Ch 2 - (en)fin
– Eh bien ! Vous savez que les voyageurs font étape dans les auberges ! Celui-ci ne passa pas inaperçu avec sont allure orientale ; il me fut facile de me renseigner. Arrivé au bourg de Mulinhuson, j’entendis des autochtones parler de l’homme étrange ayant emprunté la sente de la forêt. Je n’ai qu’eu à en faire de même. Voilà. Cool ! Non ?
Comment ? Ce n’est pas un langage du Moyen-âge ? Bien évidemment que non! Mais vous avez déjà oublié qu’on se trouve dans l’environnement décalé de Hilde ? Hein ?... Alors !
Reprenons.
Philémon leva les yeux.
– Le soleil n’est plus au zénith. Il décline. Allons prendre un repas à l’Auberge du Moulin Rouge, je vous invite !
– Je décline moi aussi, répondit Hilde, les yeux à l’horizon, avant d’enchaîner sans transition. Depuis la mort de Baldegolf et le départ de Hansegonde, les lieux sont mal famés ; c’est devenu l’Auberge Rouge du Moulin. Mais j’ai dépecé un lièvre ce matin, cela suffira pour nous trois. Et nous boirons du vin d’à côté.
– Ainsi donc ! dit Tell, ravi. Et tu as aussi du vin ?
– Il est fait de la vigne qui pousse sur les coteaux, là-bas, au sud de la colline. Les gens m’en apportent en paiement lorsqu’ils viennent me consulter. Il en va de même pour l’eau comme pour d’autres victuailles, ce qui m’évite de descendre au bourg pour me ravitailler, expliqua Hilde visiblement satisfaite du procédé.
– Eh bien, soit ! Mais, pendant que rôtit le lièvre, je me rends à l’auberge commander à mes hommes de venir récupérer le cadavre.
– Diantre ! Mais mon gibier ne suffira pas à nourrir une troupe !
– Ne t’inquiète point, ils prendront leur repas au bourg. À tantôt, termina-t-il en s’éloignant.
Hilde le regarda s’enfoncer dans la forêt. Sa chatte Ysfette l’avait suivi sur quelques pas avant de grimper au tronc d’un chêne glandant pour aller se percher, comme à son habitude, sur la première branche.
Cette chatte lui avait été donnée par le roi, suite au décès de sa maîtresse. Son épouse tant aimée en avait émis le souhait sur son lit de mort, après avoir appris que Hilde déplorait la perte de la sienne, broutée par un vieux loup solitaire partiellement dépourvu de ses molaires.
Ce dernier paragraphe peut vous paraître confus si vous n’avez pas lu le tome 5. Je vous suggère donc de le relire quand vous l’aurez lu.
Hilde se tourna vers Mesch.
– Tu as un regard perdu...!
– C’est celui que j’ai lancé tout à l’heure, je ne l’ai pas récupéré.
– C’est le béguin, ça ! se moqua gentiment la devineresse.
– Ça, le béguin c’est ? Rien n’est moins sucre !
– Mmh, mmh, c’est ça... réagit Hilde avec un sourire.
Une cigogne craqueta dans son nid perché sur la cime d’un arbre étêté par un coup de foudre, comme cela peut arriver à n’importe qui.
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