moment.

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