Pyramide III Transformation
J’entendis du lointain comme un soupir timide
Ainsi que je rêvais à mes prochains sanglots.
Que le son porte loin si le sol est humide,
Il ondule et navigue, affranchi, sur les flots.
Ne le distinguant pas, je le sentis à peine :
Ce ne fut tout d’abord qu’anodin clapotis.
Puis un souffle léger à ravir une penne
Caressa mon sursis dans un doux chuchotis.
Mais pour entendre au loin des appels en murmure,
Il faut parfois se taire et s’emparer du vent
En posant à nos pieds cette pesante armure,
Il faut parfois se taire et demeurer vivant.
Je vis alors pousser une fine membrane
Entre mes doigts raidis que je croyais perdus,
J’en gémis de bonheur comme on geint sous la Manne.
J’avais la main palmée et les yeux éperdus.
Je sentis lentement ma peau blême se tendre
Dans mon oreille offerte à ce chuchotement,
Et mon tympan béant se mit à tout entendre.
J’avais une branchie, étrange enchantement.
En quittant cet état comme on quitte le bagne,
Je me mis donc à l’eau, le cœur fort et serein.
Je partis me bâtir des châteaux en Espagne
Et je laissai ma nymphe à l’assaut de l’embrun.
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