Chapitre 8
Tu commences à douter de toi. À douter de tes actes. À te demander si nous étions réellement seuls le jour de la catastrophe. Et si quelqu’un d’autre était tapi dans l’ombre, derrière un arbre, à nous observer ? Et si c’était moi ?
Ridicule, n’est-ce pas ? Mais tu y as pensé durant cette longue nuit interminable, terrifié à l’idée d’être la ligne de mire d’un fou. Tu es une proie facile, Antoine, manipulable. Ton cerveau chavire à chaque souvenir vivant. Toutes les allusions te pétrifient. Tu es brûlé par tes démons.
Tu me rends euphorique. Jamais je n’aurais pensé que tu abandonnerais si vite ! Nous nous amusions tellement bien. La porte de ton armoire qui grince. Le message sur ta glace dans la salle de bain.
Tout ceci n’est pas le fruit du hasard. Oui, nous ne sommes que deux à connaître cette phrase. Qui d’autre aurait pu l’entendre ? Qui d’autre aurait pu la deviner ?
Nous sommes liés. Je te l’ai dit, tu m’as laissé pour mort, cela ne veut pas dire que je ne le suis pas. Mais ça ne signifie pas pour autant que j’aie renoncé à la vie. Je mange toujours. Je respire actuellement. J’absorbe tes peurs.
J’irais même plus loin : je te contemple tel un joli tableau, sans but précis, sans message particulier.
Regardez-le dormir. Un oisillon dans une cage qui tente de s’envoler pour échapper à ses poursuivants.
Mais bien souvent, il tombe et la réalité le rattrape. Lorsque la chute s’élance, elle ne s’achève pas avant d’être arrivée au bout du chemin.
Mais je suis une exception. J’ai échappé à la mort. J’ai survécu à la montagne maudite !
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