Ils me filment sans cesse, à chaque coin de rue,

Leurs caméras se baissent sur mes allées-venues,

De la gare au bureau, jusque dans ma voiture,

Ils me filment de haut, fortuite filature.

Je ne les connais pas, l'accord semble tacite,

Après les attentats tout est allé si vite,

Besoin sécuritaire, insatiable et profond,

Rendu prioritaire à toute autre notion.

Anonymat banni, contrôles réguliers,

Groupements interdits, poches cent fois fouillées,

Milices préventives, fichiers, renseignements,

Surveillance massive au nom du drapeau blanc.

Ils m'écoutent sans cesse, à chaque mot dicté,

Leurs micros ne délaissent pas même un aparté,

Pour connaître mes goûts, mes avis, mes envies,

Ils m'écoutent surtout pour vendre leurs produits.

Je ne les connais pas, l'accord semble tacite,

Algorithmes, IA, ils n'ont pas de limite,

Amasser le pognon créé par les machines,

Être le plus glouton de tous les Wolverines.

Traçage des données, publicités, cookies,

A chaque clic pisté, analysé, suivi,

Ventes d'informations, profilage infaillible,

Trans-humanisation pour destin prévisible.

Que celui qui refuse un jour de s'y soumettre

Soit celui qu'on accuse et qu'on vise de traître.

Atteinte aux vies privées, soupçonnées par leur monde,

De fausses vérités et de desseins immondes.

Je finirai exclue des ordres établis,

Chassée par leurs vertus et leurs autocraties,

Paisible au bord de l'eau, dessinant, inspirée,

La Déesse au flambeau qu'ils auront sacrifiée.

MH.