Chapitre 45 - Je veux du temps pour t'oublier
Je me réfugie dans ma chambre puis je tombe dans mon lit entre les coussins pour ne pas affronter mes amies. Bien évidemment, elles me rejoignent en quelques secondes sur le lit.
- Que s’est-il passé ? reprend Anne-Lise.
- Je suis sûre qu’elle a vu Matéo, hypothèse Irina.
- Il tombe vraiment mal lui, intervient Laura.
- Je suis là que je sache, je me manifeste pour couper court à leurs interrogations.
Je profite d’un moment de silence pour sonder mes amies. Elles semblent à nouveau inquiètes pour moi et c’est pour ça que je me confie sur ce qu’il s’est passé. Pour la première fois, je parviens à m’exprimer à voix haute sur les sentiments que je ressens depuis ma rupture avec lui.
Quand je l’ai vu, toute la douleur qui m’accablait a jaillit d’un seul coup, mais je suis quand même parvenue grâce à mes amies à oublier cet homme. Même si c’était que pour une moitié d’après-midi, je suis parvenue à me le sortir de la tête. Maintenant, j’ai l’impression d’être revenue à la case départ.
À la fin de mon récit, mes larmes coulent à nouveau sur mes joues et mes amies viennent m’entourer de leurs bras. Je dois bien l’avouer, ce contact m’apaise plus que je ne le pense. Parfois, je me demande comment je ferais sans elle.
- Nous devrions peut-être rester à l’intérieur, propose Irina une fois que mes larmes sont épongées.
- Je sais qu’il fait beau dehors mais nous pourrions faire des jeux de sociétés puisque tu en possèdes quelques-uns, ajoute Anne-Lise.
Toutes les filles sont d’accord pour jouer donc je m’arme de force pour descendre les escaliers avec les boites de jeux. Nous passons l’autre moitié de l’après midi à rire dans le salon, ce qui favorise la détente de mon corps.
Ma mère rentre du travail sans grande joie et ouvre une bouteille de vin. Même si mon père est en détention, elle continue à ne pas montrer sa peine. Nous savons que nous allons devoir fermer des service faute d’argent mais d’après notre avocat, nous pourrons maintenir une entreprise avec moins de puissance.
- Je vous invite à rester manger les filles, propose ma mère en soupirant. Au moins, cette maison paraitra moins vide.
Nous commençons à ranger les jeux pour commencer à nous mettre d’accord sur le menu de ce soir. Nous avons à peine le temps de nous installer sur le canapé que quelqu’un sonne à la porte. Instinctivement, je viens ouvrir sans me préoccuper de l’identité de la personne.
- Maria ! je m’exclame en l’embrassant. Mais que fais-tu là ? Tu as terminé ton service chez nous depuis hier étant donné que la plupart de nos biens ont été saisis.
- Je suis au courant de l’affaire mais peu importe, se justifie-t-elle. Je travaille pour cette famille depuis tellement d’années que je vous considère comme mes proches. Cela ne m’empêche pas de venir vous rendre visite de temps en temps.
- Nous nous apprêtons à choisir le repas de ce soir, j’explique en la faisant entrer.
- Nous avons fait les courses ensemble pour les Rochefort, il doit bien rester des choses dans les placards, enchaine-t-elle.
- Nous pourrions déterminer un menu en fonction de ce qu’il y a, propose Anne-Lise.
Nous approuvons toutes l’excellente idée de notre amie. Nous commençons à sortir de la nourriture des placards avec l’aide de Maria. Petit à petit des idées viennent et nous débutons la préparation du festin de ce soir. Nous voulons quelque chose de sophistiqué puisque nous sommes plusieurs à cuisiner.
Ma mère presque dépressive depuis l’arrestation de mon père finit par être contaminée par notre bonne humeur et vient nous rejoindre. En deux heures, le repas est terminé et nous pouvons nous mettre à table. Ce diner est très convivial et nous bavardons avec enthousiasme.
La journée se termine bien et mes amies me quittent pour la nuit sans inquiétude. Je leur promets de les appeler si quelque chose ne va pas pour ne pas affronter mes problèmes toute seule.
- Sois courageuse bella, me dit Maria avant de prendre se voiture.
Je reste seule avec ma mère qui se met à allumer le poste télé, chose qu’elle n’a pas coutume de faire mais je ne peux pas lui reprocher de changer ses habitudes. C’est sa façon à elle de surmonter les épreuves que nous traversons.
- Je suis triste car je ne peux pas voir ton père pour le moment, explique-t-elle avant que je quitte la pièce.
