Chapitre 1
Darna
— J’en ai marre !
Exténuée, Darna retira son chapeau et s’éloigna sur le chemin de terre qui jouxtait le champ numéro dix. Ses camarades lui lancèrent un regard atterré avant de reprendre leur travail. La matinée ne s’était pas écoulée que le sang chaud de Darna se manifestait déjà. La jeune fille ignora les mines désapprobatrices des ouvriers et rejoignit son emplacement favori, sous l’ombre d’un arbre centenaire aux branches larmoyant vers le sol.
— Darna ceci… Darna cela…marmonna-t-elle alors qu’elle s’installait dans l’herbe. J’en peux plus moi avec cette chaleur !
Elle se tut et soupira d’aise. Ses muscles se décontractèrent. Le contact du tronc lui plaisait et apaisait son dos, perclus de douleurs. De ses doigts fins, elle fit craquer ses articulations, se massa la mâchoire et se recoiffa ; quelques mèches plus blondes que brunes, asséchées par un soleil tenace, restèrent dans sa main.
À travers les rameaux, Darna observa les oiseaux dans le ciel. Elle y reconnut trois skarssasses aux longs crocs bien acérés qui tournoyaient, leurs immenses ailes bleutées déployées. Infatigables, ils reproduisaient le même cercle, à la recherche de proies faciles ou de Lanfériens épuisés. Darna grogna derechef.
En tant que seconde-née, elle n’avait eu d’autres choix que d’intégrer les rangs des Lanfériens, des travailleurs courageux toujours prêts à se sacrifier pour nourrir le reste du monde. On les surnommait ainsi, en hommage à l’un des seconds-nés divins, Lanfer, un dieu généreux et désintéressé. Lanfer… C’est à cause de lui que je dois trimer comme une dingue ! songea la jeune fille avec amertume. Un morceau de brioche brandi vers le ciel en guise de défi, Darna insulta Lanfer d’une voix brisée par la colère. Les yeux rivés sur les skarssasses qui manifestaient leur faim par des cris aigus, elle renchérit :
— Vous n’aurez pas de Lanfériens aujourd’hui, sales bêtes !
Déterminée, elle mordit un bout de son maigre repas avec irritation. Ses mastications énergiques résonnèrent à ses oreilles, oblitérant le calme du lieu.
Darna avait volé des brioches dans les cuisines et les avait proposées à tous ses camarades avant leur dur labeur. La veille, Kardilé, une fille de son groupe, s’était faite attaquer par l’un de ces terribles volatiles. Un bras cassé, un œil déchiqueté et des griffures sur tout le corps, elle avait subi les pires maux et en garderait les séquelles pour toujours. La pauvre, éreintée par sa journée, était tombée et n’avait pu se relever. Darna l’avait retrouvée, guidée par ses râles de douleurs portés par le vent, mais trop tard : le mal était fait. Les skarssasses se souviendraient longtemps de la violence de la jeune fille, de la vitesse des pierres qu’elle leur avait lancées et de ses hurlements effroyables, emplis d’une fureur terrifiante.
— Arrête de blasphémer ou tu seras de nouveau enfermée sur ordre du Directeur.
Darna détourna le regard pour le poser sur la figure hirsute d’Arami, un vieil homme aux bras émaciés et aux iris pétillants. Ses courts cheveux gris rebiquaient, comme s’ils désiraient échapper à la gravité. Quant à son sourire doux, empreint de bienveillance, il enveloppait ses interlocuteurs d’un voile tranquillisant. Ce dernier tenta d’approcher. Il s’arrêta devant l’air agacé de Darna. Il avala une belle bouchée de sa brioche, fruit du larcin de la jeune fille. Plus tôt, le vieil homme l’avait remerciée avec effusion, contrairement aux autres paysans du groupe qui avaient refusé le don. Ses épaules étroites et ses hanches pointues laissaient entrapercevoir ses os, tandis que Darna se trouvait plus en chair, dotée de muscles proéminents.
