Chapitre 2 : L’étrange coïncidence
Le commissariat était une ruche d’activité, mais une lourde atmosphère de tension envahissait chaque bureau, chaque couloir. Le bruit sourd et lointain de la pluie qui tombait encore ajoutait une mélodie mélancolique à l’ensemble. L’inspecteur Léon Dubois, avec sa stature imposante, ressemblait à un roc au milieu du chaos. Ses cheveux poivre et sel, indomptables, lui donnaient l’air d’un lion en fin de règne, tandis que sa chemise toujours déboutonnée laissait entrevoir un vieux tatouage décoloré, souvenir d’une jeunesse tumultueuse.
Il étudiait la carte postale avec une intensité qui aurait pu la faire brûler. Ses doigts, jaunis par des années de tabagisme, jouaient nerveusement avec une cigarette non allumée.
— Encore ce foutu smiley ! gronda-t-il, la voix rauque.
La pièce était emplie d’une odeur âcre de vieux dossiers et de café refroidi.
Son collègue, le jeune et dynamique inspecteur Rémi, était à son antipode. Brun, aux yeux vifs, avec une allure d’athlète, il semblait toujours prêt à bondir sur la moindre piste. Il s’approcha, laissant son regard glisser sur la carte.
— Un tueur humoriste, tu dis ? commença-t-il, un sourcil ironiquement levé. Drôle de façon de plaisanter, en effet.
Dubois soupira profondément, laissant la fumée de sa cigarette se mêler à l’air déjà lourd de la pièce.
— Ce n’est pas la première, Rémi. Il y en a eu d’autres. Ce smiley est sa signature. Et chaque fois, il s’amuse à laisser cette carte comme un gamin laisserait une note à un camarade.
Rémi leva les yeux vers Dubois, un frisson lui parcourant l’échine.
— Alors… on a affaire à un serial ?
Les deux hommes échangèrent un regard lourd de sens, sachant que les jours à venir seraient aussi sombres que la nuit parisienne qui s’étendait au-delà de leurs fenêtres.
Léon secoua la tête, comme pour chasser une mouche importune.
— Ça semble bien parti pour, mon gars. Il a laissé ces cartes sur trois scènes de crime en l’espace de deux mois.
Rémi fronça les sourcils, clairement perturbé.
— Et aucune piste ? Rien sur lui ?
Dubois s’assit lentement dans son fauteuil, la fatigue marquant ses traits.
— Si c’était le cas, on ne serait pas là à se casser la tête. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il choisit ses victimes avec soin. Et puis ce fichu smiley… C’est comme s’il se moquait de nous.
Rémi, ses mains posées sur le bureau, se pencha en avant, cherchant à capter le regard de Dubois.
— On va le trouver, Léon. Il fait des erreurs. Ils font toujours des erreurs.
Dubois ricana doucement.
— Je le sais, Rémi. Je fais ce boulot depuis bien avant ta naissance. Mais ce type est différent. Il est intelligent et il sait comment nous manipuler.
Rémi se redressa, une lueur déterminée dans les yeux.
— Eh bien, deux peuvent jouer à ce jeu. Commençons par le début. Reprenons chaque indice, chaque détail.
Un sourire fier traversa le visage ridé de Dubois.
— C’est l’esprit, gamin. Ensemble, on le coincera, ce salopard.
Et avec cette déclaration, ils se replongèrent dans le labyrinthe de preuves, déterminés à mettre fin au jeu cruel du tueur au smiley.
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