L'ascension au trône - 1/6

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   Les buches de chênes flambaient dans l’âtre de la chambre. Il s’en dégageait une chaleur agréable. Les flammes émettaient une douce lumière qui donnait un aspect plus accueillant à la pièce. Les murs de pierres sombres et les peaux de bêtes sur le sol lui donnaient malgré tout une allure rustique et quelque peu sinistre.

   Un imposant lustre et des candélabres sur lesquels étaient fixées de longues bougies allumées se trouvaient également là, faisant danser d’étranges ombres contre les murs. Il s’agissait cependant des seuls moyens que détenaient les occupants du château pour disposer d’un peu de lumière. Ici, pas de fenêtres comme l’on pouvait trouver dans d’autres lieux. Le climat ne s’y prêtait aucunement.

   L’été avait fait son arrivée depuis un mois, et pourtant le froid commençait déjà à refaire son apparition à l’extérieur. Bientôt, les arbres commenceraient à perdre leurs feuilles et la neige s’abattrait sur les terres. Contrairement aux autres contrées, le meilleur cycle de l’année n’était jamais long dans le royaume de Warnhos et ses habitants avaient appris à vivre avec ce rude climat. Il n’était en effet pas rare dans cette région d’Isthos que la neige commence à tomber dès septembre. Il fallait donc travailler plus dur lorsque les jours étaient doux afin d’avoir suffisamment de vivres pour tenir au cours de la saison froide.

   Lorenna habitait ici depuis sa plus tendre enfance et connaissait tout de ces sombres hivers où la nuit tombe sans attendre, les provisions viennent à manquer et où hommes et femmes meurent dans leurs sommeils, emportés par le froid. Elle n’avait évidemment jamais rencontré ce genre de situation elle-même.

   Elle était la fille de Daniel Lewis, souverain du royaume de Warnhos, et résidait ainsi au cœur de la Forteresse de Mont-Chazon. Fille unique, elle avait obtenu la meilleure éducation possible. Son père s’en était assuré en faisant venir au château les meilleurs maîtres dans chacun de leurs domaines. Toujours entourée de servantes et de gardes, elle n’avait jamais manqué de rien.

   Lorenna brossait ses longs cheveux blonds devant son miroir. Elle avait à présent vingt-cinq ans et pouvait être considérée, à n’en point douter, comme une ravissante jeune femme. En réalité, dire qu’elle était belle ne rendait pas suffisamment hommage à sa splendeur. La plupart des hommes pensaient qu’elle devait être une personnification de la Déesse, elle-même.

   Bien que la gent masculine soit particulièrement sensible à ses courbes et ses atouts féminins, qu’elle savait mettre en valeur avec goût, son visage attirait l’admiration et les éloges de tous. Sa longue chevelure blonde, son petit nez fin et ses délicates lèvres rosées faisaient beaucoup de jalouses parmi les femmes du royaume. Elle avait les yeux d’un bleu semblable au ciel, sublimés par de délicats cils et surmontés par de fins sourcils couleur crème. Ses joues légèrement rosées et sa peau pâle faisaient d’elle une véritable fille du royaume des neiges.

   Évidemment, cela n’était pas toujours un atout. Il s’agissait d’un sujet de dispute très fréquent avec son père qui voulait l’unir à un riche et puissant noble du royaume puisqu’elle ferait « un fabuleux parti ». Mais celle-ci avait son propre caractère et contrairement à son physique, qui se voulait fragile, son tempérament et sa volonté, eux, étaient aussi durs que l’acier. Elle refusait prétendant après prétendant, préférant coucher avec les hommes qu’elle choisissait plutôt que prendre pour époux l’un des nobles bedonnants que lui présentait son père. C’est pourquoi, malgré son âge, Lorenna n’était toujours pas mariée.

   Elle finissait de s’attacher les cheveux sous la forme d’une longue et élégante natte. Sa chambre était le seul lieu où elle n’hésitait pas à renvoyer ses servantes. Il s’agissait du dernier endroit où elle disposait encore d’un peu d’intimité. Ses servantes avaient pourtant insisté pour l’aider à se coiffer, mais elle s’était montrée ferme. La coiffure était un domaine dans lequel Lorenna se montrait particulièrement douée et cela l’apaisait.

   Ses yeux se portèrent un moment sur le portrait de sa mère qui se trouvait non loin de son lit. La ressemblance avec sa fille était saisissante. Aussi belle l’une que l’autre, elle semblait la regarder à travers le portrait avec bienveillance. Elle eut un regard triste tandis que de lointaines pensées revenaient à sa mémoire. Des souvenirs qui avaient de plus en plus de difficultés à se faire précis à mesure que le temps passait. Lorenna eut l’impression que sa vision devenait floue quand elle se rendit finalement compte que ses yeux étaient embués de larmes.

   Une goutte s’écrasa sur le sol lorsque quelqu’un toqua à sa porte.

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