Tout Miradero s'était rassemblé pour voir la bête qui ne leur prêtait nulle attention, penchée sur le vitrage du cabinet. A chaque fois que son maitre se tordais de douleur, elle poussait un grondement.

-Il a l'air inquiet, dit Abigaël, le pauvre.

- J'ai jamais vu un tel animal, ajouta Apo, il a une tête de dinosaure mais il ressemble aussi à un cheval.

- Au moins il n'est pas méchant, c'est déjà ça.

 Toutes trois se tenaient à l'écart. Alors, Lamèche arriva au grand galop, juché sur son petit âne.

-Allez, à la charge Monsieur Carotte !

 L'âne brâma et commença à tourner autour du mastodonte qui se cabra.

-Lamèche ! lança Abigaël, arrête c'est dangereux !

 La bête cornu, grâce à sa queue, parvenait à se maintenir sur les postérieurs. Alors, un lasso vint s'enrouler autour de l'enfant roux qui fut jeté à bas de sa monture puis trainé. L'animal retomba lourdement sur ses antérieurs, faisant trembler le sol.

-Vous êtes méchantes ! lança Lamèche.

- On t'a évité la mort ! cingla sa soeur blonde, un peu plus et cette chose t'écrasais !

 L'enfant avisa la créature qui semblait bien s'entendre avec le petit âne. La différence de taille en était presque incroyable si elles ne l'avait pas sous les yeux.

-Terrifiant, dit Lucky.

 Spirit vint lui donner un coup de museau en hennissant. Elle le caressa.

-Heureusement qu'il est dressé alors, lança Apo.

 Près d'une heure s'écoula avant qu'un jeune homme ne sorte. Aussitôt, la créature contourna l'habitation pour venir au contact.

-Tout va bien, Rex, dit-il, je suis là.

 L'animal souffla. Son maitre se tourna vers les trois jeunes filles et leurs chevaux.

-C'est vous qui avez pris soin de Rex ?

- On a pas fait grand chose, dit Lucky, vous étiez blessés alors on vous a amené ici.

- Votre... votre monture ne vous a pas lâché, expliqua Abigaël avec un sourire, elle était très inquiète pour vous ! Ou alors c'est moi qui étais inquiète !

 L'homme ricana.

- Sacré Rex. Tu ne changera jamais, hein mon beau ?

 La bête racla le sol de ses griffes et gronda, secouant la tête. Les trois filles se présentèrent une à une ainsi que leurs chevaux.

-Moi, c'est William, et lui, c'est mon meilleur ami, Rex.

- ça veut dire "roi" en latin, non ? demanda Apo.

- Tout juste !

 William voulu se remettre en selle mais il était encore faible. Il voulu réessayer mais Rex fit un léger mouvement de côté.

-Rex ? Qu'est-ce qui te prend ?

 La bête rugit faiblement et vint toucher la zone bandée de son corps. William esquissa un sourire.

-Tu as gagné, veille canaille.

 Les trois filles emmenèrent le cavalier au ranch des parents d'Apo. A la vue de Rex, le maitre des lieux lâcha sa fourche. Il fut rassuré en apprenant par William que l'animal, quoi qu'effrayant, était aussi docile d'un vieux cheval. En entrant dans l'écurie, Rex eut du mal à s'y déplacer, tant il était grand. Il semblait mesurer chacun de ses pas pour ne bousculer personne. Il maintenait sa queue le plus bas possible.

-Dites-moi, William, comment vous-êtes-vous fait ça ? demanda Lucky.

- Avec Rex, on cherchait de la nourriture quand un homme m'a tiré dessus avec sa carabine.

- Quoi ? Mais c'est horrible ! lança Abigaël.

- Heureusement, Rex était là.

 La bête frotta son museau contre son maitre.

-Et d'où vient-il ? questionna Apo.

- De mon jardin. J'ai découvert Rex juste après son éclosion. Depuis, nous sommes inséparables.

 Lucky caressa Spirit, comprenant parfaitement le lien qui unissait un Homme à sa monture. Alors, Rex leva la nuque, les naseaux élargies. Il poussa un petit rugissement.