Chapitre 1 : Adurant - Partie 4

14 minutes de lecture

Arch regrettait toujours la fin des entraînements. À ses yeux, il n’y avait pas meilleur moyen de progresser, et le Faiseur lui-même savait qu’il en avait besoin après la démonstration de ce matin. Il aurait dû regretter de ne pas avoir pu participer à ce premier duel, d’avoir enfreint la majorité des règles, mais rien n’y faisait. Ses membres tremblaient encore d’excitation. Par les anneaux d’Elyris ! Kahya avait libéré une aura si écrasante qu’il ne parvenait plus à penser à autre chose. Comment avait-elle fait ? Cette question lui rongeait les lèvres. Une curiosité brûlante le dévorait de l’intérieur, comme un feu sous la peau. La réponse devrait pourtant attendre. Le professeur ne transigeait jamais ses conditions, surtout lorsqu’il s’agissait de magie, en attestait les quatre règles qu’il lui avait imposé dès le premier jour. Quatre règles, quatre éléments. L’eau, ne pas dépasser ses limites, la terre, garder le contrôle, le feu, ne jamais agir sous l’effet de ses émotions, et enfin l’air, n’user de la magie qu’en dernier recours. Arch se rappelait de chacune de ses transgressions tout autant que de leurs conséquences. Son impatience s’apaisa en repensant à Kahya. L’avait-il déjà vu si secouée ? Est-ce que tout irait bien pour elle ? Le professeur pouvait être dur dans ses reproches. Il poussa un profond soupir. Toutes ces pensées ne faisaient que raviver sa migraine.

En inspirant à nouveau, Arch profita de la fraicheur des notes boisées pour se changer les idées. Il suivit le sentier qu’il arpentait sous la voute glacée formée par les arbres chargés de neige. Celui-ci surplombait le camp de bûcheron où Laurel et ses hommes s’attelaient à la tâche depuis les premières heures. Arch bifurqua à droite, devant le pin centenaire du haut duquel il les épiait étant enfant. Quelques mètres plus loin, il contourna le muret délimitant les terres du vieux Léon, quittant ainsi le village. Il connaissait par cœur les chemins qui serpentaient dans la forêt et pour cause, il y passait la majeure partie de son temps. Une brume légère entourait les rares givrelys qui grimpaient les troncs du sous-bois. De minuscules cristaux bleutés parsemaient les élégants pétales d’argent qui retombaient vers le sol comme des drapés de soie. Arch resta à bonne distance de ces magnifiques fleurs. Réduites en poudre, les larmes de givrelys servaient de remède contre bien des maux, mais elles étaient aussi fragiles que précieuses. Le jeune mage préféra suivre les larges sillons laissés par l’attelage d’un corneneige, avançant comme un enfant, d’empreinte en empreinte. Peut-être était-ce simplement le reflet de son humeur, ou les évènements de la matinée, mais la sensation d’être moins étranger ici qu’au village semblait plus pesante qu’à l’accoutumée.

Arch grimpa un vieil escalier de pierre aux marches déchaussées puis arriva finalement sur les berges d’un étang. L’eau partiellement gelée offrait un miroir sombre où se reflétaient les arbres environnants. Le brouillard qui y roulait et se brisait sur la neige créait un paysage irréel, mais ce jour-là, elle n’était pas aussi immaculée que d’ordinaire. Sur la rive opposée, une mère et son enfant lançaient des miettes de pain aux argelunes qui se pressaient à la surface. Le garçon riait, émerveillé par la danse des poissons, tandis que sa mère l’observait avec tendresse. Arch se surprit à esquisser un sourire, mais ce moment de chaleur éveilla un sentiment de solitude plus intense encore. Arch s’apprêtait à rebrousser chemin lorsqu’une voix familière retentit derrière lui.

— Je savais que je te trouverai ici.

