Chapitre 250
La grande roue décolle lentement du sol, Lélia est émerveillée telle une gamine. Elle sort son portable pour prendre plusieurs clichés du panorama qui se trouve en face et en plongée sous la nacelle. Elle se laisse même tenter par un selfie entre filles puis d’autres où elles font les folles.
Toutes les deux discutent pendant ce temps.
- Au fait bientôt le mariage ? Tout est prêt ? Demande Méganne.
- Presque mais on a pas mal avancé tous les deux ! Tout le monde met la main à la pâte, on pourra même se prendre quelques vacances en août.
- Ton homme toujours aussi... impulsif ? Dit elle d’un air malicieux. Et tu ne penses pas être trop jeune pour qu’il te passe la bague au doigt ?
- Ah ah ah (rires) ! On ne le changera pas! Et c’est comme ça que je l’aime ! Avec ses défauts et son fichu caractère ! Je ne pense pas non mais il m’arrive parfois de douter... pas de mon amour pour Matt, je sais ce que je veux et que je le veux lui uniquement ! Mais je me pose des questions là dessus effectivement.
- Tu lui en as parlé devant lui ?
- Non pas encore, je devrai peut-être lui faire part de mes peurs et de mes doutes. Après je pense que les jeunes mariés ressentent tous ça !
D’un coup la nacelle chancelle dans un à coup brutal. Les montants grincent.
Lélia se lève pour regarder par dessus, ses cheveux bruns lui chatouillent le visage.
- Que se passe t-il ?! Demande la brune.
- Je ne sais pas ! Tonne Méganne en la rejoignant. Peut-être une panne, plus rien ne bouge.
Au bout de cinq longues minutes, le forain se saisit de son micro pour rassurer les personnes présentes dans le manège d’une éventuelle panne.
- On dirait bien que l’on en a pour un moment dit Lélia en reprenant place sur son siège.
- Oui... remarques nous avons une belle vue ! Lui fait constater Méganne. Tu as choisis ta robe pour le mariage ?!
- Alors je n’ai fais qu’un rendez-vous le deuxième est fin juillet mais j’ai déjà une robe en tête ! Elle est magnifique ! Je t’avoue que j’ai pleuré en me voyant dedans.
- C’est qu’elle doit vraiment être sublime ! Répond Méganne.
- Oui elle l’est ! Mais pas que ! C’est le fait de devenir officiellement madame Bonnier. Hihi je trouve ça trop classe rien qu’à l’idée d’être sa femme. Ça va lui faire tourner la tête quand il me verra dedans !
- Tu fais plaisir à voir s’exclame la jeune femme. C’est dommage je ne te verrai pas ainsi. (Une pointe de tristesse dans la voix).
- Mais enfin Méganne ! Bien sûr que si ! Je t’avais dis que je t’invitais alors je le ferai !
- Tu m’aurais invitée il y a un mois en arrière ?!
- Honnêtement ? Non... car nous étions en froid ! Mais aujourd’hui si on se reparle comme avant : OUI ! Et tu me manques ! Rétorque Lélia.
***
Une heure après :
L’alarme du fax retentit, les pompiers courent de part et d’autres. Clément est en train de se changer en quatrième vitesse, le lieutenant le rejoint tout essoufflé et balance au sol tous ses vêtements pour se retrouver en boxer.
La porte est restée entrouverte, Betty-Lou les surprend du regard involontairement alors qu’elle attache ses cheveux blonds en queue de cheval. Elle affiche un petit sourire en tournant les talons.
´´ Ils sont quand même pas mal nos hommes de la caserne ! ´´
Deux secondes après les jeunes hommes sortent du vestiaire en courant jusqu’au hangar. Tous les deux sautent dans le camion.
- On part sur quoi ?! Demande Matt tout haletant ayant du mal à récupérer sa respiration.(ses bronches sifflent).
- Panne inconnue de la grande roue derrière la place Stanislas !!! Lance Patrick en prenant place sur le siège conducteur tendant le fax à Clément qui en prend connaissance. Il y a des personnes coincée tout en haut.
Le capitaine jette un œil à Matt dans le rétro qui respire toujours bruyamment. Le beau brun ne peut plus s’entraîner autant qu’avant de part ses blessures qu’il a perdu en endurance.
