La Gare

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Je l’ai vu arriver, cet ogre ouranien.

Il avait d’abord mangé l’horizon lointain,

Les chaleurs du matin, et les soirs d’Été,

Les traits imaginés dans l’azur satin.

Il est venu grondant, couvrant le chant du cœur,

Assourdissant le compte des heures.

Car je me rappelle regarder l’horloge sur le mur d’en face,

À compter les secondes, les minutes, et les siècles,

Puis il a ragé, et il ne me restait que le rideau de pluie à compter.

J’ai fouillé dans mes poches mitées d’où est sorti un billet trés beau.

Il était noir, un peu doré, avec quelques points oranges. On m’avait murmuré qu’il fallait prendre un train un peu spécial,

Un train que l’on emprunte seul, un train qui va trés loin.

Le billet était trés joli, et trés précieux ! On ne le donnait pas à n’importe qui, et il fallait croire que monter dans cette rame, c’était tout laisser.

Tout laisser derrière soi.

Je l’ai rangé, de peur que l’ogre tempétueur ne me l’arrache, lui fasse du mal.

Mes genoux se sont posés sous mon menton, et j’ai serré mon manteau.

J’avais les pieds mouillés.

À un moment, je crois qu’on m’a oublié dans cette gare toute trouée, squelette émacié ;

Je n’entendais plus que le clapotis, et les vagues qui délavent les brouillons et partitions ;

Est-ce que le chef de bord à oublié de regarder par la fenêtre de son petit vagon ?

Oh non ! Je le voyais là-bas, le petit ticket bleu du ciel, rose des rires ! Glissant entre les pierres effondrées, usé et malmené, il m’avait glissé des mains !

C’est pour ça que la cheffe de bord ne m’a pas attendue.

J’ai enlevé mon manteau, j’ai bien rangé mes bibelots, ma casquette et mes plus beaux bâtons.

Il fallait que j’aille récupérer ce petit ticket odeur de violette, et des crêpes au beurre sucré ;

Car c’était fini d’attendre les grandes personnes, d’attendre que l’ogre s’en aille, d’attendre que le train vienne.

J’ai regardé le ticket, là-bas ; et j’ai regardé la mer à mes pieds.

Et si je ne savais pas nager ?

Et si j’avais mal regardé ?

Et si ce n’était pas mon ticket ?

Et si je sentais mauvais et qu’on me disait « non, les chiens mouillés, c’est dans le prochain train » ?

Et s’il n’y avait pas de prochain train ?

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J’ai plongé.

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