Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt.

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4h50, les premières vibrations du réveil se mettent en marche.

Le mode "Alarme intelligente" a bien été activé la veille sur tous les appareils connectés qui me servent désormais de doudous, comme tous les soirs. On essaye de programmer un réveil en douceur.

Mouais. A cette heure-ci j'aurais apprécié que son intelligence consiste plutôt en une capacité à me foutre la paix. Ou bien à me balancer une décharge suffisamment forte pour que mon corps soit en capacité de se mouvoir correctement.

Mais c'est un faux débat. Il faut se lever. Aussi piquant que ce soit. Il faut y aller. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Et moi je le veux ce monde !

J'ai à peine le temps de me glisser hors du lit que la folle locomotive sans freins qui me sert de cervelle, elle aussi se met en marche. Le brouhaha interne se déclenche. On dirait qu'on cherche à capter une station radio en tournant frénétiquement la molette. Sans antenne. Il n'y a pas de putain d'antenne, comment veux-tu capter quoi que ce soit ?!

La vapote a remplacé la Marlboro du réveil, mais disons que c'est tout comme.

La préparation est sommaire : toilette, habillage. Je finirai de me transformer en être humain au bureau.

L'autoroute est presque vide. A cette heure-ci, nous ne sommes pas nombreux à tenter de le conquérir ce monde.
L'été s'éloigne, l'aurore se fait plus ai et s'accorde des matinées de plus en plus grasses.

Les phares de mon adoré, mais vieux bolide n'éclairent pas grand chose, c'est pas plus mal, ça m'oblige à me concentrer encore plus.

Est-ce que j'aime la route parce qu'à chaque fois que je prends le volant je pourrais décider d'aller où je veux sans que personne ne puisse me reteni, ou bien parce que c'est le seul moment où la radio interne s'appaise un peu ? Encore un autre (faux) débat. Quand je vous dis que ça ne s'arrête jamais.

Il doit me rester un Redbull dans la portière. Je bois ce truc dégueulasse tous les jours en espérant le coup de fouet promis.

Un peu moins d'une heure de sérénité routière plus tard, ça y est, j'y suis. Je me gare une fois de plus devant ce bâtiment que je n'aurais jamais pu imaginer être mon lieu de travail. Pour faire un boulot que je n'aurais jamais imaginé faire. Et que j'abhorre, au passage.

Mais pour conquérir le monde il faut bien essayer d'ouvrir toutes les portes possibles, non ? Les réussites ne sont elles pas aussi constituées de sacrifices ?

Le prix à payer serait celui de mon oxygène et de mes envies de liberté, mais qu'importe, à ce qu'il paraît.

Le petit déjeuner va se compléter d'un café. Je bois aussi ce truc tout aussi dégueulasse en espérant aussi le coup de fouet promis. Le Xanax viendra calmer l'angoisse et l'envie de tout balancer.

Un coup de crayon sur les yeux, et le monde n'y verra que du feu.

Il est 6h30. La journée peut commencer.

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