Chapitre 29

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Mercredi 24 Avril 2047 - 14h, trois jours après les événements du quartier fantôme.

Siège du FBI, Los Angeles.

 Tous les inspecteurs de la cellule Arès étaient réunis dans une grande salle. Ils étaient un peu plus d'une dizaine, parmi eux, se trouvait Felix et Phelps. L'inspecteur en chef était debout, face à ses collègues qui attendaient qu'il prenne la parole :

"Bonjour à tous. Je vais vous mettre au point sur l'avancée globale de l'enquête et sur ce que nous allons faire pour la suite. Pour commencer, comme vous avez pu le constater, les événements qui ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi ont mis de l'huile sur le feu. La dangerosité de Karoline McBlue s'établie de plus en plus à une échelle nationale. C'est en réponse à cela que Mr.Erra a décidé d'augmenter significativement le budget et les ressources alloués à notre cellule d'enquête. Dans les jours et les semaines à venir, nous allons travailler en coopération avec d'autres branches du FBI, des services secrets et de l'armée. Je vous donnerez plus d'informations une fois que tout cela sera mis en place…"

Personne ne semblait surpris de cette informations. Néanmoins, sans qu'il ne puisse se l'expliquer, Felix avait le sentiment que tout cela était étrange.

"Pour le moment, nous avons de nouvelles pistes concernant l'identité de la personne ayant fourni ses faux papiers à McBlue. Nous avons réussi à réunir sept noms de suspects potentiels. Malheureusement, nous ne pouvons qu'avancer à tatillon…. Chaque suspect devra donc être arrêté et interrogé, en espérant que l'on tombe sur le bon. Vous recevrez tous les informations concernant celui qui vous sera attribué sur vos réseaux personnels. Je vous fais confiance, n'oubliez pas que vous faites partie d'une cellule d'enquête gouvernementale. Vous disposerez de toutes les ressources de la police ainsi que de passe-droit. Rien ne doit se mettre en travers de votre chemin, vous avez carte blanche pour faire coopérer les suspects. Nous devons en apprendre le maximum sur notre tueuse et sur ses complices, je compte sur vous."

En attendant cela, Felix pensa :

"Donc, on a 'carte blanche'… Cela ne me plaît pas. Je sais que la situation est urgente, mais nous ne devrions pas prendre cela comme un prétexte pour faire n'importe quoi… J'essaierais au moins de faire de mon mieux de mon côté."

Une fois la réunion terminé, tous les inspecteurs retournèrent à leur bureau. Felix reçus rapidement les informations concernant le suspect qu'il devait arrêter. Il s'agissait de "Jean-Pierre Fleurant", un épicier de la banlieue chaude d'Ottawa. C'était un veuf ayant la quarantaine et vivant avec son unique fille adoptive.

"Tiens, il est en dehors du pays celui-là. Ottawa… c'est pas la porte à côté." Pensa le jeune inspecteur.

Alors que Phelps passait devant son bureau, Felix décida de l'interpeler.

- Inspecteur en chef ?

- Oui, qui y'a-t-il Young ?

- Je viens de recevoir les infos concernant la suite de l'enquête… et, je ne vois aucun partenaire qui m'a été attribué. Je suis tout seul sur la piste d'Ottawa ?

- Oui, je connais votre passif. J'ai une immense confiance en votre travail personnel. Je suis persuadé que vous saurez appliquer toutes les méthodes nécessaires pour mener à bien votre enquête.

- Justement, à propos de ça, vous insistez beaucoup sur le fait que nous avons carte blanche… Je ne suis pas sûre que cela soit une bonne idée. Il y a tout de même une certaine 'éthique professionnelle' à respecter, non ? On ne va pas s'y prendre n'importe comment quand même ?

Phelps ricana discrètement dans sa barbe de trois jours avant de répondre :

- Vous êtes bien naïf, Young. C'est peut-être due à votre jeune âge, ou à votre arrivée très récente dans ces locaux. Mais il faut que vous compreniez que nous avons une mission importante, très importante je dirais même. L'éthique professionnelle ici est… disons, différente de ce à quoi vous avez été habitué dans la police criminelle. Chacun a ses méthodes, l'important est le résultat. Contentez-vous simplement de rendre des rapport tout aussi bons que vos précédents. C'est tout ce que je vous demande.

- D'accord, j'ai compris, j'y veillerais. Merci pour vos réponses.

- Y'a pas de quoi. Enchaina Phelps d'un ton bienveillant avant de reprendre son chemin.

Le soir même, Felix prépara ses affaires et prit le premier vol en direction de Montréal, son escale pour rejoindre Ottawa. Assis sur son siège de première classe payé par le FBI, il tourna la tête vers le hublot. Il contemplait le désert californien qui se dérobé sous ses yeux à mesure que l'engin prenait de l'altitude.

