Il contemplait, assis, sur le rebord du monde,

Ce qu'ils avaient construit de merveilles et d'immonde.

Fourmilière grouillante, anonymes malheurs,

Cacophonie géante sourde aux cris de l'horreur.

Il venait d'une terre riche de diamants,

D'or, de cuivre et de fer, de cobalt et coltan.

Pourtant, sur ses pieds nus, par les pas abîmés,

Coulait une pluie drue, glaçant son corps fluet.

Des gisements de honte, où travaillaient petits,

Exploités par les pontes de la grande industrie,

Propriété privée de castes corrompues,

Privant un peuple entier de jouir de son dû.

Il avait vu pilleurs, machettes et sauvages,

Décimer ses bonheurs et brûler son village.

A cette heure, orphelin, héritier d'injustices,

Les gouttes n'étaient rien et lavaient ses auspices.

Il était parti seul, marchant pendant des mois,

Refusant le linceul, ou l'accore de la foi,

Mû par l'espoir profond d'un meilleur lendemain,

Ignorant les bas fonds du commerce libyen.

Des marchés d'infamie, soldant les innocents

Aux riches seigneuries, aux mains baignées de sang,

Aux despots oppresseurs, aux nouveaux scélérats,

Rendus fous par l'odeur des billets et carats.

Il avait échappé au sort de tant d'étoiles..

Certaines s'éteignaient dans les mers impartiales.

Epuisés par l'effort, à la santé fragile,

D'autres se laissaient morts sur les bords de l'exil.

Il espérait ici, malgré le froid perçant,

Vivre les accalmies d'un destin plus clément.

Courageux inconnu, survivant de l'enfer,

Il regardait ému, la main tendue d'un frère.

MH.