Chapitre 11 - ALID

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Même si l'angoisse me serre le coeur, et plus que tout, la douleur de ma trahison, mon esprit est presque satisfait. C'est peut-être particulièrement cruel pour moi de penser ça, mais j'ai bel et bien vécu ces trois derniers jours comme s'il s'agissait des derniers de ma vie, et c'est comme si je venais d'achever la partie la plus importante de cette mission. Contrairement à ce que je redoutais, je ne pars pas vers ma nouvelle vie sans m'être réconciliée avec Allen : une dernière fois, nous avons pu vivre comme nous vivions avant. J'ai retrouvé mon frère, pour mieux le quitter ensuite, mais la cruauté de ce constat que j'ai provoqué, moi et personne d'autre, j'essaye simplement de ne pas y penser. Jusque là, ça semble plutôt bien marcher, d'ailleurs. Je ne me concentre que sur les bons moment, et j'ai beau désespérer, je sais qu'ils restent suffisament nombreux pour que je puisse m'y accrocher. Et puis, aux souvenirs heureux de mon frère, s'ajoutent ceux de ma mère, et également ceux de Sacha.

Ce matin, en partant, je lui ai fait mes adieux silencieux. Il a dû sentir mon trouble, mais je reste encore trop hermétique, quand je le veux, pour qu'il n'en ait pas compris la cause. Ce moment était sans doute le plus dur de tous, comme je l'avais prévu, mais il s'est déroulé très différemment de ce que j'avais imaginé. Je n'ai pas pleuré, je n'ai pas craqué, je ne me suis pas non plus enfuie avant qu'il ne me voie. Non, chose qui ne me ressemble pas, je n'ai rien fait de tout cela. Pour la première fois, j'ai su complètement contenir mes émotions. J'ai profité des derniers moments qui nous étaient offerts, savourant le goût de ses lèvres, le contact de sa peau, le pétillement de ses yeux, chacun des traits de son visage. J'ai tout savouré de lui, je me suis imprégnée de sa présence, de son âme. Puis je suis partie, le sourire aux lèvres, sachant que son souvenir m'accompagnera où que j'aille, même si je n'en suis plus consciente. Oui, il restera dans mon coeur, malgré ma mémoire effacée, parce que ce genre de choses résistent à tout, et surtout à une simple injection. Voilà une des nombreuses choses que j'ai apprises à son contact, que je chérirai jusqu'au dernier moment, jusqu'à mon dernier souffle, qu'il soit féminin ou masculin. Le genre ne compte plus vraiment pour moi.

Adieu, je songe une dernière fois en atteignant la piste de décollage principale. La salle semble avoir doublé de volume. Même si, en temps normal, les lumières ne se seraient pas encore allumées, aujourd'hui, l'endroit est deux fois plus fréquenté que d'habitude : toutes les équipes sont sur le départ, et ceux qui n'ont pas été désignés sont venus également pour faire, eux aussi, leurs adieux. L'activité grouillante m'aurait sûrement complètement déboussolée un autre jour, mais cette fois je repère sans peine ma propre équipe, qui ne se compose que d'une dizaine de personnes : cinq chasseurs nous escortent, un juste milieu entre le trop et le trop peu. Quant à Allen et moi, les deux seuls qui descendront véritablement à l'intérieur du Quartier du Gouvernement, nous monterons dans l'avion de transport, accompagnés de trois autres personnes : Jesse, Yolan, et, à ma grande surprise, Aaron. J'ai d'abord été perplexe devant son insistance à venir avec nous, je ne savais même pas qu'il serait de la partie, puis j'ai fini par comprendre, à force de le scruter à chaque fois que je le pouvais.

Depuis des décennies, il sert l'Organisation avec toute l'énergie qu'il peut donner. Il nous est dévoué corps et âme, et aujourd'hui, il a enfin l'occasion de voir l'aboutissement de tout ses efforts. Comment pourrait-il rater un tel évènement ? À sa place, je n'aurais pas non plus supporté de rester à l'écart, surtout en comptant qu'il commence à se faire vieux. Il préfère mettre sa vie en péril dans cette mission que se cacher pour, en cas de défaite, devoir tout recommencer de zéro, et cette fois, ne pas vivre assez longtemps pour voir la fin du tunnel. Bien sûr, il a sûrement fait ce raisonnement sans savoir que tout est perdu d'avance, mais ça, je n'ai pas trouvé la force de lui avouer.