"C'est quand même fou quand on y pense. Des centaines de personnes disparus ont pu être sauvé. Et des informations compromettantes sur les Yakuza et la Compagnie Miller ont étés relevés, sans compter l'anéantissement total des Cuervos… Tout cela par le travail de Karoline et de ses complices."

Felix soupira

"C'est bien plus que tout ce que je pourrais accomplir au cours d'une décennie de travail, peut-être même de ma carrière toute entière… Ça me fout de plus en plus le cafard quand même. J'ai l'impression qu'on est tous muselé. Personne n'avais osé lever le petit doigt contre ces gangs depuis des années, alors que tout le monde savait ce qui se passait. Les seuls téméraires se sont fait bouffer par le système, comme moi, ou simplement tuer, comme Harvey… Je me sens tellement seul au fond. Même Vivienne ne peut plus rien faire, elle est obligé de se plier aux règles du jeu, comme tout le monde… Une ville financé en grande partie par une seule corporation qui dicte ses lois, c'est tout ce que nous avons pour faire régner la justice… Mais ce n'est pas ça qui va m'empêcher d'accomplir mon devoir. J'arrêterais McBlue, et je le ferais de la bonne manière !"

Lorsque l'avion atterris à sa destination, les horloges québécoises sonnaient le début de la matinée. À cause du décalage horaire, il était bien plus tôt que cela pour Felix. Mais le jeune inspecteur ignora sa fatigue, il avait l'habitude de cela. À sa sortie de l'aéroport, il fit accueillis par quelques agents de polices en uniformes. Ces derniers accompagnaient une femme en costard, plutôt élégante, qui s'approcha de Felix pour lui serrer la main.

- Bienvenu inspecteur Young. Je me présente, je suis la Directrice de la police d'Ottawa, on a dû vous prévenir de notre rencontre, je suppose.

Sa voix était monotone. En remarquant ses cernes, Felix eu l'impression de voir son propre reflet dans un miroir.

- Bien sûr, merci de vous êtres déplacer en personne.

La Directrice prit un air plus sérieux et répondit :

- Ne vous en faites pas. J'ai eu vent de l'importance de votre mission ici. Sachez que vous avez droit à l'entière collaboration de la police canadienne.

- Parfait, Allons-y sans plus attendre.

La femme en costar ouvrit la porte du fourgon derrière-elle, invitant l'inspecteur à y entrer.

- Très bien, après vous inspecteur.

Tandis que le véhicule faisait route vers Ottawa, Felix briefa la directrice :

- Vous savez déjà qui est notre cible, je suppose, et vous l'avez localiser. Mais je ne vous ait pas donner mon plan d'approche… Il faudra contacter les forces d'intervention, j'aurais besoin d'une vingtaine d'hommes au maximum sur place. Ça devrait être simple. Vous allez faire encercler le bâtiment discrètement pendant que je me ferais passer pour un client à l'intérieur. Lorsque je vous en donnerais le signal, on lancera l'assaut sur l'épicerie… Il y a néanmoins une règle à respecter. Aucune utilisation de la force léthal ne sera autorisé. Je ne veux aucun mort, sous aucun prétexte. Sinon tout cela n'aura servis à rien.

- Ne vous en faites pas… la capture d'un épicier ne devrait pas être une tâche si ardue que cela. Lui répondit la directrice avec un léger sourire aux lèvres.

- Vous vous trompez. Ce n'est pas un simple épicier… Il est même loin d'être un criminel lambda. Il a le profil parfait de l'ancien, le pro de longue date qui a déjà eu à faire à toutes les situations.

- Très bien, nous serons vigilant.

Après deux heures sur la route, le fourgon arriva en périphérie d'Ottawa. Felix pus regarder par la fenêtre, avec curiosité, cette ville qui l'avait toujours fasciner par le contraste de son architecture. Il aimais cette impression de changer d'époque en passant simplement d'une rue à l'autre. Cette idée le réconfortait presque, comme s'il pouvait s'y évader du monde en quelques pas. Malheureusement, les beaux édifices qui trônaient autrefois sur la colline du Parlement étaient désormais en ruines. Les quartiers d'antan, eux, étaient vides, sales et infestés par l'abandon. Ce tableau attrayant qu'il s'était représenté dans sa jeunesse n'était même plus l'ombre de lui-même.

En observant Felix, la directrice pris la parole.

- Je sais ce que vous vous dites. Ma belle ville à perdue de sa splendeur avec le temps… C'est vrai, je l'avoue… Si seulement il n'y avait pas eu ces attentats, les choses auraient pu être différentes… Ou bien, peut-être qu'on se voile simplement la face, que c'est notre déni qui a fait sauter nos monuments… Je n'ai jamais sus quelle était la réponse.

L'inspecteur pouvait lire le dépit de cette femme dans son regard qui ne prenait plus la peine de suivre l'horizon.

- Votre ville, elle n'est pas pire que les autres, croyez-moi. Répondit Felix.

La directrice poussa un profond soupir.

- Quelle étrange époque nous vivons quand même…

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