Chapitre 186
La petite chambre dans laquelle Lélia est inconsciente est très vite remplie par un petit attroupement de pompiers.
Patrick pose ses doigts sur le cou de Lélia complètement écrasée dans les draps afin de vérifier sa respiration.
- Son pouls est très faible... coma éthylique ! Déclare Patrick.
´´ J’entends toutes ces voix autour de moi, je sens des pressions sur mes poignets, je perçois des pleurs. Je voudrai crier, me réveiller mais je n’y arrive pas. Il me semble que Patrick est là et d’autres voix familières, j’aimerai leur dire que tout va bien, que je suis là, que ça va aller mais je ne peux pas. La personne qui m’est le plus chère au monde n’est pas là, je le sais. Je ne l’entends pas. Je crois qu’il y a Maman et Naïs dans le salon car j’entends Naïs pleurer, crier, elle ne doit pas comprendre comment j’en suis arrivée là. J’aimerai à tous leur dire que ce n’est pas ce qu’ils croient, je n’ai pas mis fin à mes jours non, je voulais tout simplement dormir convenablement car ces jours je n’ai pas mon cotât de sommeil. J’ai voulu un peu oublier Matt je le reconnais mais mon cœur en a décidé autrement. Je me sens comme attirée par quelque chose de surnaturel, une force contre laquelle je ne peux me débattre. Je me sens bien, j’ai beau vouloir me réveiller je ne peux pas, je n’y arrive pas. J’ai l’impression de ne plus m’appartenir. ´´
- Lélé tu ne peux pas m’abandonner ! Tu ne peux pas faire ça ! Je t’aime ! Pleure Méganne dont les larmes tombent dans le cou de son amie.
´´ Ne t’inquiètes pas Méganne ! Je vais bien ! Je suis là ne pleures plus. Pourquoi tu ne me réponds pas?! C’est comme si j’étais bloquée entre mon monde et le leur. Je voudrai bouger mes doigts, je n’y arrive pas. Ça m’énerve ! Je les entends dire que mon rythme cardiaque s’emballe ! Que je respire lourdement ! Pourtant je ne sens rien. Je suis bien. Ces mains sur mon corps me stimulent, je ressens chaque acte, chaque geste mais mon corps ne répond plus. Il n’y a que mon cerveau qui fonctionne et mes fonctions vitales. ‘´
Clément caresse doucement la main droite de Lélia pleurant lui aussi à chaudes larmes.
´´ C’est un homme qui me tient la main mais qui ?! Ça ne peut pas être celle de papa, ni même Patrick leurs mains sont plus grosses et moins douces. La peau est fine et agréable au toucher... ce n’est pas celle de Matt je l’aurai reconnu, cela m’aurait fait plus d’effet... Je reconnais sa voix il me parle, il me demande de revenir à moi ! Mais oui c’est Clém un des seuls qui ne m’a pas tourné le dos. T’inquiètes pas mon Clém je vais me réveiller ! Je ne vous abandonnerai pas Naïs et toi ! ´´
Le médecin du samu constate les faits et envoie Lélia à l’hôpital avec interdiction de visite dans l’immédiat le temps d’administrer les premiers soins à Lélia.
Lélia est installée dans un lit d’hôpital en position semi assise afin d'agrandir au maximum son champ de vision, au moment où elle ouvrira les yeux.
La jeune femme est appareillée, on la branche à diverses perfusions pour lui injecter différentes médicaments.
Une sonde gastrique est introduite dans son nez pour descendre dans son estomac pour débiter les nutriments ainsi qu’une sonde urinaire placée en permanence.
Lélia est branchée de partout dont l'assistance respiratoire qui s’effectue maintenant au niveau du nez et descend jusqu'aux poumons.
Après une longue installation la jeune femme repose tranquille dans cet univers blanc.
´´ Je ne suis pas chez moi, je ne sais pas où on a pu m’amener... probablement l’hôpital. J’ose espérer que je ne suis pas en psychiatrie ! Et le bruit de toutes ces machines.... me voilà dépendante raccrochée à la vie. ´´
***
Méganne se rend chez Matt complètement abattue, tape lentement contre leur grande porte de manière frêle quasiment inaudible.
Matt lui ouvre, il la regarde d’abord de la tête aux pieds puis regarde en plusieurs fois le regard de Még.
- Comment va Lélia ? Où est elle !? S’écrie t il avec effarement. Még dis moi qu’elle est en sécurité ?!
- Ça n’a pas eut l’air de t’inquiéter ces jours ! Rétorque Méganne. Tu savais très bien que son moral était au plus bas ! Et tu trouves rien d’autre de mieux que de te taper la femme qu’elle a toujours redouté ?! T’es vraiment con ou quoi?! Tu aurais pu attendre encore quelques semaines !
- Putain Méganne je ne me suis pas tapé Mélody comme tu dis !!! S’emporte Matt. Mais ça veut dire que jamais je ne pourrai refaire ma vie sous prétexte que Lélia puisse mettre fin à la sienne?! C’est quoi ça ?! Toute ma vie je vais souffrir pour Lélia?! Hein ? C’est ça que vous voulez ?! Tout le monde se soucie de madame Lélia par contre si moi j’en suis malade vous en avez tous rien à foutre.
- Tu te rends compte de ce que tu dis là ?! Lélia a fait un coma éthylique ! Pauvre con ! Elle est branchée de partout! Hurle Méganne en pleurs.
