Chapitre 44 - Journée entre fille

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Le lendemain midi, j’accueille mes amies qui se précipitent vers moi pour me serrer dans leurs bras. Elles me disent à quel point elles sont désolées et tentent de me rassurer.

- C’est vraiment terrible ce qui t’es arrivé, me plaint Anne-Lise.

- Je ne pensais pas que ton père participait à des transactions illégales, intervient Laura.

- Qu’avez-vous entendu exactement ? je demande avec méfiance.

- Et bien, nous avons lu pas mal de chose dans les journaux locaux et je ne veux pas être pessimiste mais il se peut que les médias nationaux se saisissent de l’affaire, avoue Irina gênée.

C’est vraiment pire que ce que je pensais ! Mes parents n’ont jamais supporté le regard négatif des autres et malheureusement ils vont être servis. Il est probable que les gens lisent des informations détournées, remixées à la sauce des journaux. Je sens que la rentrée va être particulière cette année.

- Ne t’inquiète pas, nous ne te laisserons pas seule face aux autres, poursuit Irina face à mon air vaincu. Les cours vont reprendre dans un mois mais les gens vont rapidement oublier cette affaire.

- Je sais que tu n’es plus avec Matéo mais ce n’est pas une raison pour se laisser aller comme ça, soutient Laura en détaillant ma tenue.

Réaction typique et attendue de la part de mon amie. Même si elle s’est calmée sur le maquillage depuis l’affaire Damas, ce n’est pas dans sa personnalité de se laisser aller.

J’avoue que je n’ai pas fait beaucoup d’effort vestimentaire. Je n’ai presque pas dormi de la nuit car ma dispute avec Matéo me hante encore.

- C’est vraiment très difficile de passer à autre chose en peu de temps, je me confie en m’étalant sur mon lit.

- Evidemment ! Ça fait juste une journée que c’est terminé, on ne te demande pas une chose pareille, s’indigne Anne-Lise. Nous sommes humains et personne ne peut passer à autre chose en un claquement de doigts.

- D’ailleurs, que s’est-il passé exactement entre vous ? demande la polonaise.

Je n’ai pas trop envie d’en parler mais peut-être qu’à partir de mes informations, elles pourront m’aider à aller mieux et dans ce cas toutes les opportunités sont à prendre. Je leur explique les détails encore frais dans ma tête puis je baisse la tête dans une soupir déchirant.

- Je comprends, tu te sens trahie parce qu’il savait tout depuis le début, assure Anne-Lise.

- Mais les raisons qui l’ont poussé à faire cela ne te conviennent pas alors qu’elles sont justifiées, continue Irina.

- Je ne comprends pas pourquoi tu es allée jusqu’à rompre pour ça, avoue Laura. Je pensais qu’il était impliqué dans ces affaires louches alors que tu viens de dire qu’il a tout fait pour les faire capoter.

- Pourquoi est-ce que tu le défends ? je m’emporte contre mon amie.

- Parce qu’il a fait tout ça par amour et tu as bien de la chance, soupire-telle.

Face à son regard triste, ma colère chute aussi vite qu’elle a fusé. D’après ce que je vois, elle aimerait être traitée pareil et coucher avec tous ses hommes ne comble pas ce vide qu’elle éprouve.

- Je comprends ce que tu veux dire Laura mais quand je lui demandais, il me mentait droit dans les yeux et ça, je ne peux pas le tolérer, je lui explique.

- Mais tu l’aimes plus que tout, essaye de me persuader mon amie.

- Tina est déjà assez triste comme ça de cette situation alors ne sème pas le doute en elle, intervient Anne-Lise. Moi je suis d’accord avec elle, Matéo est allé trop loin.

- S’il vous plait les filles ! clame plus fort Irina. Au lieu de débattre notre point de vue sur un sujet qui ne nous regarde pas, nous ferions mieux de faire quelque chose d’amusant.

Intérieurement, je remercie ma meilleure amie de me sauver de cette situation qui me rend encore plus mal à l’aise qu’au début. Je n’ai pas envie que des clans anti-Matéo et Matéotiste se forment alors que cela ne regarde que moi.

- On sait tous que tu avais des vues sur cet homme mais Irina a raison, nous sommes là pour aider Tina, souligne Anne-Lise.

- Si vous avez amené vos maillots de bains, je vous propose de venir dans ma piscine.

- Quelle question ! Tu sais très bien que nous prenons notre attirail d’eau quand nous venons chez toi, s’exclame Laura.

