A la fin de chaque journée,

Le grand Cerf faisait le cens,

Afin de pouvoir déterminer

S’il y avait la moindre absence.

Chaque biche et chaque faon

Devant lui se présentait

Avant de partir sous le soleil couchant

A la lisière de la forêt.

Il y avait un absent, comme toujours.

Ce fils de ce couple unique

Qui, orphelin, est arrivé un jour

Affamé et en panique.

Enfant d’une biche, au sein du troupeau

Il a été accepté mais à l’ombre des bouleaux,

Se faisaient des murmures et des ragots

Sur l’étrange petit dépourvu de sabots.

Cela avait duré longtemps,

Jusqu’à ce que le Cerf y mette fin

Au troupeau appartenait l’enfant

Il l’avait décidé, suite d’un serment sylvain.

A la fin de chaque journée,

Le grand Cerf faisait le cens,

En ce jour, il nota une absence,

L’étrange petit jouait au loin dans les prés.

Le Cerf constatait chaque jour

Un peu plus la vraie nature du petit

Mais entre serment et amour,

Il ne pouvait le chasser loin de lui.

Mais ce qui devait arriver arriva,

Le danger sur le troupeau frappa

Le petit prédateur se montra protecteur

Et défendit son troupeau avec ardeur.

Hélas… Son attitude attisa la peur,

Le troupeau n’était plus que frayeur.

Le petit tenait en effet plus de la panthère,

Du troupeau les biches le chassèrent

Le Grand Cerf pour une fois impuissant,

Par amour pour ce petit devenu réticent,

Lui indiqua le chemin du vieux repaire

Où il pourrait rencontrer son véritable père.

A la fin de chaque jour,

Le grand Cerf faisait le cens.

Comme toujours, il nota la même absence,

Mais cette fois-ci, ce serait pour toujours.