Pyramide IV Rêve
Ne se souciant guère ainsi de la marée,
L’enfant creusant le sable et faisant un château
Voit un jour, une nuit, une vague moirée
Absorber son fortin dans son vaste manteau.
Je me jetais à l’eau comme on jette des pierres,
Le corps atrophié mais raidi par le gel
Et les yeux aveuglés d’avoir clos les paupières,
Je sentais le parfum d’un espoir idéel.
L’effluve au doux arôme insinuait mon âme,
D’abord une cellule, et deux, et trois, et cent
Puis ce fut des milliers, puis ce fut une flamme
Qui, soudain, embrasa mon esprit vagissant.
J’avais pétrifié toutes mes espérances
Et coulais dans le flux, dans la nue et la mer.
Tout n’était que chimère et tristes apparences,
Je sombrais doucement comme en un gouffre amer.
Je rêvais à la vie, à la mélancolie
Dont j’émergeais alors, perçant, tel un narval,
De mon unique dent l’encéphale en folie
Pour respirer un peu. Je rêvais à Nerval...
Je rêvais à la plage, à ce château de sable
Que je m’étais bâti à l’ombre du Pharos,
A ce vaste océan, rempart infranchissable,
Et s’éteignait alors la torche d’Hélios.
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