Chapitre 6 : L’écho des rires oubliés
Les rues pavées de Paris étaient silencieuses, la brume matinale enveloppant la ville d’une couverture froide et mystérieuse. Léon et Rémi se dirigèrent vers un vieux quartier bohème, là où, selon leurs sources, Marcel Petit avait établi son antre.
L’appartement de Marcel, au troisième étage d’un immeuble délabré, semblait hors du temps. Les murs étaient tapissés d’affiches jaunies de ses spectacles passés. Des spots décolorés annonçaient un humoriste prometteur, mais la poussière sur les étagères et le désordre ambiant témoignaient d’un rêve brisé.
— Marcel Petit… je me souviens de lui, murmura Dubois en contemplant une photo encadrée de l’humoriste, jeune et souriant. Il avait du talent, mais quelque chose a mal tourné.
Rémi souleva une pile de manuscrits, découvrant des blagues, des sketches et des notes.
— On dirait qu’il n’a jamais renoncé à son rêve, même après tous ces échecs.
Un bruit sourd attira leur attention. Dans le coin de la pièce, une vieille platine vinyle tournait, laissant s’échapper les rires enregistrés d’un public lointain. À côté, une lettre manuscrite était posée.
Léon la saisit et lut à haute voix :
— « Vous cherchez le rire, messieurs les inspecteurs, mais parfois, le rire cache une douleur insoutenable. La littérature m’a sauvé, mais l’humour m’a trahi. Regardez bien, car parfois, la réponse se trouve entre les lignes. »
Rémi, le regard fixé sur la lettre, dit d’une voix incertaine :
— Est-ce une confession ? Ou un autre jeu de piste macabre ?
Dubois, les yeux scrutant chaque recoin de la pièce, répondit :
— C’est un avertissement. Je crois que notre chasse ne fait que commencer.
L’air devint soudain lourd, chaque seconde augmentant la tension. Les ombres des souvenirs passés de Marcel Petit dansaient sur les murs, et les inspecteurs savaient qu’ils étaient sur la trace d’une vérité bien plus sombre que ce qu’ils avaient imaginé.
Rémi s’approcha de la platine, coupant le son qui emplissait la pièce.
— Tu penses que Marcel est notre tueur ? Ou est-ce juste une autre victime dans ce puzzle macabre ?
Dubois caressa sa barbe, pensif.
— Il y a quelque chose ici, Rémi. Ces mots, cette pièce… Tout semble lié à notre enquête, d’une manière ou d’une autre.
Rémi regarda autour de lui, absorbant chaque détail.
— On dirait qu’il était obsédé par l’idée de réussite. Regarde toutes ces coupures de journaux, ces billets de spectacles non vendus.
Léon acquiesça.
— L’échec peut être un puissant moteur, surtout pour quelqu’un qui croit en ses rêves. Peut-être que Marcel en est venu à blâmer les autres pour ses déboires. Peut-être qu’il pense que l’industrie de la littérature et de l’humour lui a volé sa chance.
Soudainement, Rémi trouva un carnet noir, ses pages remplies d’écritures serrées.
— Écoute ça, dit-il, parcourant rapidement les premières pages. « Le rire est un masque. Derrière se cache la douleur, la rage, la jalousie. Ils rient de moi, mais un jour, ce sera moi qui rirai.
Dubois se rapprocha, écoutant attentivement.
— Ça sonne comme le journal d’un homme désespéré, en colère. Ça pourrait être lui.
Rémi ferma le carnet, le regard grave.
— Ou ça pourrait être une distraction. Marcel pourrait aussi bien être une autre victime, peut-être même la prochaine sur la liste.
Dubois hocha la tête.
— Quoi qu’il en soit, nous devons le trouver, et vite.
Le temps pressait, et chaque indice les rapprochait de la vérité, où qu’elle les mène.
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