Betty-Lou pose sa main sur le poignet de Matt, les yeux dans les yeux avec un regard inquiet.
- Ça va ? Chuchote t-elle de manière inaudible pour le capitaine et le petit blond.
- T’inquiètes pas! Répond Matt en tentant de maîtriser le soulèvement de ses pectoraux.
Patrick accélère la conduite même si il n’y a rien de vital. Pour le plaisir d’entendre la sirène corner Clément l’enclenche sourire aux lèvres.
***
L’air est plus frais tout en haut de l’attraction et la vue est vertigineuse. Le balancement de la nacelle sous les rafales de vent ne rassurent pas les jolies filles qui se cramponnent sur les barres en fer forgé.
Méganne est totalement crispée, Lélia n’en mène pas large.
- Ça va aller Méganne ! C’est fait pour supporter le poids de quatre personnes... ce n’est pas quelques coups de vent qui vont la décrocher ! Déclare Lélia à la limite des tremblements.
Un souffle légèrement plus violent vient frapper la nacelle, celle-ci balance dangereusement telle un bateau pirate. Les jeunes femmes s’accroupissent en tenant fermement le guidon central dans un hurlement aigu de terreur.
Lélia ferme les yeux pour ne pas se laisser envahir par la peur, la vision d’elle ne pouvant pas assister à son propre mariage l’horrifie encore plus. Ses doigts se crispent sur le poteau du guidon.
Le bercement sauvage du cockpit les emporte à la limite du mal de mer.
Méganne ne peut s’empêcher de pleurer et de paniquer.
Lélia ferme toujours les yeux, les grincements de la ferraille ne la rassurent pas. Elle se met en condition pour réfléchir.
´´ Je dois impérativement me calmer, Matt c’est ce qu’il fait dans ses interventions. Il garde le sang froid ! Rien que pour ça il est admirable ! J’ai beau essayer je n’y arrive pas ! Et d’avoir Méganne qui hurle à côté de moi ne me rend pas la tâche aisée. ´´
La petite brune soupire lorsqu’elle aperçoit les gyrophares et le tintement de la sirène. Toute tremblante, elle s’approche de la petite rambarde et penche la tête au dessus.
La silhouette en dessous à proximité de la cabine du forain lui est parfaitement familière, celle-ci semble donner des ordres à ses équipiers.
- MAAAAAAAAAAAAAAAAAAATTTTTTTTTTTTTT !!!!!!!!!!!!!!!!!!! Hurle t-elle d’une voix perçante une pointe de détresse dans celle-ci.
Le pompier ne semble pas se retourner et pourtant elle est sûr que c’est lui !
- MAAAAAAAAAAAAAAAAATTTTT!!!!!! S’égosille Lélia se cassant la voix.
Betty-Lou presse le biceps du lieutenant et enroule son bras autour de celui-ci d’un air inquiet, Matt lève les yeux au ciel.
Son regard est envahi par la panique.
- Lééééliiiiiiiiiiiiiiiiia !!!!!!!!! Crie Matt de sa voix grave. Oh putain ! Comment elles ont fait pour se retrouver là !!!!!!!!
- Ben a priori elles ont pris un ticket ! Déclare machinalement Clément. D'ailleurs elle est avec qui Lélia ?
- Elle est avec Méganne ! Elle devait se revoir aujourd'hui après tout ce qu'il s'est passé.
- Bon allez au boulot les enfants ! Les interrompt le capitaine. Clément tu positionnes l'échelle ici (lui montrant l'emplacement que Patrick juge le plus adéquat). Betty tu récupères des cordes et des harnais. Matt, je suppose que tu vas insister pour vouloir monter ? Et quoique je dise tu n'en feras rien ! (Le lieutenant affiche un large sourire crispé) Donc vous allez Betty et toi y aller ! Oui tu m'as bien entendu vous y aller tous les deux ! (Matt faisant les gros yeux et une grimace de mécontentement) C'est la seule condition sinon tu restes en bas !
- Bon d'accord ! Mais c'est moi qui ouvre la marche ! Insiste le lieutenant en attachant son casque.
Betty-Lou met sur son épaule les cordes et les harnais puis elle suit son lieutenant qui est déjà sur les premiers barreaux de l'échelle.