Quant à Yolan, même si je ne le porte pas dans mon coeur, et lui non plus à l'évidence, je ne peux pas nier qu'il est un combattant efficace et pourrait nous apporter beaucoup d'aide. Je ne suis pas surprise que Gaëtan, notre stratège, qui a tenu à confectionner lui-même les équipes, l'ait choisi. Ce qui m'intrigue plus, c'est Jesse. Il est certes très populaire au sein de l'Organisation, mais ça ne lui servira à rien là-bas. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas assez de forces pour me concentrer sur les autres : pour le moment, je dois déjà essayer de régler mes propres problèmes internes, que je ne comprends par ailleurs pas tous.

Cependant, quand je rejoins enfin mon équipe, une autre personne m'attend, qui surgit de derrière un des chasseurs au dernier moment : Marshall. Sa mine grave me met immédiatement la puce à l'oreille, tout simplement parce que ce n'est pas l'expression qu'il adopterait s'il n'y avait que la mission. À l'évidence, autre chose le tracasse, qui ne sera sûrement pas essentiel à l'Organisation, mais qui pourrait blesser quelqu'un... et ce quelqu'un, je le devine, c'est de moi qu'il s'agit. Complètement furax, Allen le suit de près.

- Qu'est-ce que tu savais de tout ça ? m'attaque agressivement dès que nous sommes à portée de voix malgré le brouhaha ambiant.

- Quoi ?! m'étranglé-je en cherchant le regard de Marshall.

Ce dernier se dépêche d'ailleurs de préciser, même si ce n'est apparemment pas la première fois :

- Je t'ai déjà dit qu'elle n'était pas au courant, Allen. Je te jure que c'est uniquement son initiative.

Cette manière qu'il a de me jeter des coups d'oeils furtifs, d'éviter de prononcer le nom de la personne en question... cette nouvelle pourrait bien me rendre aussi furieuse que mon frère, et il redoute que je m'y oppose moi aussi, ce qui signifie que nous ne sommes pas les seuls à contester. Si notre avis s'ajoute à cette mystérieuse balance, il sera obligé de faire marche arrière.

Je soupire.

Même sur le moment du départ, ce sont encore des problèmes qui me guettent. Pourquoi est-ce que je ne peux pas tout simplement monter dans cet avion et m'envoler très loin ? Après tout sera fini, et il est hors de question que je quitte Allen sur une énième dispute. C'est alors que je remarque une troisième personne qui s'approche de nous, et mon coeur s'arrête complètement.

Sacha.

Que fait-il là ? Il m'avait promis de ne pas venir! Pourquoi cherche-t-il à rendre nos adieux plus durs encore ? Je me retourne vers lui et crache de ma voix la plus désagréable, rendue exagérée par mon stress :

- Toi, dégage! Tu n'es pas censé être là.

Il se fige en plein mouvement et a un petit recul de la tête avant de se reprendre, mais je vois bien que je l'ai profondément blessé.

- Je suis justement tout à fait autorisé à être ici, répond-t-il sur un ton identique.

Puis il désigne mon frère d'un signe de menton :

- Au contraire de lui.

Marshall le met en garde d'un regard menaçant qui signifie clairement : ne fais rien, laisse-moi gérer cette partie. Donc, le leader est de mèche avec Sacha. Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Il y a quelque chose qui m'échappe, mais ça ne m'empêche pas de sentir que quelque chose de grave va arriver. Et puis, les paroles énigmatiques de Sacha me perturbent. Pourquoi Allen ne devrait-il pas être ici ? Il va partir pour cette mission! Je regarde mon frère un instant, m'attendant à ce qu'il me fixe méchament comme tout à l'heure, mais à ma grande surprise, ce n'est plus moi sa cible : il alterne à présent entre Sacha et Marshall. Il a dû comprendre que je ne suis en aucune manière mêlée à cette magouille, quelle qu'elle soit.

Après ce court moment de silence, Marshall reprend finalement la parole :

- Allen, veux-tu lui dire ?

- Tu essayes de te défiler, Marshall ? Tu ne supportes plus le poids de tes décisions ? gronde-t-il pour toute réponse.

Notre père adoptif soupire, manque de lever les yeux au ciel, avant de reporter toute son attention sur moi :

- Sache, commence-t-il, que nous n'avons pris cette décision que par esprit tactique. Sacha m'a demandé il y a plusieurs semaines de remplacer Allen lors de la mission, enfin plutôt d'en faire partie tout court. Nous avons longuement examiné sa proposition, puis nous sommes tombés d'accord sur le fait qu'il sera bien plus utile sur le terrain que ton frère. Il connaît Chicago, ce qui est un avantage inestimable, bien plus sûr que n'importe quelle carte. Et puis... si vous vous faites capturer, ce sera un agent de moins de l'Organisation dans leurs prisons.