— Si tu continues à causer du souci au Directeur, reprit-il, il va finir par appeler l’Inquisitorialis, tu le sais. Tu ne seras pas seulement privée de repas ou fouettée. Ce sera bien pire, petite ! On ne blasphème pas contre les dieux. C’est la loi. S’ils ont décidé de nos rations quotidiennes, alors nous devons leur faire confiance.
— Ouais, ouais. Les dieux savent tout. Du moins, ils le prétendent. C’est pour ça que Kardilé a failli se faire tuer, à cause de leurs rations débiles ! Et c’est aussi pour ça que tu manges ta brioche comme un affamé !
— Darna ! La loi !
— J’ai compris, c’est bon.
La jeune fille soupira de lassitude.
De la sueur coulait du front d’Arami, les rayons de l’étoile massive Néina tapaient fort. Bien qu’il souhaitât de l’ombre, il n’aurait jamais dérangé celle que l’on surnommait « L’Effrontée ». Arami connaissait la jeune fille depuis sa naissance et se réjouissait de son caractère. Peu de Lanfériens se targuaient de se dresser contre la hiérarchie ou de se plaindre sans se cacher. En elle, il se revoyait enfant. Avec l’âge, ses rêves s’étaient délités et son innocence s’était éteinte. Il s’était résigné à cette Vie.
— Merci encore pour ça, dit le vieil homme en désignant la brioche. C’est vrai que j’avais faim. Cette chaleur est terrible, plus éprouvante que la saison chaude dernière. Je suis certain que nos dieux réfléchissent déjà à nous aider. Arrête de t’en faire, d’accord ?
— Hum, répondit laconiquement la jeune fille.
Darna continua son exploration du ciel. Son cœur, plein de rancœur, hurlait à la vengeance. Pourtant, elle n’en voulait pas aux skarssasses. Tout comme elle, ils devaient se nourrir, même s’ils s’attaquaient aux proies les plus faciles. Non. Elle en voulait à ceux qui les forçaient à subir ces corvées. À ceux qui avaient causé l’accident de son amie. À ceux qui avaient mené sa mère à la Mort et son père au suicide.
Une larme coula le long de sa joue. Arami l’aperçut et se pinça les lèvres en silence. Il savait à qui songeait Darna et se sentait démuni devant sa détresse.
Les dieux n’aimaient guère que l’on mentionnât les défunts, ceux qui revenaient à la terre, dans les bras de la planète. Cela les attristait et leur rappelait les conditions de Vie pénibles de ceux qu’ils s’étaient promis de protéger. De fil en aiguille, la population avait cessé de se tourner vers le passé. Les noms des Morts disparaissaient des conversations comme des esprits. Les déités encourageaient chaque individu à se projeter vers l’avenir, à imaginer un futur moins trouble, empli de joie.
Son jeune âge n’aidait pas ; Darna peinait à ne plus penser à ses parents. Ils lui manquaient tant. Un nœud s’était formé dans son estomac à leur disparition. La jeune fille avait beau travailler dur, se focaliser sur des lendemains plus cléments et se persuader que les dieux agissaient pour le bien de tous, rien n’y faisait. Sa colère demeurait intacte.
— Les Lanfériens prennent soin de la terre et nourrissent le peuple. Sans eux…
— Sans eux, la famine régnerait et le Bouclier s’éteindrait, récita Darna d’une voix éteinte. Je sais tout ça.
Les traits de la jeune fille s’affaissèrent. Elle sécha ses joues, puis se décala sur le côté. Des brins secs de pousse sauvage reprirent leurs droits. Arami approcha et s’installa auprès de Darna. L’ombre de l’arbre protecteur les accueillit tous deux.
Ils finirent leur brioche. Le bruit des outils raclant le sol et celui des mains arrachant les mauvaises herbes les accompagnèrent. Les longs cheveux bruns de Darna voletèrent sous la brise. De temps à autre, ils lui cachaient la vue ; elle les laissait agir à leur guise. Ce semblant de liberté lui procura de douces sensations ; son nœud dans l’estomac se desserra un peu.
