Tisserand 1/
Malgré sa difficulté matinale à tout percevoir correctement, Ombre sentit que l’explosion de joie de Ssdvenna’êk indisposait la tente. Et qu’il s’agissait moins de ses effusions, que de son bonheur qui leur déplaisait. Les Aniogar ne lui souhaitaient aucune félicité. Conscient, il entraîna Ombre à l’extérieur en dansant et en martelant le sol, sans prêter attention au long soupir de sa guide du passé.
- Ouna siiiiir ! s’extasia-t-il une fois près du feu. Âle a âmé môa !
Ombre essuya un nouvel assaut de baisers sur le crâne, lui rappelant sa petite taille. Elle ne tenait pas encore debout seule, et virevolta contre son grès. Sans force pour protester, elle subit une tornade de tendresse qui l’aurait de toute façon pétrifiée. Son calvaire se stoppa d’un coup, lorsque sans prévenir Ssdvenna’êk la saisit sous les aisselles, la serra avec exultation contre son torse et posa le menton sur ses cheveux. De nouveau, il ronronna avec force. Le son était bien la seule chose agréable en cette froide matinée.
- Tou te rrrrends côpte, soupira le traducteur transcendé, oune sssiiiir â pou âmer môa. Je mâ sôviens… quand âle saveuâr… âle encôrrrr amôr.
De la chaleur se déplaça, et couvrit mieux la tête d’Ombre, tandis qu’elle ouït des écailles frotter contre ses cheveux. Elle grogna sans conviction, désireuse de toucher à nouveau le sol. Après un temps bien trop long, les ronronnements devinrent à peine audibles.
- Oune ssssoeeeeuuur peut m’âmer… soupira-t-il, incrédule. Mâlgré… Mârsssssi, Ôbre.
- Pourrais-tu me reposer au sol ?
Il obtempéra sans cesser de partager son bonheur. À peine sa liberté recouvrée, Ombre s’éloigna de quelques pas de lui, et attendit qu’il se calme pour lui demander ce qu’elle pouvait prendre pour le petit-déjeuner.
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