Chapitre 8 (2/2) - Oscar

9 minutes de lecture

20.01.21

Quelque part, LONDON, 03:35 pm.

Je sonne deux coups et patiente, en essayant de reprendre mon souffle après avoir monté les trois étages à pied. Au loin, j'entends la porte du hall claquer ainsi que des bruits de cris étouffés d'enfants en provenance d'un appartement voisin. Comme d'habitude, mon cœur bat la chamade et une boule de stress noue mon ventre. Cette sensation est devenue familière depuis le temps, mais ne cesse d'être aussi forte. Derrière la porte, des pas et le battant s'ouvre dans un cliquetis de serrure.

— Salut.

— Salut.

— Vas-y, entre.

J'esquisse un sourire et franchis le seuil. J'entre dans le petit appartement et me déchausse immédiatement. Habitude ancrée en moi depuis tout petit. Ma mère n'accepterait jamais que je marche en chaussures chez quelqu'un. Je grimace. Ne pas penser à elle dans des moments comme celui-ci.

Je débouche dans le salon. Une odeur de tabac flotte dans l'air chaud de la pièce, pas désagréable cependant. La télé est allumée et utilisée comme fond sonore.

— Tu veux boire quelque chose ? Thé, café, jus d'orange ou même bière ?

— Un jus, merci.

Il s'en va dans la cuisine pendant j'enlève mon manteau. Puis, je m'approche de la fenêtre et découvre la vue. Pas terrible mais je suppose qu'elle est comme celle de chez moi.

Il revient, me tend un verre en m'invitant à m'asseoir. Je bois un peu, plus par politesse que par envie, tandis qu'il allume une cigarette et gratte sa barbe taillée de quelques jours. Il est conforme à ses photos et je dirais même qu'il est plus beau en vrai : ses cheveux courts mal coiffés lui donnent un certain charme indéniable. Par contre, la tenue est à revoir. Mais qu'espéré-je en venant dans ce quartier ? Je peux m'estimer heureux, je ne suis pas tombé sur un des mecs bizarres qui refoulent leur homosexualité. Même si je pense que ce doit être son cas en dehors de chez lui.

— Sinon, tu vas bien ? me demande-t-il.

Il prend une gorgée de sa bière. Il essaye de se donner un genre, de se faire passer pour quelqu'un qu'il n'est pas. Mais nous avons discuté un peu juste avant, et je sais.

— Nickel et toi ?

Ce genre de choses font partie intégrante du rendez-vous. Elles servent à briser la glace, rien de plus. Comme pour le reste, on s'y habitue. On n'a pas le choix.

— Ça va.

Nos regards se croisent et nous sourions de concert. Il doit être sympa, derrière sa carapace de timidité. De toute façon, je ne pense pas le revoir pour m'en assurer.

Je vide petit à petit mon verre, me calant sur lui pour faire en sorte de finir au moment où il avalera sa dernière gorgée.

— Au fait, c'est quoi ton prénom ?

Je ris légèrement devant le ton qu'il a pris. Il sourit en retour. Il se détend de plus en plus.

— Oscar, et toi ?

— Mathieu. C'est joli, Oscar.

— Merci, répondis-je, légèrement étonné.

Ce n'est pas souvent qu'un gars complimente mon prénom. D'autant plus venant de quelqu'un comme lui.

Nouvelle gorgée.

— Alors, tu vis dans le quartier ?

— Ouais, pas loin. Je suis venu à pied.

— C'est cool, souffle-t-il.

J'enchaîne directement pour ne pas que le silence puisse s'installer.

— Tu vis seul ?

Il porte la bouteille à ses lèvres et hoche la tête.

— Ouais. Ça fait un an que je n'habite plus chez mes paternels. C'est plus facile pour...

Il me fait un signe de la tête éloquent.

— J'imagine bien, m'exclamé-je. Je vis encore chez ma mère, c'est pour ça que je ne peux pas recevoir.

Soudain, il fronce les sourcils et me regarde.

— T'as bien dix-huit ans ?

— Oui, le rassuré-je. Et toi ?

Il se relâche et finit sa clope.

— Vingt. J'ai eu peur d'un coup. Un an de moins c'est pas grand-chose mais bon, je préfère pas avec des mineurs...

