Le lendemain, je croise James dans les couloirs. Je le salue, un peu gênée après ce qu’il s’est passé la veille. Nous n’avons pas cours ensemble mais je prends le temps d’échanger quelques banalités avec lui.

- Tina ! s’écrit une voix derrière moi.

Je me retourne vers Anne-Lise qui accourt derrière moi.

- Je suis désolée de te déranger mais nous avons un cours et tu sais bien que ce prof déteste les retards, explique-t-elle en me faisant signe.

Je quitte James avec regret pour me diriger vers ma salle de classe. J’aime bien ce mec, il est vraiment gentil et cool. Anne-Lise me pose quelques questions sur lui en chuchotant pour ne pas que le prof nous entende.

Les cours de la matinée passent très vite et je rejoins le reste de la troupe à la cantine. Il y a un monde fou et je regrette déjà de ne pas avoir proposé un pique-nique. En ce moment, je ne suis pas patiente.

Depuis que j’ai vu Alex et Matéo, je n’ai plus envie de faire les choses patiemment. Les cours que j’avais tant envie de reprendre commencent déjà à me saouler. Je ne suis pas aussi concentrée que je le voudrais car je ne suis pas en forme depuis hier.

- Tu n’as pas trop le moral aujourd’hui, remarque Irina en me tendant un plateau.

- Sauf quand tu es avec cet étudiant étranger, ajoute Laura avec malice.

- C’est vrai que revoir Alex ne m’a pas donné d’énergies positives, j’avoue sans parler de Matéo. Mais James me redonne confiance aux hommes.

- Je vois, tu as vite oublié Matéo et tu te précipites dans les bras d’un autre, comprend Laura.

Je vois qu’Irina lui donne un coup de coude et mon amie enchaine mal à l’aise :

- Pardon, ce n’est pas ce que je voulais dire.

Je balaie ses excuses du revers de la main. De toute façon, je ne suis pas d’humeur à débattre sur le sujet. Je reste silencieuse et je participe peu aux conversations mais mes amies respectent cela et ne m’embêtent pas.

J’ai un cours cet après-midi mais il me reste une heure de trou avant de m’y rendre donc je vais essayer de travailler à la bibliothèque pour me changer les idées.

Comme d’habitude il y a peu de place et je repère James en train de me faire un signe de la main. Bien évidemment, je ne peux que le rejoindre. Il pousse son sac et libère une chaise à côté de lui pour moi.

Je le remercie en chuchotant pour ne pas déranger les autres qui sont plongés dans leur travail. Je remarque qu’il travaille sur les cours que je lui ai donné la veille.

- Je n’ai plus de cours aujourd’hui mais je prends du temps pour travailler sur tes fiches, m’explique-t-il en me souriant.

Je ne peux m’empêcher de rougir car son sourire est si charmant et ses paroles montrent qu’il a envie de s’intégrer dans la promo. Je sors rapidement mes affaires pour commencer à travailler sur le cours.

Malheureusement pour moi, je n’arrive pas à me concentrer comme je le voudrais. Mon esprit ne cesse de faire des allers-retours entre les cours et des questions que je me pose sur mon avenir.

- Est-ce que ça va ? chuchote James en tournant la tête.

Il me fait remarquer que je tapote nerveusement la table avec mon crayon. Je stoppe net mon action et je m’aperçois que quelques personnes jettent des coups d’œil vers moi. Je dois faire trop de bruit alors je pose mes mains sur les genoux puis je plonge à nouveau la tête dans mes cours en marmonnant des excuses à James. Néanmoins, il semble inquiet car il me regarde encore quelques secondes avant de se pencher sur ses feuilles.

Cela fait plusieurs minutes que je suis immobile comme une statue et ça commence à me peser. Je me lève puis je marche à travers les rayons dans l’espoir de trouver des livres sur les sujets que je dois approfondir. Je finis par prendre des ouvrages que je pose lourdement sur la table ce qui fait sursauter James.

Je reste quelques minutes à les consulter puis je me lève car mon prochain cours va bientôt commencer. Je salue James mais il se lève à son tour et me suis jusqu’aux escaliers.

- J’ai l’impression que quelque chose te tracasse depuis hier, me fait-il remarquer. J’ai le sentiment que c’est grave parce que je vois que tu n’es pas concentrée.

- Je suis désolée mais je n’ai pas envie d’en parler. Si tu as envie de savoir quelque chose, tape mon nom de famille sur Google et tu verras, je soupire. De toute façon, tout le monde est au courant des scandales de cet été.

Sans attendre sa réponse, je le plante là pour rejoindre mon dernier cours. Celui-ci se passe lentement mais je parviens malgré mon manque de concentration à prendre un maximum de notes.

