Me voilà devant toi, qui en a décidé,

A voté cette loi, qui va me condamner,

Criminelle, à tes yeux, promise à la sentence,

De ne mériter mieux que ta haute potence.

Tu invoques la Nature, le respect de la vie,

Te sentant en mesure, dans cette hypocrisie,

De prononcer ma fin, et celle de toutes femmes,

Qui n'avaient, pour dessein, de connaître tel drame.

Connais-tu ses variables et ses métamorphoses ?

Sais-tu qu'elle est capable de mal faire les choses ?

D'en priver, toujours trop, de vivre une grossesse,

Comme de créer bourreaux, accidents et faiblesses.

Tu ignores l'angoisse, et parfois la souffrance,

N'entends que ta paroisse, et y perd tout ton sens.

Pourquoi forcer à naître, en Terre surpeuplée,

La graine que ce traître a, de force, plantée ?

Mon genre a-t-il contraint, les plus viles figures

Qui composent le tien, à subir chaque augure ?

Combien de pères absents, d'enfants non reconnus,

D'environnements violents, de familles à la rue ?

N'y a-t-il pas déjà, pour ton amour si grand,

Dans les orphelinats, sous les bombardements,

Des milliers de petits, dont le coeur bat, dehors,

Maltraités par la vie et les coups de son sort ?

Il n'est pas de confort à l'expérimenter,

Ni fierté, ni remords, ni culpabilité.

Il est par contre un droit, acquis de longue lutte,

Menacé chaque fois que notre attention chute.

Tu me files la nausée, et toute ton église,

Ne cessant de juger de ce qu'on autorise.

Distribue des capotes, informe les jeunes gens,

Enferme ceux qui tripotent sans clair consentement.

Des femmes avorteront, toujours, probablement,

En accord ou affront de leur fertile amant.

Laisse-leur liberté et bouée de sauvetage,

Que dans la dignité, elles traversent l'orage.

MH.