Chapitre 16 - Oscar (2/2)

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03.02.21

Quelque part, LONDON, 09:48 pm.

J'appuie sur le bouton de la sonnette et souffle lentement. Comme à chaque fois – et bien que je connaisse Mathieu – je n'arrive pas à chasser la boule de stress qui noue mon estomac.

Quelques secondes et un tour de clé plus tard, sa tête apparaît dans l'entrebâillement.

— Salut, lance-t-il en se décalant pour me laisser passer.

Je lui réponds avec un sourire et entre. L'appartement est tel que dans mon souvenir : télévision allumée, canapé en face, table basse, fenêtre et petite prote-fenêtre donnant sur le balcon en face de moi. Même senteur de tabac froid qui flotte dans l'atmosphère bien qu'il fasse frais. Il a dû aérer avant que j'arrive.

— Tu veux boire quelque chose ?

Je secoue la tête :

— Non merci, je n'ai pas soif.

Je reste debout dans la pièce, regardant sans vraiment le voir le vieux feuilleton policier qui passe à la télé. Du coin de l'œil, j'aperçois Mathieu qui emporte quelque chose dans la cuisine. Il revient et je pose mon regard sur lui. Il a toujours sa petite barbe – peut-être pour se donner un air plus vieux ou plus viril – et ses cheveux sont toujours en bataille ; il porte un bas de jogging et un marcel qui fait ressortir la peau basané de ses bras sous la lumière tamisée. Il est en chaussettes mais je sais que ses claquettes sont quelque part près de l'entrée. Il ne les a pas mises, certainement conscient du peu de sex-appeal que ça lui donne. Je souris intérieurement, plus au mot ringard que j'ai déployé qu'à cette idée.

Je me surprends à penser à le comparer à Liam. Ce petit con de bourge est vraiment pas mal, son physique est indéniablement plus attirant que celui de Mathieu. Mais je ne sais pas pourquoi, Mathieu m'excite beaucoup. Peut-être à cause de ce genre de rendez-vous que nous avons ou bien parce que j'ai l'impression de faire quelque chose d'interdit avec lui, il ne doit pas être out.

Mathieu a dû sentir mon regard insistant sur lui ; nous nous croisons et il s'approche de moi.

— Je peux... ?

Le désir pointe dans sa voix. Je souris imperceptiblement mais n'ai pas besoin de parler. Il se jette sur mes lèvres et passe ses mains sur le bas de mes hanches. J'accueille son baiser avec avidité. Ses lèvres sont toujours aussi sèches mais ça ne me dérange pas.

Très vite, les corps se pressent et les mains partent en exploration ; il glisse ses doigts sous l'élastique de mon jean et je ne peux pas m'empêcher de sourire alors qu'il m'embrasse. Il arrête, le temps de me regarder. Son regard me fuit tandis qu'il s'attaque à défaire mon pantalon. Pressé par l'excitation, je chasse ses mains. Il enlève son t-shirt et lorsque je me retrouve en caleçon, il me pousse. Je tombe sur le canapé dans un gloussement surpris avant qu'il ne me grimpe dessus. Il m'embrasse, me mordille l'oreille avant de me baiser le cou puis de descendre sur mon torse. Je me laisse faire, surpris par tant d'audace. La dernière fois, il n'était pas aussi sûr de lui. Mon caleçon tombe, dévoilant mon érection. Il prend mon sexe en main, se mordille la lèvre et l'avale goulûment tout entier. Je pousse un gémissement, quand je sens sa bouche humide. Je retrouve alors le Mathieu d'avant et saisis sa tête pour le forcer à la garder en bouche autant qu'il le peut. Je le laisse respirer quand je sens une résistance mais il y retourne aussitôt. Il joue un instant avec mes boules, les aspire et les masses avant de passer sa langue sur le bout de mon gland. Il commence des vas-et-viens, l'autre main posée sur ma cuisse. Ma respiration s'accélère, et je m'abandonne à ses caresses les yeux fermés.

Quelques minutes plus tard, je me redresse et prends son menton pour l'embrasser.

— À moi, soufflé-je.

J'échange nos positions. Je l'embrasse langoureusement, laisse glisser le bout de ma langue sur son torse légèrement poilu, caresse ses bras, dépose un baiser sur son ventre. Je n'ai pas envie de faire comme d'habitude, de tirer mon coup le plus vite possible comme je fais avec les autres gars et de me casser. Non, j'ai envie de prendre mon temps, de faire les choses bien, de lui faire découvrir ce qu'est de faire l'amour. Après réflexion, je crois n'avoir jamais vraiment fait l'amour. Avec mes premiers coups, je m'étais laisser faire, ne sachant comment ça se passait. Et inconsciemment, j'avais copié leurs gestes et leur attitude. Avec Liam, nous avions baisé. C'était sauvage et brutal, comme le feu de l'attirance qui m'avait rongé depuis que je le connaissais. Je ne sais pas si c'était l'heure tardive ou les caresses de Mathieu qui m'ont donné cette envie. Mais je suis persuadé qu'il n'a jamais fait l'amour lui aussi. Il a dû sentir mon désir car il ne me presse pas.