J’ai l’impression que cette journée ne se finira jamais. Les minutes passées dans les transports sont interminables et je rentre chez moi en m’effondrant sur le canapé, épuisée mentalement et physiquement.

- Tu as l’air complètement vidée ma fille, commente ma mère en posant son sac dans l’entrée. Les cours viennent à peine de commencer et tu reviens en mauvais état dès la fin de la journée.

Je grogne quelques mots mais je reste les yeux fermés pour me reposer.

- Je suis sûre que c’est à cause de Matéo, souffle-t-elle en allant dans la cuisine. Il faudrait que tu lui parles car cela fait un moment que vous n’êtes plus ensemble et tu ne vas pas beaucoup mieux.

- Comment tu sais que c’est lui qui me hante ?

- Parce que je suis ta mère et que je sens ces choses-là, explique-t-elle.

- Non je ne veux pas lui parler, je ronchonne sans bouger.

- Alors oublie le une bonne fois pour toutes, me conseille-t-elle. Ne reste pas sans rien faire et va donner ce foulard à Alma pendant que je prépare à manger.

- Et c’est maintenant que tu remarques qu’elle l’a oublié, je grogne en me levant.

Je sais que ma mère fait ça pour m’obliger à me confronter à Matéo. Même en sachant ça, je ne peux pas m’empêcher d’être attirée par cette maison pleine de souvenirs. Je marche lentement vers la porte d’entrée puis je m’arrête sur le perron.

Mon cœur bat très vite et je ne peux pas le contrôler. Pourquoi le fait de le voir me met-il dans des états pareils ? J’appuie sur la sonnette en priant pour que ce soit Alma qui vienne ouvrir mais avec la chance que j’ai, je me retrouve face à Matéo qui me dévisage avec surprise.

- Ta mère a oublié ça chez moi, je dis en lui tendant l’objet sans le regarder dans les yeux.

Nos doigts se touchent lorsqu’il prend l’objet et une douce chaleur m’envahit. Cette sensation que je pensais ne jamais ressentir un jour prend possession de tout mon corps. Sans m’en apercevoir je serre le tissu et les doigts de Matéo dans ma main.

- Tina, chuchote-t-il de sa voix grave et sexy.

Immédiatement, je me sens transportée dans un autre univers et je sais qu’il n’y a qu’un seul moyen de déployer cette énergie si belle. Sans dire quoi que se soit à Matéo, je plonge sur sa bouche et je l’embrasse avec ardeur.

Il m’entraine dans la maison en claquant la porte derrière moi puis je le serre dans mes bras. Je retire son t-shirt puis je le pousse sur le canapé. Ses mains souples caressent ma peau nue et provoquent en moi un courant électrique qui me pousse à enlever mes vêtements.

Matéo passe ses lèvres dans mon cou en s’attardent pour me sucer la peau me provocant des vagues de plaisir. Sa bouche descend ensuite vers ma poitrine qu’il cajole avec amour puis prend possession de mon intimité. Mes gémissements s’entrechoquent avec ses coups de langues.

Alors que je me sens dériver dans un autre univers Matéo s’arrête quelques secondes car il semble aussi essoufflé que moi. Il ne dit toujours rien mais je peux voir que ses yeux sont noyés d’un désir ardent.

Il retire ses sous-vêtements pour se retrouver nu contre moi et accroitre encore plus mon envie de lui. Matéo me caresse le visage avec un regard triste comme s’il avait peur que je m’efface d’un instant à l’autre.

Mon amant me pénètre avec douceur avant d’accélérer le rythme pour que mon plaisir remonte la pente. Son souffle accéléré se perd contre mon oreille. Nos corps ne font plus qu’un comme autrefois et j’ai l’impression que nous ne nous sommes jamais séparés.

Le plaisir contrôle entièrement mon corps et je sens que j’arrive au point de non-retour. En parfaite harmonie, mon amant et moi nous connaissons l'orgasme en même temps. Son corps se pose contre le mien et seul le bruit de notre respiration ainsi que les battements de nos cœurs se font entendre.

Je reste quelques minutes sous l’effet du plaisir mais le brouillard se dissipe rapidement. Je reprends mes esprits et je me rends compte terrifiée de ce que je viens de faire. Je me lève en poussant Matéo puis je récupère mes affaires pour m’habiller en vitesse. Mon amant ne veut pas me laisser filer comme ça et m’attrape le poignet.

- Tina ? m’interroge-t-il avec des yeux tristes.

- Il ne s’est rien passé, je réplique avant de me dégager.

Je pose le foulard tombé à terre sur la table puis je quitte la maison plongée dans la pénombre sans me retourner vers cet homme qui me regarde avec tristesse.