Chapitre 7 : Cain
— Et ensuite, tu t'es fait enlever et torturer par des démons, pendant près d'un an. chuchote-t-il.
J'y crois pas ! Comment peut-il savoir tout ça...
— Comment tu le sais ? demandé-je tout à coup méfiante, Castiel le savait et n'est pas venu à mon secours ?
— Lorsque tu m'as appelé après avoir échappé aux démons, en étant blessée, j'ai mené mon enquête. Après ta disparition, Sam et Dean m'ont demandé de te localiser mais la chose s'est révélée impossible. Tes agresseurs ont dû te retenir dans un endroit protégé des anges, je n'ai malheureusement pas réussi à les identifier. Et ils n'ont laissé aucune trace.
Je m'avance vers lui, avec un air menaçant :
— Je te préviens Castiel, tu ne vas rien leur dire, rien du tout c'est clair ! Ils ne doivent pas savoir.
L'ange n'a pas l'air d'apprécier la menace, mais décide de l'ignorer, faisant toujours autant preuve de placidité, il rétorque :
— Telle n'était pas mon intention, ce n'est pas à moi de leur dire. Mais j'avoue avoir du mal à te suivre Elizabeth, pourquoi leur cacher une chose pareille ? Tôt ou tard, ils finiront par l'apprendre.
— Je ne veux pas les inquiéter et puis Dean sera furieux, vraiment furieux. Je suis sûr que s'ils l'apprennent, ils vont m'enfermer dans le bunker de Bobby jusqu'à la fin de mes jours.
— Tu ne comptes pas retrouver ces démons, te venger ?
— Si bien sûr, je vais leur faire payer. Mais pas tout de suite, pour l'instant la priorité, c'est Abbadon. Et de toute façon, je ne sais même pas par où commencer...
— Cette idée de t'enfermer dans un bunker jusqu'à la fin de tes jours me paraît... plutôt bonne. me dit-il sérieux en partant en direction des garçons.
— Castiel ! je siffle entre les dents, furieuse.
Il se retourne et me dit :
— Je garderai le secret, mais il faudra que tu leur dises la vérité...
Je me retourne et bois une gorgée de bière. Non, je ne peux pas leur lâcher une bombe pareille. Je ne suis pas suicidaire... Je préfère ne pas penser à ça et demande à Ellen de me servir un verre de scotch que je bois d'une traite.
Le reste de la soirée s'est bien passée, Castiel n'a pas fait allusion à notre conversation et a eu l'air de s'amuser lui aussi. Nous sommes rentrés chez Bobby aux alentours de trois heures du matin, Castiel nous a même accompagné. Mais il a préféré monter dans l'impala des garçons plutôt que dans la vieille bagnole de Bobby.
* Le lendemain *
Je me réveille, il est tard. Je me prépare rapidement, puis descends au rez-de-chaussée et aperçois Bobby, Sam et Dean ainsi que Castiel occupés à préparer le déjeuner. Enfin, du moins ils essayent. Cette scène très inhabituelle fait fondre mon cœur, je remonte rapidement dans ma chambre pour aller chercher mon appareil. Puis les prends en photo, pour garder un souvenir de cet instant. Après l'avoir rangé précieusement dans le tiroir de ma table de nuit, je m'assieds à table et lâche un profond soupir. Bobby me lance un regard en coin :
— T'as bien dormi Eli ?
— Mouais...je réponds, pas très convaincue.
Dean fronce les sourcils.
— Qu'est-ce qui ne va pas ?
— J'ai...quelque chose à vous dire. dis-je en fermant les yeux.
Mes mains tremblent, j'ai la nausée à l'idée de leur avouer une chose pareille. Ils se tournent tous vers moi, accentuant ainsi mon trouble.
Je prends une inspiration, et me ravise au dernier moment. Je ne peux pas leur dire que j'ai été enlevée et torturée pendant un an par des démons. Alors je sors la lettre de ma poche et la pose sur la table. Sam la prend et commence à la lire, le visage tendu. Je préfère ne pas regarder en direction de Castiel qui est probablement en train de blâmer intérieurement ma faiblesse.
— Qu'est-ce que c'est ? demande le vieux chasseur d'une voix rauque.
— La dernière lettre que j'ai reçue de John.
Et alors sans pouvoir m'arrêter, je commence à leur parler du message codé, des révélations du démons que j'ai exorcisé, et du rêve dans lequel j'ai vu Azazel.
— Lawrence tu dis ? Sam échange un regard interloqué avec Dean.
— Ca vous dit quelque chose ?
Dean s'assied et prend la lettre :
— Lawrence est une ville du Kansas, on a grandi là-bas avec Sam.
— C'est là que maman à été tuée par Azazel, dans notre ancienne maison. répond celui-ci.
— Vous pensez que ce ''il'' ce serait Azazel ?
— Ca me parait peu probable. Azazel a été tué par Dean à l'aide du Colt. Il a été définitivement anéanti, assure Castiel sur un ton calme et posé.
Dean se lève d'un coup.
— Il faut aller à Lawrence, tout porte à croire qu'on y trouvera des réponses !
— C'est un piège, papa l'a dit. répond Sam en regardant son frère.
— Oui, papa dans le rêve d'Elizabeth. On ne peut pas se fier à ce qu'il dit.
Bobby semble préoccupé, il boit une gorgée de sa flasque puis se lève pour prendre la parole.
— Il est hors de question qu'on se jette dans la gueule du loup Dean ! Mais Sam, ton frère a raison, on trouvera sûrement des réponses à Lawrence. Je pense qu'il serait plus sage de commencer par faire des recherches.