— Je comprends totalement. Surtout que t'es plus vieux que moi, donc c'est pas pareil.

— C'est ça.

Il finit le fond de sa bière d'une gorgée. J'en fais de même. Puis, il écrase son mégot de cigarette dans le cendrier sur la table. Je garde les yeux rivés sur l'écran en face de moi, qui diffuse un vieux feuilleton des années deux mille. Il fait pareil quand je sens son regard posé sur moi et tourne la tête. Nos yeux se croisent, nous nous comprenons sans parler. Nos visages se rapprochent et nos lèvres se touchent. Son haleine sent le tabac et je ne saurais pas dire pourquoi mais ça m'attire. Le baiser devient vite sauvage et il se penche sur moi. Je tombe sur le dos sur le canapé et glisse mes mains sous son t-shirt. Il expire lorsqu'il sent mes doigts sur son torse. Il passe les siens dans mes cheveux avant de venir m'embrasser dans le creux de mon cou. Ma main descend jusqu'à la naissance de ses reins avant de me saisir de son entrejambe que je masse délicatement. Il se redresse et me regarde.

— Viens.

Je hoche la tête et il me libère de sous son corps. Il m'emmène jusqu'à sa chambre. Elle est plongée dans une semi-obscurité, les rideaux tirés. Là, il se retourne et vire prestement mon pull. Je relève les bras pour qu'il me l'enlève. Je fais de même avec son t-shirt qui dévoile son torse fin. Nous nous embrassons, laissons glisser nos mains à la rencontre de la peau de l'autre. Il m'entraîne sur le lit et commence à retirer mon jean. Puis, le sien rapidement enlevé d'un tour de main et de jambe, il entreprend de faire des petits va-et-vient pour frotter nos sexes. Je souffle de plaisir et embrasse son cou. Son parfum chatouille mes narines. Il a décidément prévu les choses.

Il libère enfin mon sexe et le regarde goulûment avant de le prendre en bouche. Sa langue glisse sur mon gland et je gémis en le regardant faire. Nos regards se croisent et il accélère, rajoutant sa main dans l'équation tandis que l'autre se promène sur mon bas-ventre.

Je passe mes doigts dans ses cheveux et commence à imposer le rythme. Il ne bronche pas et prend même mon membre entièrement en bouche pour mon plus grand plaisir. Décidément, c'est clairement pas sa première fois, il sait ce qu'il fait. Il est doué le petit con !

Nous échangeons nos positions et je m'applique à faire monter en lui le désir, qui, d'après ses gémissements rauques, est déjà bien présent. Je quitte son sexe pour ses fesses. Je m'amuse à les malaxer tout en venant titiller du bout de ma langue son orifice. Il écarte instinctivement ses jambes, me laissant plus d'espace. Je remplace ma langue par un doigt puis un second, lui arrachant un frémissement de plaisir. Une fois sûr qu'il soit assez détendu, je me saisis du préservatif et du lubrifiant posé sur la table de chevet. J'attire son cul vers moi, cale un coussin sous ses fesses et m'amuse à venir le chatouiller avec mon sexe. Il se contorsionne et me regarde, me suppliant en silence de le pénétrer. Je souris, le fais attendre encore quelques secondes avant de m'insérer en lui. Il gémit lorsque mon gland s'enfonce avant de soupirer de plaisir lorsque je suis entièrement entré. Je fais un timide aller-retour pour être sûr que tout va bien de son côté avant d'y aller plus franchement. Je sens alors le plaisir grimper en flèche lorsque les chairs et sa chaleur enveloppent mon sexe.

— Oh, putain... souffle-t-il.

Ses yeux sont fermés et tout son corps est relâché pour savourer. Seules ses jambes emprisonnent mes hanches comme pour m'attirer. Je me penche sur lui et saisis sa nuque entre mes doigts. Il me regarde et prend mon poignet dans sa main comme pour me dire de serrer plus fort. Je m’exécute tandis que je tape plus profondément en lui. Nous ne nous lâchons pas du regard. Bouche ouverte, son souffle se mélange au mien et bientôt, il ne règne dans la pièce que le bruit de mes testicules frappant contre ses fesses et nos gémissements. Ne pouvant supporter davantage son regard fiévreux posé sur moi – c'est une des choses qui m'excitent le plus, le contact visuel avec l'autre – je l'embrasse à pleine bouche dans un baiser salace, et viens même mordre sa lèvre. Soudain, je me retire et il proteste dans un petit grognement.