Je frissonne en entendant ces mots si innocents. Il ne se doute pas de combien il est proche de la réalité. Il ne se rend pas compte de ce qui s'est déroulé dans l'ombre - comment le pourrait-il ? je n'ai pas trouvé le courage de lui dire!.

Mais apparemment, je ne suis pas la seule à avoir oeuvré dans la pénombre, et ma fureur se dirige à présent toute entière vers Sacha. Marshall continue de m'exposer les raisons de leur décision, à lui et à tous les puissants de cette organisation, mais je n'écoute plus depuis longtemps. Comment as-tu pu être aussi stupide, Sacha ? Comment as-tu pu ruiner ainsi tous mes efforts ? Mais en même temps, je sens également le soulagement qui m'envahit. Mon frère ne fera pas partie de cette mission, et donc, des potentiels dommages collatéraux de mon accord avec la DFAO. S'il se fait capturer plus tard, il aura l'immunité, comme je l'ai exigé.

- ... de temps au centre d'entraînement au lieu des tâches normales qu'il aurait dû accomplir, pour suivre votre programme et les simulations. Il est donc parfaitement au point, de toute manière, c'était une des conditions à sa venue. De plus, il a également suivi des cours d'informatiques, tout comme vous. Il n'y a donc aucune raison de s'inquiéter sur ses compétences, qui sont d'ailleurs très bonnes, conclut Marshall.

Très bonnes ? Je bouillonne. Évidemment, c'est un agent du Gouvernement! Ma colère fait remonter à la surface toute ma rancoeur contre lui, et les mots sortent de ma bouche avant que je n'aie pu les retenir :

- Mais pourquoi t'obstines-tu à lui faire une telle confiance ?! C'est un capitaine de la DFAO!

Cette fois, Sacha recule d'un pas, comme si je l'avais vraiment frappé. Ses yeux s'agrandissent d'horreur, je regrette déjà mes paroles, mais il est trop tard. Qu'est-ce que je viens de dire ? Et, réaction en chaîne, c'est tout mon passé qui refait surface quelques secondes plus tard :

- En matière de mort et de désolation, tu n'as rien à m'envier, Astrid. Faut-il te le rappeler, ou es-tu suffisamment consciente de tout ce que tu as semé sur ton passage ? À t'entendre en tous cas, on ne dirait pas.

Ces yeux....

Ce regard qu'il me lance...

Je me trouve de nouveau face au Sacha que je haïssais, celui dont je voulais la mort dans les pires souffrances. En deux phrases, j'ai fait ressurgir tous les démons que je croyais avoir enterré. L'homme que j'avais appris à aimer n'exister plus, du moins pour moi, il est à présent invisible. Mon corps a un léger soubressaut tandis que tous les souvenirs douloureux remontent à la surface.

Clic.

Clic.

Clic.

Clic.

Clic.

Clic.

Clic.

Clic.

Je suis absorbée par la spirale, je ne vis plus que pour ce petit bruit, ou plutôt, je ne meurs plus que pour lui.

Clic.

Clic.

Clic.

Clic.

Clic.

Clic.

Clic.

Clic.

Combien de temps me faudra-t-il pour guérir ?

Plus beaucoup, me rappelle une petite voix. N'oublie pas la destination de ce voyage : non la victoire, mais l'achèvement de ta trahison, et surtout, l'avènement de ta nouvelle vie...

Je relève la tête, de nouveau déterminée, tout en constatant que le silence s'est installé autour de nous, comme si nous étions dans une bulle. Allen fixe toujours Sacha, qui me fixe. Quant à Marshall, ses yeux font des allers-retours entre nous trois, essayant manifestement de décider quel cas est le plus urgent à traiter. Mais il n'a pas le temps de se décider que déjà, j'annonce ma décision d'une voix blanche, sans plus aucune émotion :

- C'est bon. Je ne m'opposerai pas à sa venue.

D'ailleurs, Marshall a-t-il répondu à cette question qui a fait tout chavirer, alors que j'étais ensevelie dans ma propre mémoire ? Probablement pas, à voir son air, pour la première fois, totalement paniqué.

Puis je m'approche d'Allen, dont, je le sais, je ne peux pas me séparer en lui laissant ce souvenir de moi. Je prends ses mains dans les miennes, comme il y a quelques jours, lorsque nous nous sommes réconciliés à nouveau. Mais cette fois, je ne perds pas de temps à hésiter, bafouiller, ou prendre des détours. Cette fois, je vais droit au but :

- Allen, je sais que tu vas sûrement me haïr longtemps pour ça. Mais je t'en supplie, n'oublie pas que les défaites ne sont des grains de poussière dans l'engrenage de ta vie. Il te reste tant de choses à accomplir, et si peu de temps. Ne gâche pas ce coeur si pur avec la rage et la souffrance. Pour toi, je ne veux pas de ça. Pour toi, je veux l'envol. Tu es un oiseau, un magnifique oiseau, mais il n'est pas encore temps pour toi de rejoindre le ciel étoilé.

