Chapitre 53
La Coalition n'était plus. Karoline fut érigée en sauveuse des États-Unis. Comme toujours, le Cauchemar n'avait pas besoin d'être sous les projecteur pour que ses actions résonnent jusqu'aux quatre coins du monde.
Quelques nuits après sa victoire, un convoi aérien la ramena depuis le Brésil dans sa ville natale. À sa sortie de l'appareil, elle se fit accueillir par une escorte de blindés. En s'approchant des véhicule, un haut gradé de l'armée l'interpela :
- Félicitation pour votre victoire. Vous êtes désormais une héroïne. Tout la nation vous remercie !
- Ferme-là. Répondit Karoline sur un ton froid, sans prendre la peine de s'arrêter.
Décontenancé, l'homme se retourna et enchaina :
- Le Secrétaire de la Défense souhaite s'entretenir avec vous, maintenant. C'est extrêmement important.
Sans dire un mot de plus, Karoline monta à bord du fourgon qui l'attendait. Le véhicule démarra peu après, escorté par un groupe militaire.
Lorsque le convoi arriva en ville, tout se figea dans l'obscurité. Un blackout total venait de frapper la cité des anges. Le fourgon n'arrivait plus à démarrer.
Karoline commençait à entendre de l'agitation à l'extérieur. Soudainement, la porte arrière du fourgon s'ouvrit. Une dizaine de gardes braquaient Karoline avec leur armes. Soudainement, les lampes s'éteignirent et les soldats s'écroulèrent au sol, assourdis par un terrible grésillement que produisait leur oreillettes. L'un d'eux ne semblait pas atteint et monta à l'intérieur tandis que le fourgon reprenait sa route, seul.
En regardant l'homme qui l'avait rejoint, Karoline esquissa un sourire et lui dit :
- Vous avez donc reçus mon signal.
En entendant ces mots, le soldat enleva son masque et ses lunettes. Il s'agissait de Zêta.
- Oui, grâce à ta nouvelle recrue.
- Au fait, il s'est débrouillé comment ?
L'armurier tendis une oreillette à Karoline et répondit :
- Il a été remarquable, mais on en parlera plus tard. Pour le moment, met ça, on doit te faire rejoindre le QG.
- D'accord ! Quel est le plan ?
- Epsilon contrôle tous les réseaux de la ville. On va profiter de ça et du blackout pour s'éclipser. Mes hommes vont nous amener au QG, ensuite ils se débarrasseront de ce fourgon.
- Vous avez pas chômé durant mon absence on dirait.
- Non, pas vraiment… En tout cas, ça fait du bien de te revoir petite.
- Oui… J'ai hâte d'enfin rentrer à la maison… Murmura Karoline.
Une fois l'évasion réussis, Karoline et Zêta arrivèrent à l'hôtel Nazari. Durant la longue ascension jusqu'au dernier étage, la jeune femme s'adressa à son ami :
- Je dois avouer, je ne t'avais presque pas reconnu. T'était plutôt convainquant en militaire.
- J'ai servis dans l'armée pendant une partie de ma vie. Je suis habitué à leur fonctionnement.
- Ouais… Mu m'a raconté un peu. Elle m'a également parlé de l'Australie.
Zêta soupira.
- Tu sais… Moi aussi j'ai fait des choses importables. Je me bats tous les jours en ayant bien en tête que rien ne pourra jamais effacer ce que j'ai commis… Là-bas, tu as pris part à une guerre. Tu dois savoir ce que ça fait maintenant.
- Ouais, c'est… horrible. J'arrête pas de me demander si j'aurais pu faire mieux pour éviter ces massacres. Répondit Karoline d'une voix tremblante.
- Je me suis posé la mêmes questions pendant des années. Au final, je me suis dit qu'on n'a jamais les bonnes réponses et qu'il faut vivre avec. Tu as fait un choix, celui qui te paraissait le moins dangereux pour l'avenir… et c'est ça qui compte le plus.
- Dit, il s'y est passé quoi en Australie du coup ?
La voix gorgée de remords, Zêta pris quelques secondes pour respirer et répondit :
- Avant, j'étais Gregory Ziouganov, un soldat d'élite dans une unité d'intervention spéciale. Le genre dont l'existence était tenue secrète par l'armée. On était souvent déployé en cas d'urgence. Chaque fois, on avait carte blanche… Je touchais à peine à ma trentaine quand j'ai été envoyé en Australie. Mon unité et moi avions reçus l'ordre de mater la guerre civile par tous les moyens nécessaires… C'était une boucherie… Chaque suspect était considéré comme déjà condamné. La plupart étaient des civils inexpérimentés au combat… Ils ont tous finis en chair à canon. Les horreurs qu'on a commis ont juste servis à faire une démonstration de force. De toute façon, rien n'aurais jamais pu les justifiés.
- Je comprends pourquoi tu as rejoint ALP maintenant.
- Oui… Cette décision a été l'une des rares que je n'ai jamais regretté. Grâce à ça, au moins, je sers les convictions qui me paraissent justes. Je ne remercierais jamais assez Maria pour cette chance qu'elle m'a offerte.
L'ascenseur venait d'arriver à destination. Karoline avait le souffle coupé pendant l'ouverture des portes coulissantes. À son premier pas dans le couloir, elle se fit bondir dessus par Phi qui s'écriait :
- Karoooooooooo !
Le sourire au lèvre, Karoline se laissa enlacer. Tous ses amis étaient là.
Mu fut la suivante à s'avancé pour dire :
- Nous étions inquiet. Ça fait du bien de savoir que la division est au complet.