Le cœur d’Arch se serra au passage de l’onde glaciale qui descendit son échine. Son visage se ferma. Une chance pour lui, la voix était moins profonde que ce qu’il avait pu redouter. Le jeune mage chassa de sa tête les images qui jaillissaient par centaines. Il se retourna, constatant qu’il ne s’était pas trompé. Un gamin à peine plus jeune que lui l’attendait, flanqué de sa bande de suiveurs : Allen, enfant bien en chair et portrait craché de son père. Personne n’habitait Adurant sans rendre de compte à Emory Toffer, car le propriétaire des écuries du village était un homme influent. Du moins aimait-il le rappeler. Arch savait surtout du professeur qu’il avait été chanceux qu’on lui accorde la main d’une parente éloignée des Dormont, la maison la plus influente de la région. Cette union avait fait des Toffer une famille aussi intouchable que méprisable. La présence ici du rejeton cadet n’était pas un hasard et n’annonçait pas de bonnes nouvelles. Pour Arch, le nom des Toffer n’évoquait qu’ennuis et souffrances. Dans le dos du jeune mage, deux autres garçons coupèrent toute retraite. Au bord du lac, la mère attrapa la main de son fils et les laissa seuls. Allen avança d’un pas, un dédain assumé sur le visage.

— Tu as causé des ennuis à mon frère, maraud, dit-il la voix dégoulinante de reproches.

Non. Jamais Arch n’aurait fait une chose aussi stupide. Cela n’aurait donné que davantage de raisons à Toffer de lui pourrir la vie. Autant offrir sa propre épée à son bourreau. Il était resté à sa place, il pouvait le jurer.

— De quoi est-ce que tu parles ? demanda-t-il nerveusement.

— Mon frère est rentré en pleurs ce matin. Pourquoi l’as-tu accusé d’avoir brisé ces poteries ?

Les yeux d’Arch se relâchèrent, la mémoire lui revenait. Il n’avait pas fait attention à l’identité du deuxième gamin. Pouvait-il être à ce point malchanceux ?

— Ce n’était pas ma faute, rectifia-t-il, je n’ai rien à voir là-dedans.

— Oh vraiment ? répondit Allen d’un ton toujours plus menaçant. Ce n'est pas ce que l’on raconte. Personne n’aime les menteurs. Tu devrais déjà être reconnaissant que père tolère quelque chose comme toi au village. Mais non, il suffit que Mason s’absente pour que tu t’en prennes à nous. Quand comprendras-tu où est ta place ?

Arch sentit ses muscles se raidir sous l’effet d’une colère sourde. Comme à chaque fois, il se maîtrisa en l’enterrant au plus profond de lui-même. Ce n’est pas ta faute, répéta-t-il en boucle dans sa tête comme s’il cherchait lui-même à s’en convaincre. L’effort lui marqua le visage, si bien que deux des camarades d’Allen murmurèrent à voix basse.

— Hé, on devrait peut-être le laisser tranquille, non ?

— Ouais. Mon père n’arrête pas de répéter qu’il est dangereux.

Allen ne céda pas. Arch ne pouvait rien leur faire, et il en était bien conscient. Si le professeur parvenait à tenir Emory à distance, la moindre blessure infligée à sa progéniture pousserait le maître des écuries à tout faire pour mener Arch et ses semblables à la potence.

— Je ne croirais pas ce bâtard sur parole. Quelqu’un va devoir réparer les dégâts, asséna-t-il. Le potier était furieux, imaginez un instant ce qu’en pensera père.

La patience d’Arch s’épuisa, comme les dernières gouttes d’une pluie d’été. Qu’importe sa bonne foi, Allen ne changerait pas d’avis. Mieux valait attendre que le conseil du village se prononce sur son inévitable sanction que de perdre davantage de temps à écouter brailler cet idiot condescendant. Sans un mot de plus, le jeune mage se retourna et reprit sa route. Les deux gamins sur son passage reculèrent. La mine défaite, Arch ne prêta pas attention au fils Toffer qui se saisit d’une pierre.

— Ne me tourne pas le dos !

Arch sentit un violent choc le heurter à l’arrière du crâne. Il chancela contre l’arbre le plus proche, la main plaquée sur les cheveux. Un bourdonnement lui traversa l’os jusqu’aux oreilles, accompagné d’une vive douleur. Pris de court, les gamins se trouvèrent du regard, comme si le geste d’Allen venait de les condamner. Ce dernier sembla soudain prendre la mesure de son acte. Il déglutit, blanc comme un linge. Arch sentit une chaleur étouffante s’emparer de lui, une colère si soudaine et si profonde qu’il ne parvint pas à la contenir. Il se retourna, le regard noir de rage. Le contact électrique de son aura se répandit comme une onde de choc, brisant la glace et soulevant la neige. Les enfants vacillèrent sous le souffle, à tel point que l’un d’eux trébucha quand ses jambes se dérobèrent. Les poumons comprimés par l’aura, ils étaient incapables de respirer. Ils s’étouffèrent, le visage tordu de douleur.