Comprend-t-il le double sens de chacune de mes paroles, où est-il trop sonné pour y réfléchir vraiment ? Je n'en ai aucune idée, et je ne le saurai jamais, mais j'espère que, dans tous les cas, il gardera mes mots au fond de son esprit pour un jour, les ressortir, et en saisir le sens profond. En voyant ses yeux gris innocents, si semblables aux miens, mais en même temps si différents, parce que je n'ai jamais eu une âme aussi pure que la sienne, je ne peux m'empêcher de penser qu'au final, tout est pour le mieux. Il ne mourra pas aujourd'hui, et grâce à ma décision, on lui effacera sûrement la mémoire dans quelques temps pour lui rendre une vie normale. Il ne sera jamais le Leader de quelque ville que ce soit, ce qui me rassure énormément. Non, il finira simplement ses jours comme n'importe quel autre citoyen de ce monde cruel, c'est-à-dire sans aucune conscience de la tragédie qui entoure toute sa vie. Peut-être nous croiserons-nous, à l'occasion, et cette possibilité réchauffe mon coeur, me donnant le peu de force qu'il me manquait pour m'écarter.

Petit à petit, ses mains glissent des miennes, et après une dernière pression des doigts, je le laisse définitivement partir. J'essaye de ne pas penser à tout ce que je voudrais lui dire d'autre, me sermonant intérieurement, me répétant que j'ai déjà exprimé l'essentiel. J'essaye de ne pas penser que c'est sûrement la dernière fois que je vois son visage, son âme... ce serait trop dur.

L'esprit complètement embrouillé, je jette un coup d'oeil à ma montre en évitant toutefois soigneusement de croiser le regard de Sacha. J'ai déjà eu mon compte d'adieux pour ajourd'hui, il est hors de question que j'y rajoute encore la douleur de ce fossé qui nous sépare à nouveau.

4:33.

Selon le plan, l'équipe de la centrale électrique fera une grande partie du chemin à nos côtés, notamment la traversée de l'Atlantique, puisque nos destinations sont très proches. Nous ne nous séparerons qu'une fois entrés sur le territoire américain, pour plus de discrétion. Quant à l'équipe de diversion, Paris est certes beaucoup plus proche, mais ils doivent tout de même attaquer un peu avant nous, pour laisser aux forces gouvernementales le temps de croire qu'ils sont la véritable force de l'Organisation. Ils ne partiront donc que peu de temps après nous : ils ont également quelques préparatifs à faire une fois sur place.

Tout en repensant à ce plan si pauffiné, que j'ai envoyé aux orties en quelques mots, quelques secondes, je tourne mon regard vers Marshall. Je n'arrive toujours pas à déterminer qui, de lui, Allen ou Sacha serait le plus déçu en apprenant ma trahison. Sûrement autant chacun, ce qui me fend le coeur. Comment puis-je les briser de cette manière si cruelle, juste pour... quoi ? Devenir un homme ? Mais je ne dois pas repenser à ça. Ce qui est fait est fait. Il est trop tard pour revenir en arrière.

- Je suis prête, déclaré-je.

Nous sommes supposés partir à 4:40, il ne reste donc plus que peu de temps pour nous installer, sachant que le toit met plusieurs minutes à s'ouvrir complètement. Il faut également effectuer les dernières vérifications, ce qui revient cependant aux chefs d'équipe. Je n'ai plus qu'à m'embarquer, puisqu'encore une fois, je n'ai pas à piloter mon propre avion.

Je cherche quelque chose à déclarer à mon père adoptif, si froid et distant, qui m'a pourtant témoigné tout autant d'amour que les autres, mais ce n'est pas dans le code de notre relation. Je le trahirais encore plus si je faisais défaut à ces petites habitudes entre nous. Alors, je ne change rien. Je fais comme si j'allais revenir, comme si je ne détruisais pas tout son travail. Je m'approche simplement de quelques pas et lui déclare doucement :

- Bonne chance...

Puis je fais volte face. J'aimerais parler à Sacha également, mais je ne sais pas si j'en ai encore le droit, et dans le doute, je préfère ne pas m'infliger la souffrance d'un rejet.

À grands pas, je me dirige vers mon avion de transport. Et plus la distance se creuse entre eux et moi, plus je m'éloigne, plus je sens mon passsé m'échapper.

Plus je sens Alid s'effilocher, emportant avec elle Astrid et Alexy.

Adieu.

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