— On va devoir y retourner, petite ! s’exclama soudain Arami. La pause n’est prévue que dans deux heures.
Darna le fixa de ses yeux verts étincelants. Le vieil homme se leva avec effort ; il grimaça de douleur à cause de ses articulations fourbues. Darna se surprit à ressentir de l’aversion envers lui. Elle appréciait Arami, qui l’avait aidée à se remettre de la Mort de ses parents. Cependant, elle s’était promis de ne jamais terminer comme lui : un homme que le labeur fragiliserait et qui ne pourrait jamais profiter pleinement de tout le confort fourni par les dieux.
La rage bouillonnait en elle, cette Vie ne lui convenait pas. Elle rêvait de quitter ce royaume et de parcourir le reste du monde à la découverte de nouveaux horizons. Sa routine et son statut l’enfermaient dans un carcan étouffant. Une autre Vie l’attendait, elle en était persuadée.
— Arami, tu crois qu’ils y arriveront un jour ?
Le vieil homme observa un temps de silence avant de lui répondre. Il n’avait pas eu besoin de plus d’informations pour comprendre la question de la jeune fille. Lui-même se la posait à longueur de journée. Le Bouclier parcourait le ciel ; il grésillait régulièrement pour leur rappeler sa présence.
— Je suis sûr que les dieux nous sauveront, petite. J’en suis même certain. Un jour, nous n’aurons plus besoin du Bouclier et nous suivrons le Cercle sur de nouvelles terres habitables et saines. Peut-être ne le verrais-je pas, mais toi, si.
La jeune fille réfléchit à ces paroles, peu convaincue. Le Bouclier existait depuis des générations, aucune autre solution ne trouvait grâce aux yeux des divinités.
Arami pesta, le dos cambré. Darna se leva avec souplesse et vint le soutenir. Elle plaça les mains sur sa taille et l’aida à se mettre droit. D’un mouvement vif, le vieil homme cacha le collier qu’il portait autour du cou pour le placer sous sa chemise. Le pendentif indiquait vers quel dieu son allégeance se tournait. Darna retint un commentaire, elle ne faisait pas partie de ceux qui jugeaient des affinités religieuses des autres. En vérité, cela lui importait peu. Ses espoirs se portaient ailleurs.
Des cris lui firent tourner la tête. Une forme indistincte se dirigeait vers eux ; ses bras gesticulaient en tous sens et son visage cramoisi attestait d’une contrariété manifeste.
— Regarde-le ! soupira-t-elle, le menton pointé vers le contremaître Dinius qui s’avançait. Il ne nous laisse jamais en paix.
— Il nous aura au moins offert un peu de temps. Allez, en route. Les céréales ont besoin de nous. Ne les laissons pas à ces maudits skarssasses !
La jeune fille souffla de dépit avant qu’un léger sourire germât sur ses lèvres. Arami savait lui remonter le moral par ses frasques inattendues et son énergie inépuisable. Elle devança le vieil homme et replaça son chapeau sur ses boucles folles. Un air fier se dessina sur son visage.
Elle espérait ardemment connaître l’ère de la fin du Bouclier, un sortilège coûteux qui les protégeait tout en les coupant du monde environnant, les parquant comme des animaux. La magie qu’il dégageait les préservait des menaces extérieures, les Sansordres, des créatures qui souhaitaient dominer l’univers depuis la nuit des temps. Heureusement, le Cercle divin, constitué de leurs dieux, n’avait pas dit son dernier mot. Au sein de leurs sanctuaires sacrés érigés dans la Cité Ambrumée, ils travaillaient d’arrache-pied pour tous les sauver et détruire ces bêtes sauvages.
Darna reprit son travail avec un optimisme rare. Si son plan fonctionnait, elle pourrait aller tâter du monstre dans les jours qui suivraient et montrer aux déités qu’une autre solution existait. Pour cela, il fallait qu’elle traversât le Bouclier et qu’elle affrontât ses peurs. Rien ne l’arrêterait. Sauf peut-être le manque de temps. Sa Vie de Lanférienne ne lui laissait guère de moments à consacrer à ses loisirs personnels. Seules les tâches comptaient.
