Absent le mardi soir, je dormais avec elle,
Compensant, sans savoir, ta promesse d'autel.
Tu laissais ta place vide dans ce lit à deux creux,
Pour des nuits plus torrides comme jeune amoureux.

Elle prenait soin de moi pour ne pas réfléchir,
Faire taire les voix détruisant son empire,
Celles qui lui susurraient tes plus grossiers mensonges
Comme un disque rayé que le doute prolonge.

Silencieux, hermétique, mais jamais malveillant
Tu les gâtais de chic, elle et vos deux enfants,
Mais comme tant d'autres cœurs, effréné, insatiable,
Éternel séducteur, galant marchand de sable.

Elle ne m'a jamais dit sa douleur ou détresse,
La parole obscurcit quand le bât déjà blesse,
Sa mine parfois pincée et sa rancœur rageuse
Doivent à ta légèreté leurs esclandres tapageuses.

Accepter ou s'enfuir, ou mourir de chagrin,
Affronter ou en rire, nier jusqu'aux confins,
Briser le canevas de la famille parfaite,
Continuer le combat, escalade malhonnête.

Consentir au pardon, faire taire son ego,
Trouver mille raisons justifiant ton défaut.
Espérer retrouver la confiance trahie,
Étouffer le secret qui, chaque jour, rejaillit.

Elle est restée tenace, colonel à l'âme fière,
Délivrant ses menaces, infinie froide guerre.
Tu as aimé ailleurs, formant double famille,
Sans apparente peur, qu'une nuit elle te fusille.

Était-ce ça l'amour ? Que vous êtes-vous dit ?
A la fin du long jour où elle trouva répit.
Avec moi maintenant, que me conseillerait-elle ?
Regrette-t-elle l'amant ou tes toiles aquarelles.

MH.