Clones
Ils cherchent leur bonheur dans les cafés bondés,
Comme si dans le cœur d'un autre se trouvait
Le remède à leurs peurs ; comme si esseulés,
Sans complice d'honneur, ils n'étaient que moitié.
Ils courent leur bonheur dans mille activités,
Comme si dans les heures les plus pleines coulait
Le baume des terreurs ; comme si déchargés,
Sans planning esbroufeur, ils n'étaient pas complets.
Ils chinent leur bonheur dans les havres de paix,
Comme si dans l'odeur des encens s'inspirait
Le calmant des erreurs ; comme si apaisés,
Sans mouvements rageurs, ils étaient rassurés.
Ils quêtent leur bonheur dans les rires forcés,
Comme si dans l'humeur niaise se cueillait
L'onguent de leurs douleurs, comme si insensés,
Sans l'ombre d'aucun pleur, ils n'étaient plus inquiets.
Leur méritocratie n'aime pas la colère,
La tristesse ou l'ennui. De loin elle profère
L'admis et l'interdit, les émotions à taire
Et celles qu'ils publient sur les murs adultères.
À fuir ce que la vie a de plus délétère,
Ils fuient aussi le nid de leurs plus beaux mystères,
Le bonheur infini se nourrit de l'enfer,
Et tous deux sont enfouis au fond de leurs viscères.
MH.
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