La ville était éveillée par les lumières artificielles des enseignes, les ruelles sombres contrastant violemment avec les néons éblouissants. Les cafés, bondés, résonnaient des éclats de rire des Parisiens, mais Dubois n’entendait que le rire sinistre du tueur.

 En déroulant la liste des indices laissés sur les scènes de crime, une étrange récurrence apparut : chaque objet, qu’il s’agisse d’un coussin péteur, d’un nez de clown rouge ou d’un livre de blagues, était lié à l’humour, mais d’une manière tordue, déviante.

 — Pourquoi cet accent sur l’humour ? demanda Rémi, perplexe, tout en examinant une fausse dent en caoutchouc recouverte de faux sang. C’est comme s’il voulait que nous riions de ses crimes.

 Dubois fronça les sourcils, les yeux plongés dans le vide, un souvenir lointain lui revenant.

 — J’ai déjà vu cette combinaison de l’horreur et de l’humour. C’était lors d’une vieille affaire, il y a des années. Un comédien qui tuait ses victimes en les faisant rire à mort. Mais ce cas est différent. Ici, le tueur joue avec nous, nous taquine avec ses indices.

 Il se tourna vers une grande carte de Paris sur le mur, marquant chaque lieu de crime avec une épingle rouge. Les points formaient un motif, quelque chose qui lui semblait familier, mais qu’il ne pouvait pas encore déchiffrer.

 Rémi, suivant le regard de son aîné, eut une révélation.

 — Cela ressemble à… un visage souriant, non ? Comme le smiley qu’il laisse à chaque fois !

 Dubois acquiesça.

 — Il veut nous montrer quelque chose, une image. C’est son terrain de jeu, et nous sommes ses pions.

 La pression montait. La nuit enveloppait Paris d’un manteau de mystère, les sourires et les larmes se mêlant dans une danse sinistre. Le duo d’inspecteurs savait que la clé de l’énigme résidait dans l’esprit torturé de ce tueur humoriste, et ils étaient déterminés à déchiffrer son énigmatique éclat de rire.

 Rémi, passant nerveusement une main dans ses cheveux, murmura :

 — Alors, chaque lieu est un morceau du puzzle ? Un élément de cette image terrifiante qu’il veut nous montrer ?

 Dubois, se rapprochant de la carte, toucha légèrement une épingle du bout de son doigt.

 — Oui. Mais pourquoi ? Pourquoi veut-il que nous voyions cette image ?

 Rémi haussa les épaules, incertain.

 — Peut-être est-ce une signature ? Un acte narcissique pour montrer qu’il est toujours un coup d’avance sur nous ?

 Dubois soupira, sentant le poids de l’enquête sur ses épaules.

 — Il pourrait y avoir une raison plus profonde. Ces objets, ces lieux… Il y a un message caché, quelque chose qu’il veut que nous découvrions.

 Rémi secoua la tête, ses yeux fixant les épingles sur la carte.

 — Chaque indice est un jeu, chaque lieu une pièce du puzzle. Mais que se passe-t-il lorsque nous aurons assemblé toutes les pièces ?

 Dubois, la mâchoire serrée, répondit :

 — Nous trouverons notre homme, Rémi. Et alors, c’est lui qui ne rira plus.

 Leur détermination était palpable. Dans ce jeu macabre du chat et de la souris, les deux inspecteurs ne laisseraient rien au hasard.