Alors que Patrick et Clément suivent la progression des deux pompiers, le capitaine est pris d'un doute !
- Heu j'ai l'impression que l'échelle est un poil de cul trop courte ? Ou c'est moi qui n'y voit pas très clair ?
- Ben oui, j'en ai bien peur effectivement. Confirme Clément en se précipitant vers le manège pour voir d'un autre angle. En plus j'ai mis le plus grand angle et la hauteur totale avoisine les 35 mètres !
Alors que le beau brun continue son ascension limite à monter les barreaux quatre à quatre, Betty sent que l'échelle oscille légèrement, cela ne lui posait pas de problème sur le premier tronçon.
Mais à l'approche du troisième, la jeune femme ressent comme des hauts le coeur.
- Matt ! Ralentis ! 'tain ! Tu fais vaciller l'échelle ! Ca sert à rien de courir elles vont pas s'envoler là où elles sont ! Tempête la jeune femme.
Le lieutenant fait fit des réflexions de son équipière et continue son ascension mais commence à ressentir aussi le roulis et ses mains se crispent sur les montants, sa respiration est plus difficile, l'effort commence avoir raison de sa résistance et il est obligé de ralentir le rythme.
Enfin arrivé en haut de la flèche, Matt se rend compte que l'échelle est trop courte, en informe son capitaine mais veut absolument sécuriser la nacelle où sont installées les filles.
- Lélia ! Lélia ! T'es là ? Crie-t-il.
- Ben oui ! Où veux-tu que je sois mon coeur ! Répond-elle en se penchant légèrement pour voir son chéri.
Leurs regards se croisent.
Pendant ce temps la radio du lieutenant crépite d'où émane la voix de son capitaine qui demande des renforts supplémentaires et en particulier le bras élévateur aérien automobile.
- Ne te penche pas trop s'il te plaît ! C'est trop dangereux ! On va trouver une solution mais vous devez rester calme !
- Ben faites vite car Megg n'est pas bien du tout, elle est toute pale et a du mal à respirer.
Betty arrive enfin à la hauteur de Matt.
- Ah enfin ! Passes-moi la corde et les harnais que je leur donne.
La jeune femme s'exécute, en lui lançant un regard noir, et le lieutenant commence à tendre le bras pour essayer d'atteindre le repose pied du manège.
- Mais putain qu'est-ce qu'il fout encore ? S'interroge Patrick voyant le jeune homme en totale extension.
Sans attendre le capitaine s'empare de sa radio.
- Matt tu fais quoi là ! Tu redescends tout de suite le BEAA arrive ! C'est un ordre ou c'est moi qui vient te chercher !
En retour le lieutenant répond
- C'est bon t'inquiètes pas c'est juste pour arrimer la nacelle et donner les harnais aux filles !
- Tu as plutôt intérêt à faire attention à toi ! Et tu arrêtes de jouer les Tarzan ! C'est le dernier avertissement ! (Déconnectant sa radio et se retournant vers Clément) Bon sang qu'il est borné ! Pire que moi à son âge !
- Ben ça tu sais comment il est et encore plus lorsqu'il s'agit de Lélia ! On ne le changera pas mais là j'avoue qu'il me fait peur surtout dans l'état physique dans lequel il se trouve ! Conclut le blondinet.
Le beau brun est toujours en extension, le bout de son doigt touche l'armature métallique mais il ne peut s'en saisir. Sous l'effort, il commence à transpirer à grosses gouttes.
Des douleurs commencent à se faire ressentir dans le dos, mais c'est surtout sur le coté où la sensation d'une déchirure le fait tellement grimacer qu'il en perd un peu l'équilibre manquant de basculer dans le vide, heureusement Betty l'assure et arrive à le stabiliser.
- Merde ! Fais chier ! J'y arrive pas ! S'énerve-t-il.
- Matt calmes-toi ! Peut-être que le mieux serait d'envoyer à Lélia les harnais attachés à une corde ? Non tu crois pas ? Conseille Betty avec un sourire afin d'apaiser le lieutenant.
Le jeune homme fait un signe d'approbation de la tête, puis noue les harnais et avertit Lélia de la manoeuvre.