Je fais lentement glisser le caleçon sur ses cuisses et il me regarde, embarrassé.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Il détourne le regard.

— Rien, rien.

J'embrasse alors son sexe. Je remarque alors qu'il est circoncis. Je n'avais pas fait gaffe avant. Liam l'est ? Je ne crois pas. De toute façon, ça ne change rien.

Après m'être occupé de son sexe dur, je lui demande de se retourner. Son cul offert me donne envie mais fidèle à ce que je veux, je prends mon temps. Je commence par venir narguer son orifice avec ma langue puis je glisse un doigt baveux. Mathieu se détend peu à peu et son souffle saccadé retentit dans la pièce.

Je m'allonge alors sur lui, mon membre humide entre ses fesses et ondule doucement du bassin pendant que j'embrasse son dos. Il a les yeux fermés, luttant contre le désir qui le parcoure tout entier. Je m'approche de son oreille :

— T'as des capotes ? chuchoté-je.

Il hésite et regarde autour de lui comme s'il était perdu.

— Attends. Dans la chambre.

Il me repousse gentiment et s'enfuit le cul à l'air. La vision de l'homme gêné de s'éloigner tout nu me fera toujours aussi rire.

Il revient très vite et avant que je lui laisse une place, il s'agenouille en face de moi. Il me suce encore une fois puis me tend une capote. Je l'enfile prestement pour qu'il puisse la badigeonner de lubrifiant.

— Tu veux... ? commencé-je.

— Attends.

Il me fait signe de m'allonger sur le canapé et il m'enjambe. Je comprends et ressers un peu les jambes. Il prend ma bite en main et la place contre son orifice. Puis doucement, il commence à s'abaisser. Il grimace un peu et je lui caresse le ventre et les cuisses pour l'apaiser. Une fois mon sexe entièrement en lui, il commence à bouger le bassin. J'en fais de même et bientôt, il gémit à voix basse.

J'accélère le rythme et donne des coups de rein. Je le laisse parfois faire quand il bouge ses hanches, m'arrachant des petits cris.

Soudain, je me redresse et le serre contre moi. Je me tourne et pose les pieds au sol,. Il plie les cuisses pour se retrouver à genoux sur moi. Il sautille sur ma bite. Nos bouches se cherchent, se trouvent et se séparent quand il gémit un peu plus fort. Je m'appuie sur le dossier du canapé et prends sa bite en main. Il se laisse faire, entièrement concentré sur son plaisir. Ses gémissements sont une douce mélodie à mes oreilles. Je le regarde prendre son pied et m'extase devant son corps brillant de sueur.

— T'es beau, lâche-t-il dans un souffle, les yeux soudain ouverts.

Surpris, j'esquisse un sourire. C'est la première fois qu'un plan cul me complimente et j'avoue que c'est bizarre. Même si ça ne le devrait pas.

— Toi aussi, réponds-je, plus par automatisme que par réelle volonté.

— Je vais finir, s'exclame-t-il en voulant repousser ma main qui tenait toujours son sexe.

— Vas-y.

Mais toi... On...

Vas-y, répété-je plus durement.

Il se contracte alors et bientôt, un liquide chaud glisse entre mes doigts et atterris sur mon torse. Mathieu se laisse complètement faire entre mes mains, et j'en profite pour le pilonner un peu plus fort.

— Attends, je veux que tu finisses dans ma bouche.

— T'es sûr ?

Il hoche la tête et j'abdique. Je me retire et enlève le préservatif. Il s'allonge sur le canapé et je me positionne sur son torse, la bite juste devant sa bouche. Je commence à me branler et l'envie me prenant, je glisse mes doigts souillés de son foutre sur son menton. Il ouvre la bouche et commence à les lécher en me fixant, totalement soumis. Cette vision eut raison de moi et quelques secondes plus tard, je jouis en gémissant. Mathieu ouvre la bouche et accueille quelques gouttes de sperme. Il finit par prendre ma bite en bouche et la suce.

Je me penche alors sur lui et l'embrasse avidement, laissant mes mains posées sur ses hanches.

— Tu veux te nettoyer ? demande Mathieu en surprenant mon regard dégoûté sur mon torse.

— Si ça te dérange pas, acquiescé-je en riant.

Je le libère et il me tend du papier toilette. Je m'essuie consciencieusement et jette le tout dans les toilettes.

Quand je reviens au salon, Mathieu est encore nu et est en train d'allumer une cigarette.

— Tu ne t'habilles pas ? demandé-je en riant.

Il hausse les épaules.

— Tu m'as déjà vu à poil alors, marmonne-t-il, flegmatique.

Mais il récupère son caleçon et l'enfile. Alors que j'allais mettre mon jean, sa voix s'élève à nouveau :

— Tu... Tu peux rester un peu, si tu veux.

Je le regarde, perdu.

— Euh... Il est quelle heure ?

— Vingt-trois heures, quelque chose comme ça.

