Chapitre 12 : Des réponses
— Gaby ?
— La ferme.
— Où est Gaby ?
— Tu vas la fermer, oui ? Comment ça se fait qu’il parle, ce truc ?
— J’sais pas… J’espère qu’ils l’ont pas trafiqué. D’après Carlin, on peut pas les réinitialiser. En même temps, c’est assez logique.
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— Non, Alan, ne partez pas ! On doit pouvoir trouver une solution !
— C’est fini, Gabrielle. Fini.
— Que vont-ils lui faire ?
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— Le client arrive quand pour le transfert ?
— Dans trois jours… C’est un sacré veinard ! Qu’est-ce que je donnerai pas pour faire comme lui !
— Quinze millions…
— Si seulement je les avais.
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— C’est ridicule. Et impossible ! Physiquement, physiologiquement, philosophiquement. Impossible !
— Pourtant…
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— Gaby dit : « ne laisse personne te toucher si tu ne le veux pas ».
— C’est vrai qu’il est pas mal. C’est le genre de mec qui plait aux filles, non ?
— Je ne veux pas.
— Je me demande comme il est foutu, par là…
— Je ne veux pas.
— À mon avis, ils ont pas lésiné sur la marchandise, hein ! Moi j’en aurais demandé une énorme, enfin…
— On l’aurait moulée sur la mienne !
— Ahah ! T’es con !
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— Je peux comprendre que l’on puisse copier un cerveau. Ses connaissances, ses souvenirs, même ses compétences. Mais vous ne pouvez pas transférer la conscience ! Elle est… rattachée au corps. Enfin, je ne sais pas. Ce sera une copie, jamais l’individu.
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— Je ne veux pas.
— Y a pas moyen de le faire taire ? On peut pas l’endormir ?
— Non, ils dorment pas avant le transfert, ça leur sert à rien. Mais tiens, t’as qu’à le bâillonner.
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— Et puis, pourquoi faire ?
— Un corps qui ne vieillit pas, ne ressent pas la douleur, ne se fatigue jamais. N’est limité par aucune contrainte biologique. Une vie sans fin dans un corps parfait.
— Sans souffrance aucune ? Quelle folie !
— Vous refuseriez une telle vie ?
— Oui. La souffrance apprend l’empathie, le respect de l’autre. Je ne me sentirais pas vivante, sans souffrance.
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— Hey ! Le gus ! Viens par là.
— Pourquoi ?
— Parce que j’te l’dis, et que ça devrait amplement te suffire ! Putain... Encore heureux qu’ils ne soient pas tous comme lui… Déshabille-le, on va vérifier qu’il est intact. Lève les bras, Machin !
— Je suis John.
— Ahah ! Il m’fait rire ce con !
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— Vous ne pouvez pas lui faire ça !
— Moi ? Je ne risque pas. Je ne travaille plus pour eux. Celui-ci devait être mon dernier, mais…
— Votre dernier ? Mais… Combien ?
— Une vingtaine, peut-être plus. Le carnet de commandes est plein, malgré le tarif.
— Pourquoi n’en ai-je jamais entendu parler ?
— Ah, ça… Il faut croire que la vie éternelle n'est réservée qu'à quelques uns. Quelle serait la réaction du commun, face à cette possibilité ?
— Du commun ? Vous êtes d’un cynisme…
— Ce ne sont pas mes mots, ni mes pensées ; seulement ceux de mon employeur. Enfin, mon ex-employeur.
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— Tu sais qui l’a piqué ? C’est ce pignouf de Klein !
— Sérieux ? Et il voulait en faire quoi ?
— Bah, à ton avis…
— Il aurait pu faire ça de chez lui ? Je croyais qu’il fallait la machine…
— C’est lui qui l’a conçue, je suppose qu’il pouvait contourner le problème.
— Tu savais qu’il avait fait des avances à Mélissa ? Y en a qui doutent de rien…
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