Cette nuit-là, Josette était devant la télé. Bruit intempestif, bêlement à répétition, l’agitation des chèvres l’interpellait et ce n’était pas la première fois. Pourquoi cette pagaille dans le troupeau ? N’osant pas mettre le nez dehors, la vieille paysanne se leva du fauteuil pour aller réveiller son mari.

Elle le secoua et lui causa avec insistance :

— Norbert, y’a encore du raffut dehors !

Il émergea rapidement.

— J’sais pas qui enquiquine mes bêtes Josette, mais j’vais l’avoir. Va chercher l’fusil !

Il ne prit pas le temps d’enfiler un pantalon, c’était en slip qu’il chaussa ses bottes. En femme modèle, Josette lui apporta sa veste et son arme. Le paysan ouvrit la porte violemment et alluma les projecteurs, puis il tira en l’air. Affolées, les chèvres se dispersèrent. Au milieu du champ, il restait un homme masqué, la bite à l’air.

En tant qu’agriculteur, il en avait vu des choses mais là, Norbert en resta pantois.

D’un murmure, Josette l’interpella :

— Qu’est-ce qui se passe ? 

Il se pencha vers elle pour lui répondre :

— Bordel, c’est un foutu baiseur de chèvre ! J’vais l’buter !

Josette voulut calmer les ardeurs de son mari, mais c’était trop tard, il brandissait déjà son fusil ! Le paysan bloqua sa respiration pour viser. Cul nu, l’homme gambadait tel un chien fou. Il était déjà loin et s’effaçait dans l’obscurité. Excédé, Norbert tira à plusieurs reprises, sans succès , le salopard masqué avait filé.