Déménagement
Edward avait récupéré des cartons à son travail, il venait d’emballer ses livres et ses vêtements. Maintenant, un tri s’imposait, il avait accumulé beaucoup de magazines, de bibelots et de vieux cours. Sur l’étagère murale trônait une multitude d’objets de son enfance. Les Pogs, ces petites rondelles en carton imagées lui rappelaient l’école primaire, c’était à la mode. Il fallait que les deux joueurs empilent au moins un Pog, l’un par-dessus l’autre. Et le joueur qui arrivait à retourner la pile en lançant son “kini” remportait la partie. De nombreux souvenirs remontaient à la surface, les parties gagnées et perdues, il y avait tant joué. Juste à côté, il repéra quelques billes dans un sachet, des coquillages, des scoubidous, des pin’s, un pompon en laine et un yo-yo sans ficelle. Il souriait en observant les premiers fossiles et les pierres qu’il avait découverts dans un chemin avec ses cousins. Ce jour-là, Edward avait trouvé une pierre lisse d’un côté et fendue de l’autre. Étant charmé par son aspect, il l’avait ramassée sans hésitation. Cette pierre n’avait pas changé, elle était toujours spéciale à ses yeux. Maintenant, elle lui rappelait quelque chose, mais quoi ? Il s’amusait en retrouvant les fèves et couronnes des rois provenant des galettes mangées lors de l’Épiphanie. Se séparer de tous ses objets lui était impossible. Edward plaça un carton au sol, puis avec des gestes rapides et délicats, il rangea le tout à l’intérieur. Ensuite, il s’empara du ruban adhésif et d’un marqueur pour finaliser l’emballage. Ses souvenirs d’enfance tenaient dans une boîte. Pour le reste, la décision fut brève. Les vieux cours et les magazines vétustes partiront en direction du tri sélectif.
Un coup de klaxon, c’était le signal. Dans la cour, son père était à bord d’un véhicule de la ferme, une camionnette. Le dur métier d’agriculteur apportait tout de même quelques avantages. Sur le siège passager, Edward remarqua Thomas son cousin. Il était jeune, large d’épaule et costaud, une véritable force de la nature, sa présence était de bon augure. Il fila en direction du garage et s’activa. Edward ouvrit grand les battants, puis il laissa approcher le camion en marche arrière. Ensuite la joyeuse bande commença à charger le plus gros : le lit, le matelas et les meubles. Afin de combler les espaces vides, en sueur, ils enchaînèrent avec les chaises et des cartons. Une fois le camion chargé, les portes se fermèrent. Pour l’électroménager, Edward avait tout acheté, l’ensemble serait livré à domicile en début de semaine. Après un tour de clé, le moteur ronronna et les trois hommes prirent la route, direction Trévoux. Le déménagement allait se faire dans un appartement du centre-ville.
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