- Je ne comprends pas pourquoi tu es tant attachée à ça, je lui fais part. Vous ne vous êtes jamais montré un grand amour.
- Même si notre mariage était arrangé, nous avons finis par nous aimer, répond-t-elle. C’est difficile à croire mais je tiens à lui, même si je n’en suis plus amoureuse.
- Comme c’est bizarre, je grommelle.
- Ne soit pas si mauvaise Valentina ! gronde-t-elle. Je venais moi aussi d’une famille italienne noble. Je ne suis pas comme monsieur Di Angelo, malgré les infidélités de ton père j’ai toujours joué pour conserver notre famille.
- Et voilà où nous en sommes, je soupire en montant les marches.
- Ce n’est qu’une mauvaise passade, rajoute-t-elle avant de se concentrer sur la télé.
Je reste enfin seule dans ma chambre et je prends le temps de faire des soins de peau avant d’aller me coucher. Je regrette presque le départ de mes amies car j’ai peur de me retrouver face à moi-même. Cela ne m’étonne pas que mon père soit infidèle puisqu’il au moins, il a le choix de la femme avec qui il veut passer du temps.
J’essaye de ne penser à rien dans l’espoir de trouver un sommeil réparateur. Je gigote un petit moment sans parvenir à rien puis je prends mon téléphone. Je réponds aux messages amicaux de mes amies, surfe un peu sur les réseaux comme à mon habitude puis je repose l’objet sur ma table de nuit.
Après quelques heures, je parviens à sentir le sommeil me gagner. Je me retrouve emballée dans une serviette et je suis en train d’arpenter un couloir désert. La première personne que je croise est une fille qui vient à ma rencontre.
- Tu n’es toujours pas changé ? demande-t-elle étonnée. Le cours de sport est terminé depuis un moment, les autres sont déjà en cours.
Cela fait un an que j’ai quitté le lycée mais je joue le jeu en entrant dans la pièce indiquée. Je discerne mal les casiers de sport à l'américaine et les bancs pour s’asseoir à cause de la buée engendrée par l’eau chaude de la douche.
À mon grand désarroi, les douches ne sont pas séparées en cabines mais puisque je suis seule je finis par retirer la serviette que je porte autour de la taille. Je commence à sentir l’eau chaude sur ma peau avec pour seul son celui du ruissèlement.
J’entends un deuxième jet d’eau se déclencher et je me retourne vivement. Le dos d’un homme nu me fait face mais je ne parviens pas à connaitre son identité à cause de la buée.
- Qui êtes-vous ? je demande peu sure de moi. C’est le vestiaire des filles ici.
Je ferme les yeux quelques secondes pour enlever l’eau de mes cils et je vois Matéo matérialisé à quelque centimètre de moi. Je me recule instinctivement mais je me cogne contre le mur derrière moi.
- Je sais que tu m’aimes Tina, susurre-t-il.
- Ce n’est pas réel, ce n’est qu’un rêve je lui réponds en secouant la tête.
- C’est pour ça que tu peux te le permettre, me contre-t-il.
Je n’ai pas le temps de réagir que sa bouche fond sur moi et je ne résiste pas face à ses assauts si excitants. Mon corps est bloqué entre le mur et son torse mais je peux sentir chacune de ses caresses comme si c’était la réalité.
Je touche chaque partie de son corps avec avidité car c’est peut-être la seule fois que je pourrais profiter de ce moment irréel. Je lâche plusieurs gémissements consécutifs lorsque je sens sa virilité me pénétrer férocement.
- Je sais que c’est ce que tu veux sale chienne ! rugit Matéo en me jetant au sol.
Le contact avec le carrelage ne me fait pas vraiment mal mais je suis plutôt surprise de ses paroles. Je relève la tête et je comprends enfin. Ce n’est plus l’homme que j’aime qui se tient en face de moi mais Alex.
Il s’avance doucement vers moi, ses habits et ses cheveux sont mouillés par l’eau. Il commence à déboutonner sa ceinture en me regardant comme si j’étais du gibier frais. Je tente de trouver une serviette mais rien ne me vient sous la main. Lorsqu’il se jette sur moi, je hurle comme je n’ai jamais hurlé de ma vie.
Je me réveille en sursaut dans mon lit, complètement trempée. Le temps de me réorienter, je reprends ma respiration. Je me lève pour me passer un coup d’eau sur le visage. Bordel, c’était quoi ce rêve à la fois excitant et flippant. Je fais le vide dans ma tête puis je repars me coucher malgré cette nuit perturbante. Tout ceci finira par passer, ce n’est qu’une question de temps.
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