Lorsqu’il vit la terreur dans leurs yeux, le jeune mage reprit ses esprits et la pression retomba dans l’instant, mais le mal était déjà fait. Au bord de l’asphyxie, la petite bande inspira à plein poumons en retrouvant de l’air. Ils toussèrent, menaçant de vomir. Allen tremblait, les yeux rougis de larmes et le visage blême de peur. Furieux, il serra les dents en passant une manche sur ses joues puis s’enfuit en courant, imité par ses camarades.

Le calme revint brutalement sur le lac. En état de choc, Arch se laissa tomber contre l’écorce, le souffle court, la tête plongée entre ses mains tremblantes. Il aurait des ennuis, c’était une certitude, mais tout ça était à mille lieues de ses préoccupations. Il aurait pu les blesser gravement. La scène se rejouait inlassablement dans sa tête comme une torture. Qu’est-ce qui lui avait pris ? Il s’était fait une promesse, ne jamais plus se laisser atteindre, passer au-dessus de tout ça. Comment s’était-il laissé déborder ainsi ? Le professeur l’avait pourtant mis en garde, pas plus tard que ce matin.

La douleur à l’arrière de son crâne revint progressivement. Il observa le rouge diffus qui avait coloré le bout de ses doigts puis une main se posa sur son épaule. Il soupira. La chaleur du contact sembla se diffuser à travers tout son être en écartant les sombres pensées. Il aurait aimé rester ainsi et les effacer totalement, mais elles étaient tenaces.

— Est-ce que ça va ?

Arch releva la tête, découvrant le visage inquiet de Kahya. Son regard et son intonation en disaient long. Elle avait assisté à la scène.

— Tu es déjà là ? s’étonna Arch comme si de rien était. Tu ne devais pas aider ta mère ?

— Si, répondit Kahya, surprise par sa réaction, mais tu la connais. Elle avait fini avant même que j'arrive.

Elle sortit un mouchoir en lin, ramassa un peu de neige pour l’y enrober et l’appliqua sur sa plaie avant qu’il ne prenne le relais. Elle le laissa faire, prenant place à ses côtés en croisant les bras autour de ses genoux. Il grimaça au contact du froid puis massa délicatement la bosse qui commençait à apparaître. Une délicate odeur de lilas et de framboise émanait du tissu.

— Et le professeur ? demanda-t-il.

— Il m’a retenue moins longtemps que prévu.

— Que t’a-t-il dit ?

Kahya tâcha de sourire et observa le lac en silence. À l’évidence, elle ne s’étendrait pas sur le sujet.

— Tu penses que le professeur pourra t’éviter des ennuis ? demanda-t-elle enfin.

— Tu changes de sujet, lui fit remarquer le garçon, la curiosité aiguisée.

— Je ne suis pas la seule, ajouta-t-elle avec retenue.

Les mots sonnèrent comme une mise en garde. Arch décida de ne pas insister. Seuls les coups de marteau du forgeron leur parvenaient au loin. Il continua de masser sa bosse, le regard perdu, prisonnier de ses réminiscences.

— Je pensais être au-dessus de tout ça, soupira-t-il finalement. Mais je me voile la face depuis trop longtemps. Peu importe ce que je fais, ça finit toujours de la même façon.

— Les Toffer sont des idiots, lui répondit Kahya d’une voix douce. Quant aux autres, ils ne font que les suivre. Ils ne comprennent pas, ils ont simplement peur.