— Tourne-toi, ordonné-je.

Il obéit et se retrouve à quatre pattes sur le lit. Je le pénètre de nouveau et prends ses hanches pour imposer la cadence. À chaque coup de reins, nos corps transpirants entrent en contact dans un bruit de succion. Mathieu se laisse totalement faire, et j'avoue que savoir que l'autre m'appartient le temps d'un instant m'excite énormément. Je le force à se redresser et glisse ma main sur sa gorge, l'autre posée sur son ventre pour le tenir dans cette position. Un petit cri s'échappe de ses lèvres lorsque je frôle sa prostate. J'halète sous l'effort dans le creux de son oreille et il passe une main dans mes cheveux, les tirant inconsciemment. Après quelques secondes, je le lâche enfin et il s'affale littéralement sur le lit, allongé. Je prends appui de part et d'autre de lui et le pilonne le plus fort possible.

— Attends, je veux...

J'arrête pour qu'il puisse se redresser. Nous sommes de nouveau face à face et il prend son sexe en main pour se soulager.

— Vas-y plus vite, je vais venir...

Je pose une main sur ses abdominaux et caresse distraitement son bas-ventre. Son visage se crispe.

— Oh putain...

Il jouit dans sa main dans un râle puissant. Sa semence dégouline entre ses doigts, et se perd sur son ventre. J'en profite pour accélérer et décupler son orgasme. Il ouvre les yeux, me regarde avant de les refermer.

Me sentant venir, je me retire de lui, enlève le préservatif et me finis à la main. Je l'embrasse avant de me redresser et de continuer à me branler. Quelques secondes plus tard, je lâche tout sur ses abdominaux dans un cri silencieux. Je prends le temps de savourer l'onde d'ocytocine et de dopamine qui sature mon cerveau. Puis, je me redresse pour qu'il puisse se dégager.

— Attends, je vais te chercher de quoi t'essuyer. Les toilettes... ?

— À droite, en sortant, m'indique-t-il dans un sourire timide.

Je reviens quelques instants plus tard avec du papier toilette dans les mains. Nous enlevons toute trace de souillures sur nous et je pars à la recherche de mon caleçon. Je le retrouve à moitié caché sous le lit, l'enfile, avant de faire de même avec mon jean. Mathieu fait de même de son côté dans un silence total. Une fois habillé, je pars me laver les mains, mes doigts sentent le sperme.

— Bon, je vais y aller, lançé-je d'une voix claire.

J'enfile mon blouson pour appuyer mes dires.

— Pas de problème, me répond Mathieu en me raccompagnant. C'était sympa.

C'est à la fois une vérité générale et une question qui n'attend que mon assentiment.

— C'est vrai.

Nous échangeons un sourire et il ouvre la porte.

— À une prochaine.

— C'est ça.

Je commence à descendre les escaliers avant que la porte ne se referme complètement. Je sors de l'immeuble et le froid mordant de janvier m'accueille. Je frémis. Il y a encore quelques minutes, je mourrais de chaud à cause de l'effort.

Mon portable sonne un coup au fond de ma poche.

De : Passif discret

04:48 pm : C'était grave sympa. Je dirais pas non si on pouvait se revoir :).

J'hésite, mes doigts survolant le clavier. C'est vrai que c'était cool et il est plutôt mignon. Mais je n'aime pas trop revoir plusieurs fois les mecs que j'ai baisé. Mieux vaut ne pas chercher plus qu'une bonne partie de jambes en l'air sur cette appli, elle n'amène que des problèmes. Et y trouver l'âme-sœur dessus est juste impensable. Les hommes ne cherchent qu'à tremper leur pénis ou se faire trouer par le plus grand nombre. Et je n'ai pas peur de dire que je m'inclus également dedans.

De : Oscar

04:50 pm : C'est vrai. Pourquoi pas, je ne suis pas contre ;).

Je verrouille mon téléphone et je prends la direction de la maison, plus détendu mais aussi plus fatigué qu'il y a deux heures.

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