***
L’étoile Néina disparut sur l’horizon. Le ciel s’obscurcit et les créatures nocturnes frémirent d’impatience.
Darna n’avait pas encore terminé, des paquets d’herbes attendaient d’être triés. Quatre autres de ses camarades se trouvaient avec elle dans la cabane, sous l’œil attentif du contremaître Dinius.
Médicinale, nourricière, magique, néfaste, divine… Chaque plante possédait des capacités spécifiques qu’elle connaissait par cœur, ainsi que des particularités uniques qu’elle avait appris à discerner.
Les feuilles de la saluce se composaient de pics pointus et se confondaient facilement avec celles de la drasse, de même consistance, forme et douceur, toutes deux utilisées contre les brûlures. Les pétales de la canille formaient des arrondis identiques à ceux de la drime, à un détail près : leurs extrémités répétaient ces courbes à l’infini ; les fractales s’enroulaient avec une précision effrayante.
Un coup d’œil à sa voisine lui indiqua que cette dernière avait confondu ces deux plantes, ingrédients essentiels des crèmes contre les coups de soleil. La jeune fille le lui fit savoir par un geste de la main, puis se remit à ses tâches.
Des frissons désagréables parcoururent son corps. Darna détestait œuvrer en début de nuit, avant que le Bouclier s’illuminât d’or ou d’argent. L’obscurité de ces instants lui déplaisait. Elle espérait rejoindre au plus vite ses quartiers luxueux et lumineux pour continuer ses recherches.
Palper les feuilles sous ses doigts la rassérénait. Râpeuse ou douce, dure ou délicate, chacune racontait une histoire. La jeune fille s’imaginait toucher des êtres ailés, des créatures à la peau claire ou foncée, des animaux légendaires que ses parents lui décrivaient lorsqu’elle était enfant. Compagnons des dieux, protecteurs et guides de leur peuple, les nazufèles volaient pour atteindre les cieux, ancienne demeure des dieux, et voyageaient à travers d’autres lieux cachés, les Sadhres. Darna se rappelait les nuits où, dans ses rêves, elle visitait ces endroits magiques, sources des pouvoirs dont seuls les premiers-nés bénéficiaient. Elle en voulait à ses parents de ne pas l’avoir eue avant son frère. Comme nombre de Lanfériens, elle désirait ardemment avoir la chance, un jour, d’effleurer une telle puissance.
— Darna !
La jeune fille tourna la tête pour fixer le contremaître, la mine interrogative.
— Concentre-toi ! exhorta-t-il.
Darna acquiesça, les lèvres pincées. Elle ne parvenait pas à s’appliquer. Comme souvent, des pensées vagabondes l’amenaient vers d’autres horizons. Ses autres camarades n’esquissèrent aucun geste, trop avides de terminer pour gagner plusieurs heures de sommeil bienvenues.
Une heure plus tard, Darna se retrouva seule avec le contremaître. Ce dernier la fixait de ses yeux jaunes intrigants. Sa bouche tremblait de fatigue et de tension. Il souhaitait rentrer pour profiter de sa famille. La jeune fille bâillait sans cesse et n’arrêtait pas de multiplier les erreurs, la tête encore dans les étoiles. Dinius grogna de mécontentement. La fouetter aggraverait les choses. Il aurait mieux fait de la remplacer ! Agacé, il s’approcha de Darna et poussa brutalement sa chaise.
La jeune fille hoqueta de surprise alors que ses fesses percutaient le sol terreux. Sa colère monta quand elle comprit que son supérieur l’avait volontairement malmenée. Le plus jeune contremaître de la localisation réalisa immédiatement son erreur ! Darna lui renvoyait des éclairs létaux, messagers d’une force bouillonnante prête à exploser.