— Comme s’ils avaient toujours été les seuls…

Les mots semblèrent jaillir tout droit du fond de son cœur. Arch les avait prononcés à voix basse, désirant sans doute les garder pour lui, mais Kahya les entendit. Ils résonnèrent dans sa poitrine tandis que son estomac se nouait. Elle avait traversé ses propres histoires, elle aussi, mais elle ne savait rien de ce qu’Arch avait pu vivre par le passé. Rien, hormis les rumeurs. Il n’en avait jamais parlé, n’avait jamais même évoqué le sujet. La jeune fille craignit un instant d’avoir ravivé quelque chose qui n’aurait pas dû l’être. Elle regarda Arch fixement, guettant la moindre réaction. Il resta de marbre et elle n’obtint aucune réponse. Arch n’était pas du genre à montrer facilement ce qu’il ressentait.

Les yeux de Kahya descendirent, s’attardant sur le col du jeune mage où un médaillon se balançait. Il était probablement sorti à son insu durant l’altercation. Petit, l’objet dessinait un parfait ovale. La surface satinée était ciselée d’écailles et de veines dorées courant comme des serpents. Au centre, un dragon s’enroulait avec grâce autour d’une ancre. Kahya connaissait ce symbole. Où l’avait-elle déjà vu ? Lorsqu’Arch remarqua qu’elle s’y intéressait, il s’en saisit et le retira de son cou pour le lui tendre. Elle le prit soigneusement entre ses mains, gênée. En l’ouvrant, elle remarqua un complexe mécanisme à rouages.

— Remonte-le.

Elle s’exécuta. Après quelques tours, une mélodie mélancolique ne tarda pas à s’en échapper. Kahya plissa les yeux puis comprit enfin où elle avait déjà vu ce symbole. Imprégnée par les échos de chaque note, elle ne put s’empêcher de fredonner, les yeux clos. Surpris, Arch se redressa. Lorsque Kahya se mit finalement à chanter, le temps autour d’eux sembla s’arrêter.


Au déclin des dernières lueurs, dans les montagnes du Haut-royaume,

L’enfant portait promesse en son cœur, qu’un jour se vêtirait du heaume.

Honorant la mémoire de feu son père, au plus jeune âge prêta serment.

Le cœur serré il prit la mer, laissant cette terre qu’il aimait tant.


Ô mon enfant, sois fort et fier, Port-Vaillant contera tes exploits.

Il n’est plus grand péril que la mer, prends garde, prends garde oui prends garde à toi.


Lorsqu’il revint en grande terre, à présent l’homme fut fait dragonnier,

Pourtant ce jour il ne vit pas sa mère, à l’océan elle était retournée.

On lui remit d’elle une lettre, sous ce grand heaume, nul ne le vit pleurer.

Entre les souvenirs il y vit apparaître, un secret qu’il lui faudrait garder.


Ô dragonnier, sois fort et fier, est-ce le destin qui t’attends ici-bas ?

Faut-il parler ou bien se taire, prends garde, prends garde oui prends garde à toi.


Il apprit que son défunt père, du haut royaume était le roi,

Que sans famille, ni fils, ni frère, ce titre lui revenait de droit.

Il marcha sur la citadelle, ses frères d’arme dans son sillage,

Le régent à cette nouvelle, se prépara pour l’abordage.


Ô héritier, sois fort et fier, ton trône il ne te rendra pas,

Et toi qui t’opposes à l’enfant de la mer, prends garde, prends garde oui prends garde au roi.


Kahya ralentit sur les derniers mots et les notes s’évanouirent elles aussi. Elle rouvrit les yeux, inspectant la surface satinée du métal.

— Le professeur me contait cette histoire il y a bien des années, lui avoua le garçon. Mais il n’était pas si doué en chant, ajouta-t-il en souriant. Comment connais-tu ces vers ?

— C’est le chant de Korye Han, lui répondit Kahya de son habituel ton savant, le périple du roi Orion. Ma mère est née au Haut-royaume.

La jeune fille s’interrompit. Son regard avait été attiré par de curieuses inscriptions gravées sur le métal. Elle reconnut les élégantes runes : De l’elfique.

Elye o Naren. Vis et rêve, déchiffra-t-elle à voix haute sans pouvoir finir le reste effacé par l’usure. Arch, qui t’a donné ce médaillon ?

— Il appartenait à ma mère.

