Sur mon dos, William regardait autour de nous. Nous nous trouvions au sommet d'une falaise surplombant de magnifiques paysages, tantôt arrides tantôt verdoyants. Je n'avais jamais rien vu de tel. J'avais lâché un petit rugissement.

-Oui, mon beau, c'est splendide, avait dit William, reste à savoir où nous sommes.

 Il m'avait fait descendre au trot. Mes énormes pattes griffues s'enfonçaient presque dans la roche du même beige que mes cornes. Le ventre de William avait gargouillé. Cela faisait trois jours que nous nous étions réveillés dans ces territoires. Et la nourriture était loin d'être aussi abondante que chez nous, à la ferme. Si cela ne me dérangeait pas outre mesure, mon maitre devait manger. J'avais pris un petit galop régulier en entrant dans une épaisse forêt verdoyante. Je m'étais alors arrêté au bord d'une rivière. William avait sauté de mon dos et s'était rafraichi. Quant à moi, je guettai les alentours, la queue se balançant nerveusement. Ce territoire était hostile. Je m'étais approcher pour donner un petit coup de museau à mon maitre, grondant.

-Tout va bien, Rex, on ne risque rien ici. L'espace est dégagé.

 Mais mon instinct me dictait tout le contraire. J'avais plié l'antérieur gauche et William était monté sur mon dos. Il avait saisi les rênes en douceur.

-On repart, Rex.

 D'une légère pression des mollets, il m'avait indiqué qu'on reprenait la route. J'étais donc tranquillement repartis. Mis à part quelques animaux sauvages, il ne semblait pas y avoir de prédateur. Jusqu'à ce qu'un énorme félin surgisse devant nous, feulant et montrant les crocs. Aussitôt, je m'étais cabré en rugissant.

-Rex !

 Impressioné, le félin avait reculé. J'étais lourdement retombé sur mes pattes, faisant trembler le sol. Le prédateur était aussitôt reparti.

-Merci mon Rex, avait dit William en me caressant.

 Nous étions repartis. Nous avions campé dans une clairière. Adossé contre mon flanc, mon maitre observait les étoiles. Je lui avais donné un coup de langue.

-On finira bien par trouver des gens, hein ?

 J'étais de son avis. Le lendemain, nous avions atteints un territoire plus verdoyant. J'avais guidé mon maitre vers un bosquet de baies. Alors que William se nourrissait enfin, je m'étais éloigné quelque peu, attiré par une odeur métalique. Cela sentait la poudre aussi, comme les feux d'artifices du village. La nuque haute, j'avais les naseaux palpitant. Soudain, un cri suivit d'une détonation avaient retentis. Sans attendre, je m'étais élancé en rugissant. L'odeur du sang ! J'avais surgit des fourrés.

William était à terre. Face à lui se tenait un homme armé. Sans attendre, je lui avait foncé dessus, me cabrant en rugissant. L'individu avait hurlé de peur et avait lâché son arme. Il avait blessé mon maitre !

-Rex ! Avait dit William en se redressant, ici !

 Aussitôt, j'étais venu à lui. Il était monté sur mon dos, une main sur sa blessure qui saignait beaucoup.

-Dégagez ! avait hurlé l'homme au chapeau noir, ces terres sont les miennes !

- Vous êtes cinglés. Allez, Rex.

 Je m'étais élancé sans attendre.