L'Arrestation
Le Consigliere. Personne ne sait grand chose à son sujet. Juste qu'il est à la tête de nombreux réseaux mafieux en Sicile, Italie et Europe. Tout le monde ignore qui il est. Il est surtout respecté pour ses coups d'éclats et sa terrifiante efficacité. Dans le milieu, il n'est connu que depuis un an, mais déjà son nom possède une notoriété internationale.
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En un mois à peine, le Consigliere s'est débarrassé de toutes les familles de Catane. L'actuel parrain de la ville, un certain Carlo Bandiera, inconnu des services, dirige en effet les affaires pour le compte du Consigliere. Suivant cette victoire écrasante et l'influence grandissante de ce nouveau venu, onze chefs mafieux de Palerme se sont alors réunis pour négocier une alliance avec le Consigliere.
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Ceux-là même qui disparaissent sous mes yeux. Mais depuis la tentative d'empoisonnement de Giacomino, de nombreux messages circulent à Palerme. Toutes les heures, les forces de police et les journalistes reçoivent des avertissements de l'Organisation. Une action est imminente, la tension est particulièrement élevée dans la pègre locale.
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Comme redoutée, l'offensive commence : deux fusillades éclatent simultanément à 4 h 12 ce 6 juin aux abords du consulat de France. Quatorze morts, des civils. Un groupe de tireurs est déjà neutralisé avant même l'arrivée de la police. Un autre a disparu dans la nature. Deux groupes s'affrontent à l'intérieur du consulat. C'est tout ce que me dit Blackill pour l'instant. Je me dépêche de rejoindre les lieux.
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Les coups de feu ont cessé mais la fusillade s'est transformée en prise d'otage. Personne ne sait ce qui se passe dans le bâtiment. Aucun contact jusqu'à présent. Un important dispositif de sécurité est déployé, tout le quartier est bouclé. Il est 6 h 37 lorsqu'un premier groupe nous contacte, très agressif, menaçant de tuer tout le monde.
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Nous recevons l'appel du deuxième groupe à 6 h 50. C'est un otage qui parle, livrant un message qui se veut rassurant : ils ne veulent pas les tuer, ils sont prêts à coopérer pour mettre un terme à cette affaire mais refusent de laisser approcher la police.
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Il est 10 h 23 lorsque de nouveaux coups de feu et explosions retentissent dans le bâtiment. Les deux groupes s'affrontent dans une rare violence. Le groupe que nous appelons Passero (Moineau), le plus calme, nous recontacte : « leurs » otages sont sains et saufs.
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Du côté de Blackill, on s'empresse de demander l'aide de Lucius et Interpol pour résoudre la situation. Des coups feu reprennent. Un groupe d'intervention se lance à l'assaut. Il essuie des tirs, mais réussit à entrer dans le consulat. Peu de temps après, le groupe ressort diminué : trois policiers ont péri.
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Le chef des opérations, Blackill, rugit furieusement : « Qui a donné l'ordre ? Je veux savoir qui est le sombre crétin qui a donné l'ordre ! Si je le trouve, je jure qu'il va me le payer ! » C'est un coup dur pour le moral des équipes.
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Il est 13h 45 lorsque des cris se font entendre. Ce sont des cris de joie mêlés à la peur : « Le Consigliere ! Le Consigliere ! » Des coups de feu répriment la panique. Quelqu'un réussit à sortir du bâtiment, il se fait froidement abattre. Un autre tireur se jette par la fenêtre. Plusieurs autres se rendent dans la précipitation.
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Blackill court, le téléphone à l'oreille, tout en me faisant signe de le rejoindre au plus vite. Plusieurs voitures nous suivent. L'Anglais me montre alors le journal de Rai 1 sur un ordinateur portable, l'édition d'il y a quelques minutes seulement. On y entend une voix brouillée, sans doute celle du Consigliere, annonçant la capture du traître. Une vidéo suit.
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Des hommes armés encerclent un individu dont les images ne permettent pas de l'identifier. Le traître se débat violemment dans tous les sens, il est dos au mur. Le Consigliere termine son annonce : « L'enquêteur Lucius connaît le lieu de sa captivité. » Dernier avertissement de sa part : « Essayez encore une fois de me défier et je jure que vous me le paierez. »
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Les voitures arrivent finalement au stade. Je mène l'action aux côtés de Blackill, suivi des renforts. Nous courons jusqu'à l'intérieur de la billetterie où semble se trouver le captif. Ce sont d'abord des cris indistincts qui nous accueuillent, résonnant dans l'espace désert qui nous entoure. Puis nous nous retrouvons face à face avec le criminel.
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L'individu a le regard terrorisé, déséspéré, seul dans l'arrière-salle de la billetterie. Il recule en nous voyant et tend la main devant lui en guise de vaine protection : « Non ! Allez-vous-en ! Le Consigliere ! Non ! » Il s'écroule désemparé, le dos au mur. Blackill rengaine son arme, avance lentement et met les menottes à Lopiccolo.
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