J'hésite. Ma mère m'a dit d'être rentré pour minuit et il n'est pas trop tard. Comprenant mon hésitation, Mathieu me demande si je veux boire quelque chose. J'accepte.

Je le suis dans la cuisine et prends le verre de jus d'orange qu'il me tend. Puis, nous retournons nous asseoir sur le canapé, épaule contre épaule.

— T'as gardé tes chaussettes ! ricané-je moqueusement.

Il baisse le regard sur ses pieds et bouge nerveusement les orteils.

— Oui, j'ai oublié de les enlever. Et j'aime bien les avoir pendant... avoue-t-il.

— Chacun ses goûts.

Il me sourit et tire sur sa cigarette avant de me la proposer mais je refuse.

— J'ai bien aimé, lâche-t-il après un silence.

— C'est vrai, c'était bien, réponds-je, sincère.

— C'est rare que je baise comme ça et qu'on me laisse finir en premier. Merci.

— Pas de quoi, souris-je, touché. C'est vrai que sur les applis comme ça, c'est pas courant de baiser comme on l' fait. Mais je t'avoue que je préfère quand c'est un peu plus...

— Je vois.

Il rit avant de secouer la tête. Nous buvons notre verre dans un silence apaisant.

— T'es encore au lycée ?

— Ouais. J'ai intégré Wymountain school, ajouté-je, je sais pas si tu vois...

Il siffle, impressionné.

— Eh ben mon vieux, tu te fais pas chier toi !

— On nous a offert des bourses pour l'intégrer, ma sœur et moi.

— Je vois. Et y'a des petits culs de riches à baiser là-bas ?

C'est à mon tour de glousser.

— Disons que c'est difficile. Tout se sait donc bon...

Il change alors complètement de sujet :

— J'ai pas baisé depuis la première fois qu'on s'est vu.

— Ah oui ? lancé-je pour ne pas avoir à répondre que moi, c'était pas le cas. Je comprends pourquoi t'as fini tôt.

Il sourit et je crois le voir rougir.

Nous parlons d'un peu de tout et rien ; j'apprends qu'il bosse dans une entreprise de BTP dans la banlieue de Londres. Il a deux petits frères et une petite sœur et comme je le pensais, sa famille n'est pas au courant de son homosexualité. Il a peur qu'elle prenne mal, surtout son père qui est vieux-jeu. Et sa famille est croyante bien qu'il ne l'est pas lui et qu'il ne s'en cache pas. De mon côté, je parle de ma sœur et du lycée mais je me tais au sujet de mon père. Nous discutons tout en buvant et je me lève lorsque nous finissons notre verre.

— Je vais y aller, il est tard.

— Pas de souci.

Nous nous habillons et je dois bien avouer que c'est un peu à contre-cœur. Je me sentais bien avec lui à parler à moitié nu chez un gars que j'ai vu plus longtemps nu qu'habillé comme s'il n'y avait rien de plus normal au monde.

Il m'accompagne jusqu'à la porte et je me tourne pour le saluer.

— On va se revoir ?

Ses mots sonnent plus comme une supplication qu'une question.

— Oui, si tu en as envie. On peut devenir des amis qui couchent ensemble, lancé-je sur le ton de la plaisanterie.

— Ça me va.

Je souris, ne sachant que répondre. Soudain, il s'avance et m'embrasse.

— À plus, fait-il quand il se recule.

— À plus.

Je m'éloigne, un peu perdu. C'est la première fois qu'un plan m'embrasse pour me dire au revoir. Mathieu a été complètement différent de la dernière fois : il s'est plus ouvert à moi, il était plus à l'aise. Ou est-ce moi qui étais différent ? Et j'ai vraiment kiffé notre baise. Le souvenir de Liam revient me hanter. Non, je ne peux pas comparer, c'est différent. Avec Liam, j'ai aimé que ce soit sauvage presque bestial. Et il sait ce qu'il fait et comment s'y prendre. Mathieu, lui, est touchant par ses hésitations et sa timidité. Par contre, discuter avec lui m'a fait du bien. C'est toujours ce petit moment qui manque avec les coups d'un soir.

C'est dommage qu'on ne puisse pas renommer les personnes sur cette application parce que recevoir un message de « Passif discret » me rend mal à l'aise. Et si on est amené à se revoir, ça serait mieux si on arrête de se parler sur cette appli. Je compte lui demander ses réseaux sociaux, c'est toujours plus sympa. Il a accepté qu'on soit amis. Mais peut-on vraiment être ami avec quelqu'un avec qui on couche ? Et dois-je arrêter de voir des gars ? Je hausse les épaules à ma pensée stupide. Je n'ai couché avec personne d'autre après lui, si on oublie Liam. Ça ne change rien, de toute façon.

Le moment où il m'a remercié me revient soudain en mémoire : ses mots me bouleversent maintenant. Il était reconnaissant d'avoir pris soin de lui, je suppose. Et j'ai adoré me laisser aller avec lui et y aller doucement, presque romantiquement. Je souris malicieusement à l'idée qui me vient en tête : la prochaine fois, je vais le baiser bien fort pour changer.

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