Chapitre 7
J’insère les clés dans mon appartement. Mes mains tremblent intensément. Une boule se forme dans ma gorge. Mais la torture ne s’achève pas ici ; j’ai la nette impression que quelqu’un a pénétré chez moi.
Je marche en direction du salon et allume la lumière. Rien n’a bougé. Toujours la même composition. Soulagé, mon cœur ralentit.
Rince-toi le visage et va te coucher, mon vieux.
J’exécute ma pensée. Mais l’horreur surgit lorsque je pousse un hurlement terrifiant. Sur mon miroir est écrit une phrase qui embue mon regard d’un flot de larmes cinglantes. Je tombe au sol, poussé par des mots bien choisis. Mes yeux se perdent. Le poids de la douleur est immense. Je suis écrasé par une force maléfique.
Cap ou pas cap de grimper la montagne interdite ?
Personne ne pouvait être au courant que c’est cette phrase qui avait fait basculer nos vies. Je l’avais prononcé sans arrière-pensée. Mais Victor m’avait écouté. Comme un défi à relever.
Le défi de trop.
Puis tout est allé si vite ensuite. Victor qui prenait de l’assurance. Il me distançait. Je peinais à le rattraper, puis la chute au sommet. La panique pour moi. Un chronomètre interminable. Une course contre la montre.
Enfin, le cri. Celui qui hantera mes nuits pour le restant de ma vie.
Mais qui pouvait connaître l’origine de cette phrase ? Qui avait pu s’infiltrer chez moi ?
Après avoir nettoyé la trace en flageolant de tout mon être, je me suis allongé dans mon lit. Mais le sommeil ne m’a pas trouvé. Une idée saugrenue est venue s’implémenter. Ridicule. Mais je devais en être certain.
Je me suis levé et j’ai ouvert mon armoire. À part une odeur d’humidité et de vieux bois, rien. Mais un grincement a retenti et j’ai refermé immédiatement, le cœur battant la chamade.
C’en est trop. Dors, Antoine. Ne pense plus à tout ça. Tu te fais des films.
Mais Morphée ne m’a pas tendu ses bras ce soir.
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