Kahya baissa les yeux. Si elle avait pu se frapper à cet instant sans qu’il ne la voie, elle l’aurait probablement fait. Idiote, pensa-t-elle en se mordant l’intérieur de la lèvre. Elle ne faisait que cumuler les maladresses depuis le début de leur discussion. Qu’est-ce qui lui avait pris de regarder le bijou de façon aussi évidente ? Comment n’avait-elle pas pu comprendre plus tôt ce dont il pouvait s’agir ? Elle le lui rendit finalement et il passa un doigt sur les runes gravées à sa surface.

— Mais ces mots ne sont que des chimères, murmura-t-il en le laissant disparaitre sous sa tunique. Elle n’aura jamais été là. Je ne l’aurai jamais connue. Vis et rêve… J’ai beau me dire que je peux changer les choses, qu’en devenant le plus grand mage qui ait jamais foulé cette terre je pourrais leur faire comprendre que la magie peut servir le bien de tous, je suis coincé dans un village où je n’ai même pas ma place. Rêver ? Comment je pourrais simplement espérer quoi que ce soit ?

Le visage triste, Kahya l’écouta en silence. Si elle pensait avoir compris une chose, c’est qu’Arch aspirait à de grands desseins et ne baissait jamais les bras. C’était la toute première fois qu’elle prenait conscience de ses doutes. Quel sentiment amer. Arch ne s’était jamais confié à elle auparavant. À personne, en réalité. Elle eut l’impression qu’une carapace se fissurait, mais ce que cette armure cachait l’effrayait. Arch se saisit d’une petite poignée de cailloux et joua avec avant d’en lancer un d’un geste désinvolte. Il roula sur la glace puis plongea dans l’eau du lac au milieu d’un banc d’argelunes.

— Ils ne savent pas ce que ça fait d’être pointé du doigt, lâcha-t-il d’un ton acerbe, d’être mis à l’écart chaque jour, brimé, moqué.

Il en lança un autre.

— D’être seulement considéré comme une menace.

Puis encore un.

— Comme un monstre.

Ce dernier mot sembla les blesser tout deux plus que les précédents. Il marqua une pause alors que ses épaules s’affaissaient.

— Je suis fatigué de tout ça. J’ai peur du jour où je commettrai l’irréparable, comme j’ai failli le faire aujourd’hui.

Il arma son bras, prêt à lancer la dernière pierre.

— Du jour où je deviendrai ce monstre.

Kahya lui attrapa soudainement le bras, l’empêchant de poursuivre. La pierre chuta à leurs pieds. Surpris, Arch tourna la tête vers son amie. Les yeux rougis de la jeune fille se couvraient d’un voile humide. Un trait brillant se dessina sur sa joue. Elle n’avait jamais pris la véritable mesure de ce qu’il ressentait jusqu’à aujourd’hui. Arch tenta de se justifier sans qu’aucun mot ne passe la barrière de ses lèvres. Kahya sembla elle aussi se rendre compte qu’elle avait agi par réflexe. Mais avant que le silence ne s’étende, elle prit une longue inspiration, de celles forgées dans les résolutions les plus sincères. Elle reprit confiance, comme si le pouvoir de tout balayer venait de lui être accordé.

— Tu n’es plus seul aujourd’hui. Nous sommes là. Laisse ces gamins dire ce qu’ils veulent de nous, tout ça n’a pas d’importance. Je sais à quel point tu veux devenir meilleur, que ton souhait le plus cher est de changer tout ça. C’est ce qui importe, et l’unique chose dont tu ne dois jamais t’écarter.

Arch fut surpris par sa détermination et y pensa un instant. Il voulait y croire. Il voulait tellement y croire et lui faire confiance, mais tout était contre eux au village. Tout avait toujours été contre eux. Il voulait partir, quitter ce maudit endroit.

— J’ai essayé Kahya, dit-il d’une voix chancelante. J’ai vraiment essayé.

Kahya ne put trouver les mots immédiatement tant l’expression du jeune mage était sincère. Mais elle appuya un sourire tout en l’enlaçant tendrement.

— Faisons en sorte de changer ça ensemble. Tu réaliseras ton rêve, Arch. J’en suis persuadée.

Seuls au bord du lac, les pensées du jeune mage semblèrent s’envoler avec la brise. Même s’il doutait certainement que les choses changent du jour au lendemain, une chose, elle, était certaine. Dieux, comme il aimait ce sourire.

Commentaires

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 14 versions.

Vous aimez lire Cylliade ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0