Filer et défiler
C’est un long cri dans la nuit,
Un grincement terrible et entêtant,
Comme mille ampoules malades et fatiguées.
Je sens cette vibration courir son crin rouillé sur un fil d’airain souillé ;
Son écho insoutenable me tordre, m’essorer, m’éreinter.
Et j’entends un déchirement.
Ils me viennent par dixaines.
Des fils longs et fins ; noirs et fragiles.
Des nattes noueuses que je crache,
Qui me tombent des yeux en cordes rêches et acides.
Je tousse et craquent les coutures de ma cage,
De mon cœur.
Je devine en moi venir la bête hideuse,
Répugnante de nudité, sans la moindre fierté à tresser, une toile misérable à détourner les étoiles.
Ô je couvre ce crâne fendu de milliers de mains cendrées,
Une aiguille pour réparer, filer des souvenirs défigurés avec des semblants d’espoir.
Et lors, suintant d’un renflement gras, c’est une mer de mazout qui s’écoule.
Et tu écoutes ses ronflements pesants, ses respirs étranglés ; de quoi vriller tympans, percer poumons.
Une mer de malaises, la mère des malheurs ;
Et elle est aimante.
Elle embrasse jusqu’à la noyade.
Un noir oubli.
Un désir.
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