- SI TU ES LÀ POUR M’INSULTER JE TE JURE QUE TU PEUX TE CASSER ! S’exclame Matt en pointant la porte du doigt.
- Je n’étais pas là pour ça mais vu tes réactions il y a quand même de quoi! répond Méganne.
- Tu peux comprendre que moi aussi je suis pas bien ?! Tu crois que ça ne m’a rien fait de voir Patrick et les autres courir autour de moi ?! C’était comme si tout mon monde s’écroulait ! Moi aussi ça me fait de la peine Még !
- On dirait pas! S’énerve la jeune femme.
- Juste je ne le fais pas voir... murmure Matt en baissant carrément le ton.
- Tiens ! Au cas où ça t’intéresserait ! Déclare Méganne en lui tendant le rouleau de la page du journal intime de Lélia.
Matt lui arrache sèchement le bout de papier, sans un au revoir Méganne s’en va anéantie.
Le lieutenant déplie la page du journal et s’assoit dans le fauteuil en cuir.
Il ferme les yeux de longues minutes les mains tremblantes tout comme sa respiration qui n’est pas mieux. Il attaque fébrilement la lecture.
´´ L’écriture n’est pas aussi parfaite ni aussi arrondie qu’habituellement. Lélia devait vraiment être dans un sale état pour écrire cela... ça me fait de la peine qu’elle se détruise autant, je ne sais pas quoi faire pour elle, je ne suis plus en mesure de le faire. J’aurai peut-être dû lui en parler, lui expliquer pourquoi je sors avec Mélody mais je n’ai pas pu. La seule chose que je peux lui promettre c’est de veiller sur Anaïs et comme je l’ai dis à Anaïs, ce n’est pas parce que je ne suis plus avec elle que je ne peut pas être là pour Anaïs. ´´
Matt sent son cœur cogner si fort sous ses pectoraux que cela lui donne le tournis. Il inspire profondément et se force à lire les lignes suivantes.
´´ Malheureusement c’est trop tard pour regretter, elle m’a complètement détruit je suis à terre... et en même temps je ne peux pas rester insensible à ces lignes ! Je suis humain ! Je l’ai aimé ! Mais bien sûre que si bien sûre que je vois les efforts qu’elle fait pour moi ! Je sais bien juste c’est trop tôt ! C’est trop tôt putain! ‘´
La feuille tremble entre les doigts du lieutenant, sa gorge devient toute sèche.
´´ Non je ne l’ai pas oublié ! Elle est toujours dans mon cœur ! Je ne sais pas si c’est de l’amour ou de l’attachement mais elle est toujours là ! Pas une journée passe sans que je pense à elle. Mélody est très belle mais pas autant qu’elle ! Comment veut elle que je ne sois pas ému par la suite de sa lettre! ´´
En bas de la lettre une autre écriture est lisible au crayon à papier probablement celle de Méganne qui a inscrit les heures de visites et la chambre dans laquelle se trouve Lélia.
15 heures :
Matt se tient debout devant l’hôpital qu’il dévisage en détails d’un air inquiet. Au bout d’une demi-heure il se décide d’entrer.
Le lieutenant déambule dans le couloir et passe à plusieurs reprises devant la porte de la chambre de Lélia n’osant pas entrer.
- Vous cherchez quelque chose monsieur ? Demande une aide-soignante le voyant rôder.
- Euh .... oui fin je viens rendre visite à Lélia dans la chambre 112... bafouille t il.
- Oui très bien ! Je vais vous expliquer le protocole... suivez-moi ordonne t elle. Votre visage ne m’est pas inconnu?
- Ça se peut... je suis lieutenant à Nancy... rétorque Matt.
- Qui est cette personne que vous venez voir? Demande t elle pour faire la conversation.
- Ma petite amie répond directement le lieutenant sans réfléchir. (Cela vient du cœur).
- Je suis désolée................ elle est jeune elle devrait s’en sortir ! Venez vous devez vous laver les mains car les personnes étant dans le coma sont sensibles aux germes. S’écrie t elle d’une voix bienveillante.
Matt retire sa bague de fiançailles pour l’enfoncer dans la poche de son jeans car rien de plus sale qu’une bague ! Et plonge ses mains sous le filet d’eau froide, il applique une noisette de savon et insiste méticuleusement entre les doigts, sur les ongles, les poignets et l’intérieur des mains avant de se rincer.
- Je vous laisse enfiler une blouse ! Et des sur chaussures et ensuite vous pourrez entrer! Déclare t elle.
À cette annonce le bel homme devient livide et enfile l’équipement avec appréhension. Son ventre le tiraille, il s’avance jusqu’à la porte et lance un regard à la professionnelle.
- Ça va aller ?! Demande t elle en le voyant se décomposer. Je resterai dans la salle de soins juste à côté de la chambre.
Matt secoue la tête et entre dans la chambre où est installée Lélia.
Il se stoppe immédiatement sur le seuil complètement horrifié par le champ de vision qu’il a. Lélia enveloppée dans des draps blancs, branchée toute entière ayant l’air plus morte qu’endormie.
Matt est à deux doigts du malaise, ses jambes pèsent une tonne et son buste chancelle tout comme sa vision qui balance.
´´ Mais qu’est-ce que tu as fais ? ´´
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