Chapitre 2

Lhiréa & Lhiréou durent faire preuve de beaucoup de conviction pour que Réan pose son vaisseau sur Leaurélia, accompagné de sa prise spatiale.

Le traumatisme subit, avec la catastrophe des "Araignées" et la disparition d'Iliéna, son frère, dans l’assaut final de leur planète, est encore si vivace qu’il assimile cet objet inconnu, visiblement façonné par une civilisation spatiale, à une production des "Araignées"*.

Lhiréa & Lhiréou sont persuadées que cette structure, dérivant dans l’espace, ne peut avoir pour origine la planète maudite des "Araignées". Aussitôt débarqué dans leur laboratoire, Lhiréa prend en charge les opérations de scan complet de ce qu’elle doit désormais nommer "L’Appareil Spatial". Immédiatement, elle repère le générateur nucléaire alimenté par la désintégration du plutonium. Elle exécute les mesures nécessaires pour continuer son étude à l’abri des radiations dégagées par cet appareil.

— Fantastique ! Les êtres qui ont conçu ce générateur, maîtrisent l’énergie nucléaire. Le plutonium est un sous-produit de centrale nucléaire à fission que nous utilisions avant la découverte de la fusion nucléaire.

— Par contre, Lhiréou, je ne comprends pas pourquoi cette énergie n’est pas utilisée pour la propulsion. Ce générateur ne sert, apparemment, que pour l’alimentation d’un émetteur d’ondes électromagnétiques.

— Oh ! Lhiréa. Regarde sur le côté de cet engin, il y a une plaque avec des symboles gravés, fait un zoom dessus.

— Extraordinaire, cela représente "l’Appareil Spatial" stylisé. Il semble partir d’une planète et en survole de plus grosses sur sa trajectoire.

— Ce qui expliquerait peut-être qu’il ne possède pas de moyens de propulsion. Ses concepteurs auraient utilisé la force d’attraction des grosses planètes, comme Iléria l’a réalisé pour détruire la planète des "Araignées". Ils ont, sur le même principe, accéléré sa vitesse, en échappant à l’attraction de leur soleil, déclare Lhiréa.

— De plus l'appareil émet, de façon régulière, des ondes électromagnétiques pour signaler sa présence. C’est ainsi que nous l’avons détecté.

— Lhiréa, continue le scan, je pense qu’il nous réserve beaucoup de surprises.

Derrière la plaque gravée, elles découvrent un disque métallique, et le retirent délicatement avec des pinces télécommandées par leur interface bionique.

Il est constitué d’une sorte de métal cuivré. Un fort grossissement optique fait apparaître des sillons-cuvettes qui n’ont pu être gravés que par laser, il est accompagné d’une aiguille !

Lhiréa & Lhiréou vont d’étonnement en étonnement.

— Lhiréa, à ton avis, quels êtres peuvent disposer d’une technologie aussi sophistiquée pour graver un disque au micron près ? Comment connaissent-ils la mécanique gravitationnelle de façon plus que précise, sans équiper cet appareil, visiblement chargé d’exploration spatiale, de propulsion autonome ?

— Extraordinaire Lhiréou ! Nos calculateurs ont analysé les gravures nanométriques de ce disque. Il s’agit d’un codage binaire, assez simple. Il s’apparente à celui d’origine de nos calculateurs. Nous devrions pouvoir en extraire quelque chose.

— Lance vite les procédures, Lhiréa. Je suis impatiente !

Rapidement surgissent des sons, assez aigus, pour leur appareil auditif de Leaurélien.

— Écoute Lhiréa ! Il semble que ces sons ont été enregistrés à notre intention ou au moins à l’attention de ceux qui découvriraient cet appareil.

. — Lhiréou, cela me rappelle une vielle tradition. Enfants, nous enfermions un message dans une boule de verre colorée et nous la jetions dans les vagues du grand océan de Leaurélia, en espérant qu’une personne la repêcherait à l’autre bout de la planète.

— Tu as raison Lhiréa, je viens d’avoir la même image. Ils sont optimistes ces êtres, l’univers n’est pas un petit océan. Même pour nous, c’est effectivement immense.

— Quelque part nous réalisons leur objectif ! Nous l’avons trouvé et nous essayons de le déchiffrer, conclut Lhiréou.

*Planète des Araignées : planète peuplée d’une Espèce dévoreuse d’énergie, rencontrée par la Planète Leaurélia au début de son voyage cosmique.