Irina semble contente de cette idée car elle est la première à partir se changer. Je mets plus de temps que mes amies dans la salle de bain car je suis moins enthousiaste d’aller dans le bassin que je fréquente chaque jour en été.

Lorsque je les rejoins, elles sont déjà en train de chahuter dans l’eau. Mes matelas sont utilisés ainsi que mes frites de bains. Je déploie le parasol pour créer de l’ombre et éviter de cramer au soleil. J’aménage l’espace avec des fauteuils confortable et des tables de jardin que je déplace.

Un téléphone sonne avant que je les rejoigne et Irina s’éclipse en quelque seconde vers la rue. Je la suis discrètement et je la vois discuter avec un livreur de pizza. Elle récupère la commande puis passe devant moi le sourire aux lèvres.

- Je parie que tu avais faim Tina, s’exclame-t-elle avant de déposer le déjeuner sur la table. C’est moi qui paye la tournée !

Attirée par les odeurs alléchantes des pizzas, le reste des troupes ne tardent pas à se joindre près de nous sous le parasol. Le repas ne tarde pas à être entamé et en engouffrant les parts de pizza, je me rends compte à quel point j’avais faim et que mon estomac était noué à cause de Matéo.

En quelques minutes, notre pizza est engloutie sans un mot. Nous avons fait pire qu’une bande de mec affamés. Laura saute dans la piscine en criant qu’elle est la première à avoir terminé la pizza. Anne-Lise la talonne de quelques centimètres et la rejoint en se jetant sur elle pour faire semblant de la noyer. Les deux chahutent dans l’eau en riant et en se lançant les frites à la figure.

Irina sort de son sac laissé sur le côté une barre chocolaté qu’elle me glisse discrètement pour ne pas que les autres la voient. Il s’agit d’une marque que l’on trouve qu’en Pologne et je suis contente que mon amie m’ai fait l’honneur de me la donner.

- Tu ne pensais pas que j’allais revenir sans apporter de souvenir, murmure-t-elle en me faisant un clin d’œil.

C’est avec complicité que nous mangeons secrètement nos barres de chocolat pendant que les autres s’amusent dans la piscine.

- Tu sais ce qui manque dans cette piscine ? demande Laura à Anne-Lise.

- Non quoi ?

- Des mecs ! s’écrit-elle en se jetant sur elle pour la noyer.

- Il est hors de question que des inconnus débarquent chez moi, j’interviens.

- Du clame Tina, c’est pour rire, se défend mon amie.

Je me dirige vers la piscine pour profiter moi aussi de l’eau fraiche sur ma peau. Le soleil chauffe beaucoup à cette heure-ci et ce n’est pas très prudent de rester sous la boule de feu mais je ne veux pas gâcher ses moments où mes amies sont heureuses.

Je fais quelques longueurs en contournant les filles qui sont en train de se défouler dans l’eau. J’entends Irina râler en polonais car Anne-Lise n’arrête pas de se cogner contre le matelas gonflable sur lequel elle bronze.

Lorsque les muscles de mes bras commencent à me bruler, je m’arrête pour me poser sur les marches. Laura est maintenant installée sur le transat aux côtés d’Anne-Lise pour bronzer. Je me lève pour m’enrouler dans une serviette. Je n’ai plus envie de rester dans la piscine et j’aimerais retrouver la semi fraicheur de ma maison.

J’aperçois Irina revenir du cabanon avec un ballon pour le jeter sur Anne-Lise en signe de vengeance. Celle-ci réplique avec le même objet mais elle rate sa cible et le ballon se perd dans les feuillages. Etant donné que je suis la plus proche du ballon, je quitte la terrasse pour le récupérer.

Je fouille dans les branches mais mon regard s’arrête sur Matéo torse nu. J’avoue que sous le coup de la surprise, je suis restée figée sur place. Il pose sa cisaille avec laquelle il coupait les branches des arbres de sa propriété pour venir vers moi. La panique me gagne en même temps que la tristesse.

Je n’ai pas le temps de choisir ma position car il tend le bras pour décrocher le ballon qui a volé plus haut que je le pensais dans les branches de mes feuillages. Il ne dit rien et je récupère l’objet les mains tremblantes.

Par instinct, je lève les yeux vers lui où je peux y voir toutes les peines du monde. S’en est trop pour moi et je m’éclipse en referment les feuilles sur son visage.

- Et bien tu t’es perdu dans la jungle ? me taquine Anne-Lise.

Sans répondre quoi que ce soit, je jette le ballon sur l’herbe puis je me dirige d’un pas colérique vers l’intérieur de la maison.

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