Castiel approuve Bobby d'un hochement de tête.
— Il a raison, je vais aller interroger les miens.
Soudain, Castiel se volatilise instantanément, laissant derrière-lui, quelque petites étincelles blanches.
— Je déteste quand il fait ça, murmure Dean, légèrement sur les nerfs.
— Il ne faudrait pas oublier notre objectif premier : trouver un moyen de détruire Abbadon.
— Oui, tu as raison Sammy. D'ailleurs en interrogeant le démon hier, il a fini par me dire d'aller voir "Cain".
— Justement j'allais en parler, j'ai fait des recherches ce matin, Cain était apparemment un chevalier de l'Enfer. dit Bobby.
— Abbadon aussi, tu penses qu'un chevalier peut en tuer un autre ? interroge Dean, une lueur d'espoir dans le regard.
— Aucune idée, faut continuer les recherches, j'ai tout un tas de bouquins dessus. Il faut se mettre au boulot maintenant.
Alors que Sam et Bobby font des recherches sur Cain, Dean essaye de s'informer auprès de ses contacts. Je suis occupée à lire un livre sur les chevaliers de l'enfer, quand soudain, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je suis surprise de découvrir que le destinataire du message est Jeff, le chasseur que j'ai rencontré hier.
Il dit avoir eu mon numéro auprès de Bobby puisque je ne lui ai pas envoyé de sms. Il m'invite à boire un verre au Roadhouse ce soir. Apparemment, je lui ai tapé dans l'œil, je souris et accepte sans vraiment réfléchir, en lui donnant rendez-vous à 20h.
L'après-midi est passée à vive allure, l'heure de rejoindre Jeff est presque arrivée. Je prends une douche et m'habille rapidement en mettant la seule de mes chemises, potables. Je maquille légèrement mes yeux et détache mes longs cheveux. Ma montre indique déjà 19 h 45.
— Fais chier !
Je prends mes clés et m'apprête à sortir, lorsque la voix de Dean m'interrompt dans mon élan.
— Hey, tu vas où comme ça ? je me tourne vers lui, légèrement embarrassée.
— Je vais boire un verre avec...un ami au Roadhouse.
— Un ami ? Vraiment... Il hausse les sourcils et me reluque en croisant les bras, l'air peu convaincu.
Je fais la moue, ennuyée par son air réprobateur. Mais je sens qu'au fond de lui, il a peur que je ne revienne pas, comme la dernière fois. Je m'approche de lui en poussant un soupir, ses mains enlacent les miennes.
— Dean, je vais revenir, c'est promis. Je ne rentrerais pas trop tard.
Je dépose un rapide baiser sur sa joue et me dégage de sa poigne à contrecœur. Je me dépêche de sortir et allume le moteur. Heureusement, le bar n'est pas loin d'ici. Lorsque je me gare, il est 20h 15.
Je rentre dans le bar, et aperçois Jeff, un verre à la main. Il a l'air perdu dans ses pensées, je m'en veux un peu d'arriver en retard. Je m'approche de lui avec un sourire gêné, en m'excusant de mon manque de ponctualité. Remarquant qu'il est bien habillé pour l'occasion, affublé d'une élégante chemise blanche. Il pose sa main sur mon épaule et me fait la bise.
— Assieds-toi je t'en prie, dit-il poliment en montrant la chaise qui lui fait face. Je m'exécute et ôte ma veste. Il fait chaud dans le bar, mais il y règne une atmosphère joyeuse et agréable, il est difficile de ne pas s'y sentir comme chez soi.
— Je sais que c'est pas super chic ici...commence Jeff avec une mince déconfite.
— C'est parfait ! le coupé-je. Je me sens à ma place ici.
— Moi aussi, me répond-t-il en souriant, nous sommes sur la même longueur d'onde.
La soirée s'est plutôt bien passée, Jeff a beaucoup de conversation en réserve et un humour charmant. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, nous avons bu, ri et parlé. Il s'est un peu livré à moi, se sentant à l'aise. Il m'a avoué avoir perdu sa famille à l'âge de douze ans, décidément la mort nous suit de près, nous les chasseurs...
Seulement ses parents n'ont pas été tués par des démons ou autres créatures surnaturelles. Mais par des hommes venus cambrioler la maison familiale en pleine nuit. Il s'efforce de rester fort, mais j'ai vu dans ses yeux à quel point il était blessé, tout comme moi. Aujourd'hui, il n'est pas très entouré, je me rends compte à quel point, j'ai de la chance d'avoir les garçons dans ma vie. Jeff est seul, et pourtant, il est d'une si grande richesse, il a tellement de choses à offrir. Je ne regrette pas une seule seconde d'avoir fait sa connaissance. Lorsqu'il ne se trouvait pas en face d'un démon, ses prunelles exprimaient une si grande bonté que c'en était frappant. J'ai appris qu'il était passionné de peinture et de dessins. Il est plein de surprises, mystérieux, fort, mais aussi sensible et doué d'une grande intelligence émotionnelle et de raisonnement. Le genre d'homme qui me plaît, de plus je ne peux nier qu'il est très attirant.
Après avoir passé un moment agréable en sa compagnie et en promettant de remettre ça. Je rentre vers 3 h du matin chez Boby, j'insère la clé dans la serrure en essayant de faire le moins de bruit possible. Les garçons doivent probablement dormir à poings fermés. Je ferme discrètement la porte et faillis faire une attaque, lorsqu'une silhouette sombre se dessine devant mes yeux ébahis. Debout dans la cuisine de Bobby, un homme s'avance dangereusement vers moi, un couteau à la main. Je sors alors mon poignard, prête à me battre.
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