Chapitre un
La tête contre la vitre du taxi qui me ramène à la maison, je lutte difficilement pour ne pas vomir la trop grande quantité d’alcool que j’ai ingurgité. Je vois le chauffeur me regarder et certainement espérer que je ne régurgite pas. Il me dépose devant chez moi, je le paie et prends une grande bouffée d’air glacé en descendant. Je peine à monter les quelques marches qui mènent à ma porte d’entrée et encore plus de mal à insérer la clé dans la serrure. Je réussis après plusieurs tentatives et manque de m’affaler dans mon entrée.
Heureusement que je vis seule dans cette grande maison. L’odeur de tabac froid mélangée à celle de la cuisine me prend à la gorge, faisant remonter mon estomac. Je me précipite au w.c et remonte promptement l’abattant, avant de m’agenouiller. La tête dans les toilettes, je rends mon trop-plein d’alcool. Je soupire de bonheur en me sentant plus légère et un peu moins ivre. Je prends mon courage à deux mains et nettoie les traces de notre petite fête entre copines, qui comme de coutume s'est terminée dans un bar. Je ne devrais pas ouvrir avec le froid qu’il fait, mais rien que d’imaginer l’odeur d’une bougie parfumée cela me retourne le ventre. J’ouvre toutes les fenêtres en partant depuis le grenier au quatrième étage jusqu’à la cave. Comme beaucoup de logements construits, il y a soixante ans, ils sont plus hauts que larges. J’ai bien fait de faire poser des grilles aux fenêtres de la cave et du rez-de-chaussée. Pendant que la maison se ventile et se refroidit, je me laisse aller dans un bon bain bien chaud, après m’être assurée que la porte d’entrée était bien verrouillée.
Décrassée, démaquillée et la bouche propre, je sors de la salle de bain vêtue de mon peignoir en polaire et referme les volets ainsi que les vitres de ma résidence. J’écoute les clims, récemment installées, tourner pour réchauffer la demeure et monte dans ma chambre au deuxième étage. Je claque des dents tellement il y fait froid tout en fermant en dernier toutes les ouvertures de la pièce. C’est seulement quand je me glisse sous la couette que je remarque que je ne suis pas seule dans mon lit. Sur le coup, je pense, que c’est le chat des voisins qui s’est encore faufilé sous mes couvertures.
Mais je comprends vite que cela ne peut être le chat, il ne prend pas autant de place d’habitude. J’allume ma lampe de chevet, après avoir quitté le lit et constate que c’est un homme, un homme blessé qui plus est.
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