Elle se jeta sur lui avec un cri de folie. Malgré la différence de taille, la vigueur de Darna le plaqua au sol. En rage, elle le frappa au visage. Le nez du contremaître émit un craquement sinistre. L’irritation de Dinius le ramena vite à la réalité. Il dégagea la jeune fille d’un coup de genou dans le ventre et d’un uppercut fulgurant sous le menton. Darna atterrit sur le dos, sonnée et la bouche endolorie. Elle s’appuya sur ses bras et se remit sur pieds. Sa vision amoindrie et sa mâchoire sanguinolente ne l’empêchèrent pas de foncer de nouveau sur Dinius, qui s’était lui aussi relevé.
Le contremaître apprécia la force de caractère de Darna. Un sourire mesquin sur les lèvres, il arma son bras et frappa la jeune fille au visage. Elle s’effondra sur le ventre. Pas assez rapide, la rebelle ! se moqua intérieurement Dinius. L’Effrontée avait enfin obtenu ce qu’elle méritait, surtout après ses méfaits du matin. Plus tôt, il avait retrouvé des brioches dans l’herbe et des ouvriers lui avaient ensuite tout raconté. Déçue par les refus des paysans, Darna avait jeté la nourriture volée par terre, en dépit des règles et sanctions strictes contre le gaspillage. Le Directeur avait excusé son comportement. Encore.
Dinius l’observait se débattre contre elle-même avec amusement. Elle ne se relevait pas, elle gémissait dans son sang. Une envie lubrique naquit dans les entrailles du contremaître, il prenait plaisir à la dominer.
La porte d’entrée de la cabane s’ouvrit avec fracas. Dinius jeta un œil furieux à celui qui venait d’interrompre le spectacle.
— Qu’est-ce qui se passe ici ? tonna la voix grave du Directeur.
— Darna a… commença le jeune homme.
— C’est bon, j’ai compris, le coupa l’intrus. Rentre chez toi, Dinius. Je vais m’occuper d’elle.
Le contremaître baissa la tête. Il posa un dernier regard haineux sur la jeune fille avant de s’éloigner. Le Directeur Clavius soupira et s’avança. Il souleva délicatement Darna et l’aida à se remettre debout. La jeune fille tremblait de fatigue et de colère, du sang coulait de sa bouche et l’une de ses joues commençait à bleuir.
— Mon oncle, je…
— Tais-toi Darna. Tu me fatigues.
Clavius palpa les membres de sa nièce pour vérifier que rien n’était cassé. Malgré une chemise tachée de vermeil, seul le visage avait été touché.
— Je vais te ramener chez toi et te soigner.
— Merci, lui dit-elle d’une voix faible, tout en crachant un mélange de sang et de salive.
Darna accepta le soutien de son oncle et s’appuya sur son épaule. La jeune fille avait honte, non pas de s’être battue, mais d’avoir été surprise par Clavius, le seul membre de sa famille qui la considérait avec affection. Ils sortirent de la cabane et se dirigèrent vers le sentier éclairé. Des plantes luminescentes facilitaient le chemin qui menait vers les quartiers des Lanfériens. De rares autres travailleurs empruntaient encore la route. Le regard glacial de Clavius les dissuada de commenter la situation. Le duo dut ralentir la cadence, Darna ne parvenait pas à se maintenir droite et trébuchait à chaque pas. Clavius bougonna. Contraint, il s’adapta à sa marche.
Sa nièce lui rappelait tant sa sœur aînée, Mara. Les mêmes cheveux, le même sang chaud dans les veines, les mêmes élans d’indépendance et les mêmes rêves de liberté. À l’époque, il avait tenté de raisonner Mara, il avait essayé de lui retirer toutes ces idées stupides de la tête. Cela n’avait pas fonctionné. Malgré les doctrines de son peuple, lui non plus n’oubliait pas sa sœur décédée. Impossible ! Son rire cristallin résonnait en lui, ses grimaces ridicules le faisaient toujours sourire et son image hantait régulièrement ses songes.
Darna constituait, avec son frère aîné, toute la famille qui lui restait. Il ne comptait pas les laisser disparaître. Pas comme Mara.
De son côté, sa nièce ne pensait plus qu’à sa future vengeance. Dinius l’avait humiliée, il paierait pour cela.
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