- Avec même un petit nouveau. Enchaina l'inspecteur.
- Felix ! Tu as rejoint ALP ? Demanda Karoline.
- Bien sûre ! Je me suis engagé dans ce combat depuis notre rencontre… et je ne compte pas m'arrêter.
Epsilon, qui se tenait accoudé à un mur, repris :
- Merci de nous l'avoir amené, Karo. C'est grâce à lui que Phi est en liberté et qu'on a pu préparer ce plan pour te faire évader.
En entendant ces mots, Karoline se rapprocha de l'inspecteur. Elle le regarda dans les yeux, entoura ses bras autour de sa taille et répondit :
- Je suis fière de toi… mon héros.
Felix se mis à rougir et murmura :
- Merci…
Zêta sortit de l'ascenseur et coupa le discussion d'un ton strict :
- Écoutez, je voudrais pas péter l'ambiance… Mais je pense que nous avons des choses importantes à lui dire.
- Moi aussi je dois vous parler. J'ai fait une rencontre assez particulière durant mon assaut final…
Karoline et ses compagnons allèrent dans la salle de réunions et échangèrent tout ce qu'ils avaient appris. De l'origine véritable du virus, aux plans secrets du gouvernement. Les retrouvailles avaient pris un air morose, teinté de révolte face à ces horreurs.
- Donc, c'est bien vrai… Les États-Unis ont préparer une arme de destruction globale… Et ils veulent réitérer, pour s'accaparer les ressources du monde entier. Soupira Felix.
Personne n'osait plus parler, à l'exception de Karoline qui murmura d'un ton froid :
- Un coup d'état. C'est la seule solution.
- Elle a raison. Il faut faire quelque chose et ce n'est pas en continuant les petites opérations qu'on va y arriver. Repris Zêta.
Après une courte réflexion, Mu se leva et enchaina :
- Nous nous organiserons avec d'autres divisions d'ALP. Prendre ce pays va demander de la préparation. On va tout miser sur une seule journée décisive. Mais, d'abord, on doit faire le point sur chacun d'entre-nous afin savoir comment se lancer là-dedans. Moi, Epsilon et Zêta nous sommes encore anonymes. Karoline et Phi sont connues des autorités, donc il va falloir être vigilant. Quant à Felix… Il pourrait nous servir de taupe au FBI.
En entendant ces mots, l'inspecteur répondit :
- Je crains que cela ne puisse être possible… Depuis l'évasion de Phi, je joue à un jeu dangereux. L'enquête tourne en round et mes supérieurs vont bientôt se douter de quelque chose. À vrai dire, j'ai besoin de vous pour un truc.
- Dit-nous tout.
- Je veux vous aider jusqu'au bout. Mais il faut que je disparaisse. Mon appartement serra prêt demain et j'y retournerais. Après ça, je vais couper les ponts avec vous quelques temps histoire de ne pas attirer l'attention sur l'hôtel… Puis, j'aimerais que vous simuliez mon enlèvement, chez moi de préférence. Étant donné que je suis l'inspecteur en chef de la cellule Arès, cela me parait être une bonne raison pour un kidnapping.
- Ne t'en fait pas. On te le doit bien. S'exclama Zêta.
Epsilon se leva et déclara :
- S'il faut prévoir une opération à grande échelle. Je dois vous parler de quelque chose de très important. Surtout que maintenant, tout le monde est là.
- Oh ! Tu parles de ton fameux projet secret, c'est ça ? Demanda Phi.
- C'est quoi cette histoire ? S'exclama Karoline.
- Oui, laissez-moi vous expliquer… Avant de rejoindre ALP, comme certains d'entre vous le savent, j'ai été un netrunner indépendant. Durant cette courte période de ma vie, j'ai développé un virus informatique capable de passer n'importe quel système de sécurité numérique. Le résultat fut une sorte de cheval de Troie assez spécifique… Son potentiel est tellement énorme que je ne l'ai jamais utiliser. Mais, j'en garde une copie dans la puce mémoire de mes implants.
- Et, qu'est-ce qu'il fait ce virus exactement ? Demanda Felix.
- Pour faire simple, lorsqu'il est implémenté dans une machine, il se répand à tous les autres appareils qui lui sont connectés. Il utilise une faille qui découle de la base même du language binaire. Il est impossible à arrêter. Une fois qu'il en a fini, il exécute un petit programme qui fait griller les processeur, comme une sorte de division par zéro.
- S'il se rependait sur internet, le monde entier serrais paralysé, peut-être même plus… Mais, je ne vois pas trop son utilité dans notre cas. Remarqua Karoline.
- Justement, j'y viens… Depuis ces dernières semaines, je travaille dessus afin de l'améliorer. J'ai déjà réussis à avoir de très bons résultats. En gros, au lieu de griller les processeur, il est capable d'autres actions plus complexes. Je vais passer sur les détails, mais il pourrais servir à faire diffuser massivement un message vidéo. Si vous me laissez un peu de temps pour le peaufiner, on sera en mesure dénoncer les mensonges des États-Unis au travers des écrans du monde entier.
- Parfait ! C'est un excellent début. Avec ça, on aura une partie de la population de nôtre côté. S'exclama Mu.
Le souffle tremblant, Phi demanda :
- Dites, on va vraiment le faire ? On va s'attaquer à tout un pays ?
Karoline, dont la résolution brûlait au travers de son regard, répondit avec fermeté :
- Oui ! Nous n'avons pas d'autres choix. Ce sera l'ultime opération, l'aboutissement de notre combat. Nous les empêcherons de faire sombrer ce monde ! Quoi qu'il en coute !
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