Je prends place aux côtés de Garry, et complète le cercle déjà partiellement formé. Sont ainsi réunis les chefs incontestés de la mafia palermitaine en cette occasion plus qu'extraordinaire, mais je ne sais rien de plus à ce propos. Des regards s'échangent, chacun essayant de mettre en avant sa force, son pouvoir, son argent, son intelligence. Une réunion au sommet, guerre différente d'un conseil d'administration.

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Le premier à ma droite est Mattia Dell'Angelo, le plus jeune. Il a fait fortune dans les « assurances ». C'est un homme intelligent et cultivé. Brillant étudiant à l'université, il s'est rapidement fait connaître dans le milieu académique pour ses travaux, aussi bien en Italie qu'à l'étranger. Par la suite, il s'est dirigé vers l'enseignement dans plusieurs universités et donne encore aujourd'hui des cours de droit constitutionnel.

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Très catholique, si, bien sûr, on oublie ses activités peu avouables dans Cosa nostra, Luca Montagna tire, quant à lui, son patrimoine du blanchiment d'argent, ou d'une manière plus élégante, la « vente d'indulgences ». Le prêtre qu'il est sait très bien profiter de son autorité morale pour diriger plus ou moins indirectement les affaires.

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Salvatore Giacomino, la trentaine comme Dell'Angelo, a lui gagné son argent grâce aux divers casinos qu'il possède à Las Vegas, Macao, la Côte d'Azur et un peu partout dans le monde, officiellement du moins. Il parle parfaitement chinois, ce qui lui offre une place privilégiée pour négocier avec les partenaires et les triades. Je le sens perturbé. Lui, regarde fixement la table d'un regard vide.

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Je connais mal les autres. Matteo Lopiccolo, la cinquantaine, maître chanteur à ce que j'en sais, mais ce serait sûrement une erreur de ne pas creuser davantage. Michele Tommasini et Nicola Scarani, la quarantaine tous les deux. Leurs spécialités : les trafics, d'armes, drogue, contrefaçon. Des âmes de contrebandiers en somme.

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Giulio Colonna, normalement plus discret, est aussi présent. Impliqué dans des affaires de corruption et détournement de fonds, il n'a jamais été condamné, certainement grâce à ses appuis politiques. Enfin, Giuseppe Albertini, promoteur de boxe et grand investisseur du secteur sportif. Les paris truqués lui ont curieusement beaucoup rapporté, de quoi attiser la jalousie de certains.

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Vingt minutes passent pendant lesquelles ces maudits vantent les performances de leurs sociétés. Rien d'illégal, que je sache. Mais Garry interrompt l'espèce d'enthousiasme ambiant pour faire une annonce foudroyante : « Les amis, quelqu'un a vendu la mèche. Il y a une taupe parmi nous. »