Je veux être
Allongé sur la colline ; alors que se couche sur l’horizon diapré un Soleil morne, et s’élève dans un ciel fatigué une Lune coralline ; je laisse mes pensées s’enfuir avec les alizés.
J’entends les herbes bruisser. C’est toi.
Tu t’assois et écoutes ces petits maux.
C’est ainsi,
Je veux être une violette parée de rosées en constelles.
Tu me demanderas « Pourquoi ? »
Et je répondrai « Pour émuler leurs éclats et danser dans les vents de liberté. »
Je veux être une verrière à la verdure échancrée.
Tu me demanderas « Pourquoi ? »
Et je répondrai « Pour couvrir des pluies froides des soirs d’été, et voir darder au zénith les regards admirés. »
Je veux être une barque faite des saules qui pendent au bord du Monde.
Tu me demanderas « Pourquoi ? »
Et je répondrai « Pour porter sur l’Océan et briser les glaces qui étranglent, celles du décourage et du désespoir, celles-là mêmes qui voilent la Mer-roi. »
Je veux être un opuscule à la couverture élimée et aux papiers froissés.
Tu me demanderas « Pourquoi ? »
Et je répondrai « Pour consigner toutes les étoiles qui me toisent et que je contemple si bas. Pour sordidement dessiner leurs reliefs sacrés, pour indignement décrire leurs majestés, et pour odieusement recueillir leurs épiclèses. »
Et tu demandes « Pourquoi ? »
Et je répondrai « Pour me faire mémoire des actes touchants, pour pleurer de ceux qui révoltent, et souffler sur les blessures vieilles et nouvelles. »
Et tu demandes « Pourquoi ? »
Et je réponds, embarrassé « Pour triompher du vain, de l’oisif, de l’inane ? »
Et tu demandes « Pourquoi ? »
« Pour m’oublier. »
Tu as souri ...
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