Contresens
Il pressa le pas.
Avec difficulté, il se fraya un passage dans la marée humaine qui remontait les Champs-Élysées, il était le seul à marcher dans cette direction. Tout le monde remontait, lui descendait. Sa progression était de plus en plus difficile. Il se heurtait en permanence à cette foule terrifiée. Certains, en le croisant, le fixaient d'un air incrédule sans comprendre pourquoi il ne fuyait pas. Pourtant, rien ni personne n'aurait pu le convaincre de faire demi-tour pour suivre le flot. Il était déterminé, son choix était fait, il irait jusqu'au bout.
La cohue devint extrême, l'agitation se transforma en panique, des hommes et des femmes trébuchèrent, furent piétinés et laissés au sol sans un regard. Chacun ne pensait qu'à une chose, courir, fuir le plus loin possible. Il ne voyait personne dans la foule, pas un regard, pas un signe qui aurait pu le faire renoncer à son projet. Ses forces commencèrent à décliner. Il faillit perdre l'équilibre, mais il tint bon et continua sa progression.
Bientôt, le grouillement humain se fit moins dense, les cris diminuèrent d'intensité. Il put accélérer sa course. Il ne lui restait plus que quelques mètres à parcourir, enfin il se retrouva seul et put s'arrêter, haletant, épuisé mais satisfait d'avoir atteint son but. Un silence glacé s'installa. Les contours de son champ visuel commencèrent à s'estomper, la brume enveloppa le jour déclinant, son ombre disparut.
Alors il vit l'insoutenable et poussa un dernier soupir. Au bout du chemin il avait trouvé ce qu'il était venu chercher...
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