Il m’aime
Le jour d’mes noces, y a quarante ans,
J’le serrais fort mon bel amant.
J’criais : il m’aime, il m’aime, il m’aime mon Jean.
Tout au début, c'était l'bon temps,
Mais quand j’ai eu l’premier enfant,
Il m’a dit : assez ! Assez ! et en criant.
Sauf que voilà, comme j’suis une fille têtue,
J’ai décidé de lui en coller un de plus,
Il a pas apprécié le sale bourru.
Alors, il a tout quitté :
Ses mômes, son job, sa vie, le blé,
Sans s’retourner,
Il m’a laissé tomber.
Et puis un jour, j’ai pas eu d’bol,
J’ai rencontré un certain Pol.
J’croyais qu’il m’aimait,
Mais j’me suis trompée.
J’ai bien insisté, mais rien n’y a fait.
J’en ai connu d’autres, tous autant butés.
J’peux l’avouer,
J’en ai bavé.
Je m’demande s’ils ont bien tout compris,
Tous ces hommes qui ont perdu la vie.
Ils croyaient que j’étais une tigresse,
Alors que je cherchais leurs caresses.
Toutes ces années, leur amour je quêtais,
Seulement plus j’priais, et puis moins j’l’avais.
Des tas d’litres d’eau ont passé sous les ponts,
Me v’là face à leur tombe, j’les regarde et j'me dis, bon,
Aucun d’eux, jamais n’a voulu de moi,
Ni Pierre, ni Pol, ni Jacques, ni même Jean et François.
Je leur ai tous mis deux balles dans l’buffet.
C’est mérité,
Ils avaient qu’à m’aimer.
Pastiche de la chanson « Maintenant je sais » de Jean Gabin – Parolier : Jean-Loup Dabadie.
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