Chapitre 5 - ALID
Je ne réfléchis pas.
Je ne réfléchis pas, tout simplement parce que je ne le peux pas.
Ce ne sont que quelques mots, mais ils embrouillent mon esprit et le plongent dans un brouillard si épais que je ne me vois même pas.
Alors, sans réfléchir, je fais la première chose qui me vient à l'esprit, parce que c'est ce que je suis.
Je plonge les mains dans ses cheveux et joins mes lèvres aux siennes, tout en sachant pour la première fois la raison exacte et précise de ce geste.
Ce baiser est à la fois similaire et totalement différent des deux précédents.
Similaire de par le brasier qu'il anime en moi et l'électricité qu'il fait crépiter entre nous.
Mais si différent parce que aujourd'hui, il n'est pas gâché par toute ma culpabilité et ma honte. Aujourd'hui, je ne repousse pas Sacha, et je n'en ressens aucun besoin. Je me laisse simplement dériver là où il voudra bien m'emporter. Je n'ai plus besoin d'avoir le contrôle. Je ne veux plus me cacher, du moins pas avec lui. Je ne veux plus me cacher d'en avoir envie.
Je m'aperçois à peine que le carnet glisse de mes genoux pour s'échouer sur le sol. Quelques dessins, non, des centaines de dessins, qui ont suffi à me faire réaliser ce que des mois de réflexion n'avaient pas révélé. Comment ai-je pu être aussi aveugle, alors même qu'il me tendait les bras ? Combien de signaux ai-je ignorés, avant de me résoudre à me laisser aller ? Combien de secondes, de minutes, d'heures, de semaines, m'a-t-il fallu avant de comprendre ? D'accepter cette part de moi ?
Sans que je n'y prête vraiment attention, nous basculons, et Sacha se retrouve au-dessus de moi sur la petite couchette qui lui sert de lit, sans pour autant que nos lèvres ne se séparent une seule seconde. C'est lui qui rompt le charme, brisant le rêve dans lequel j'avais plongé, pour bafouiller quelques mots incompréhensibles, mais je l'arrête. Je sais ce qu'il essaye de dire. Je le sais parce que sans m'en apercevoir, pendant tout ce temps, je décryptais ses sentiments sans vraiment les comprendre. Il est toujours persuadé que je ne suis pas sincère. Jamais je ne me suis autant exposée, jamais je ne me suis autant livrée à qui que ce soit, et pourtant, je n'ai pas l'impression d'être vulnérable en ce moment. Alors je plaque ma main sur sa bouche et le regarde dans les yeux, pour faire passer le message que je veux lui transmettre avec toute la force de ma conviction :
- Je crois bien que moi aussi, je t'ai dessiné dans mes rêves durant tous ces mois.
Je vois bien, pourtant, que son regard hésite encore. Comme s'il n'osait pas y croire. Et je le comprends : moi, je n'ai aucun doute, parce que je lis en lui comme dans un livre ouvert, à présent que toutes les barrières sont tombées définitivement. Lui, n'a pas ce filet de sécurité, cette assurance, cet avantage qui lui permettrait de me voir vraiment. Alors j'ajoute :
- Dessine-moi encore, Sacha.
Et c'est ce qu'il a fait.
Il m'a dessinée avec ses mains, ses lèvres, son âme, tout son être, et surtout tout l'amour qu'à cet instant, je ne doutais pas qu'il éprouvait pour moi.
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Je dois avouer que.... CE CHAPITRE EST UN DE MES PRÉFÉRÉS!!!! J'ai adoré l'écrire, et puis ça marque une énorme étape dans la relation Sachastrid (mais quel nom :O ^^).Et pour une fooiiiis.... je suis super satisfaite du résultat, remarquez que j'essaye de prendre confiance et non de me vanter xD En tous cas, j'espère qu'il vous a plu, parce qu'à moi oui ♥*♥
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