Le lieutenant tente de lancer la corde, mais le simple mouvement du bras lui envoie une décharge électrique dans tout son membre lui coupant net son action et l'obligeant à lâcher le tout des mains.
La douleur est tellement vive qu'il ressent sa nuque devenir raide et sa tête tambourine dans son casque.
Voyant l'état de Matt, Betty récupère le cordage.
- Lélia je vais t'envoyer les harnais et dès que tu les as récupéré vous vous équipez toutes les deux.
- Heu... Oui d'accord Betty. Mais Matt ça va ? Je t'entends plus.
- Oui oui t'inquiètes pas Lélia il est occupé à attacher le matériel et comme il faut de la finesse pour vous envoyer ça, il vaut mieux que ça soit moi qui le fasse ! Si tu vois ce que je veux dire ! Lance Betty avec un petit rire histoire de détendre l'atmosphère.
- (rire nerveux de Lélia) Oui oui je vois très ce que tu veux dire. Mais tu veux pas plutôt que je me penche pour récupérer tout ça ?
- NON NON ! répond Betty d'un ton assez sec puis se radoucit. C'est pas la peine Lélia, on va pas prendre plus de risque que ça surtout que le vent souffle bien.
La blondinette, ayant envoyé tout le matériel en douceur que récupère la jolie brune, se retourne vers son lieutenant plié en deux se tenant d'une main sur un barreau de l'échelle et de l'autre son coté gauche.
- Matt ça va ? Demande-t-elle en chuchotant.
- Oui et non. Mais merci d'avoir fait ça pour moi et surtout de n'avoir rien dit à Lélia. Ca va aller, je me masse depuis tout à l'heure et là ça va déjà mieux. Dit-il en se relevant progressivement mais n'arrivant pas à contrôler ses grimaces.
La jeune femme le regarde mais n'est absolument convaincue par son discours !
A ce moment-là un bruit de sirène se fait entendre et les gyrophares illuminent la place.
- Ma puce c'est bon tu as pu t'équiper et Megg aussi ? Ils arrivent pour venir pour sortir de là car nous avec la grande échelle nous sommes trop court !
- Oui oui c'est bon rassures-toi mon coeur. Megg commence à retrouver des couleurs.
Sous les ordres de Patrick, le deuxième véhicule se positionne parallèlement au manège et la nacelle s'élève rapidement dans les airs avec à ses commandes Marine et Alex prêt à recueillir les deux naufragées.
Sous les yeux attentifs de Matt et Betty leurs deux collègues récupèrent les deux jeunes femmes, puis lentement le lieutenant redescend prudemment, soulagé de savoir sa future femme en sécurité.
A peine est-il descendu de l'échelle suivi par Betty, que Lélia, en grande discussion avec Clément et Patrick, se précipite vers lui pour lui sauter au coup et l'embrasser tendrement. N'ayant pas anticipé ce geste qui le fait basculer en arrière lui faisant ressentir une nouvelle décharge dans le bas du dos. Prenant une profonde inspiration pour maîtriser sa douleur physique et soulagé de l'issue heureuse même si au fond de lui il a du mal accepter que ce n'est pas lui qui est porté secours à sa chérie et sa copine.
Meggane s'approche de lui. Ils se font face l'un l'autre silencieusement, sous le regard stressé de Lélia attendant une réaction de son homme.
- Coucou Matt et merci d'être venu à notre secours. Lâche sa belle blonde.
Sans un mot le jeune homme la prend dans ses bras et lui glisse à l'oreille : - Tu m'as tout de même manqué.
La jeune femme ne sachant quoi répondre reste silencieuse sous les yeux embrumés de sa meilleure amie fière du geste de son fiancé.
- Bon les filles je suis désolé mais il va falloir que l'on range et rentre à la caserne. Déclare le jeune homme se détachant de l'étreinte de son amie.
Après un tendre baiser échangé avec sa chérie, le jeune lieutenant aide Clément et Betty à ranger le matériel alors que Patrick s'assure avec le forain que le manège est sécurisé afin qu'un technicien ne vienne pour faire les réparations.
Une fois toutes ses formalités finies les pompiers regagnent la caserne pendant que les filles rejoignent la voiture de Megg pour rentrer à leur tour.
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