Chapitre 54
Le 14 octobre 2047, quelques temps après leur retrouvaille, la division Mu se réunie dans une petite planque souterraine en périphérie de Washington. Silencieux au sein de cette ambiance pesante, ils écoutaient le brief de Mu.
"Nous y sommes, notre dernière opération. Nous allons tout mettre en jeu demain. La totalité des commandants d'ALP du pays vont participés à ce combat. Le gouvernement est déjà sur ces gardes depuis l'évasion de Karoline, mais nous allons quand même les prendre de court. Car nos rangs deviendront infini lorsque nous auront dévoilé leur secrets !"
Après avoir marqué une pause dans son discours, la veille femme repris avec un ton moins solennel :
"Lorsque les horloges indiqueront midi pile, Epsilon lancera son virus. Pendant les minutes qui suivront, nos agents infiltrés dans l'armée et dans les autorités commenceront à se mutiner. Ensuite, ce sera au tour de nos netrunners d'entrer en jeu. Ils devront miner un accès aux centres financiers les plus importants des Etats-Unis. S'ils arrivent à gelée l'économie du pays, ça nous donnera un énorme avantage à moyen terme. Du côté des agents de terrains, il y aura deux missions importantes à Washington. Je vous les récapitules… La première consiste à enlever la présidente : Henrietta Asch. Ce sera à Felix, Zêta et moi-même de s'en charger, avec le soutien d'une partie de la division George. La seconde consiste à prendre le contrôle du Pentagone. Un peu avant midi, on y enverra Phi en reconnaissance. Une fois les bonnes informations en mains, Karoline, seule, sera la plus efficace pour remplir cette mission… Voilà, vous avez des dernières questions avant qu'on s'y lance ?"
Felix se redressa sur sa chaise et demanda :
- Et si l'opération foire, on fait quoi ?
Mu soupira. Elle s'affala sur son siège et répondit :
- Eh bien… Nous continuerons à nous battre. Au vu de ce qui est en jeu, soit nous mourrons demain, sois nous réussissons notre coup d'état.
Avachie sur la table, le regard perdu dans ses pensées, Phi demanda :
- Si ça réussis et que le pays n'a plus besoin d'ALP, vous feriez quoi vous tous ? Moi, mon rêve, ça serrais de faire une association, ou un truc du genre… Peut-être me lancer dans l'art aussi. On serra libre de faire ce qu'on veut, alors pourquoi pas !
Un sourire innocent au coins des lèvres, Zêta répondit :
- C'est vrai que je n'y ait pas vraiment penser avec tout ce bordel… Je m'imagine bien prendre ma retraite.
- Toi ? Allons Gregory, tu ne fais pas si vieux os ! S'exclama Mu.
- Bah écoute, à notre âge, je vois pas trop ce qu'il nous reste comme options. Toi tu ferais quoi ?
- Eh bien… Je pense que je me lancerais dans la politique. Après tout, pendant ces années à diriger la division, j'en ait appris des choses.
- Ah la la, Maria, tu es bien ambitieuse. Je suis presque jaloux de ton plan maintenant…
Phi gloussa et repris :
- Dit, Epsilon, t'as l'air très pensif. Ma question t'as pas fait griller les implants j'espère ?
- Nan… J'y réfléchie mais je n'arrive pas à imaginer mon futur ailleurs que derrière un écran… à continuer ce que je sais faire de mieux. Il faut dire que c'est toute ma vie. Une fois passé la trentaine, on ne se refait plus.
- Hé ! Sois gentil, il me reste que quelques années moi. S'exclama Felix.
- Dans ce cas, tu dois décider maintenant ce que tu ferra après avoir sauvé l'Amérique !
- Bah… déjà j'irais revoir ma famille. Depuis le temps, je dois leur manquer. Après, j'aimerais bien réintégrer le FBI ou la défense, histoire de faire un peu restructuration. Enfin, ça c'est si on survie à la journée de demain.
- Tu vis pour servir l'ordre, je vois le genre. C'est louable. Ce pays ce portera sûrement mieux avec toi. Répondit Epsilon.
- Et toi Karoline ? Tu es la dernière restante. Enchaina Zêta.
Tout le monde se retourna vers la jeune femme. Elle était immobile. Ses yeux ne reflétaient aucun lueur. Après un silence d'hésitation, elle finit par répondre avec une voix basse :
- Je… Je ne sais pas trop… J'imagine que je continuerais à me battre… ailleurs…
Quelques heures plus tard, Karoline et Felix se trouvaient dans une petite chambre sombre, cachés du crépuscule. Deux lits superposés prenaient la majorité de l'espace, laissant un petit passage pour sortir de la pièce. Sur le matelas du haut, Karoline était allongée, les yeux grands ouverts. Incapable de s'assoupir, elle s'adressa à son ami en contrebas :
- Dit, tu arrives à dormir ?
- Pas plus que toi… À vrai dire, je repense à ce que tu nous a dit tout l'heure. Sur le fait que tu n'avais pas vraiment de projets pour l'avenir.
Karoline soupira.
- Oui… Je me contente de foncé dans le tas, de tuer, sans trop pensé à mon sort… Enfaite, au fond de moi, j'espère y mourir.
- Je sais, je l'ai lus dans tes yeux depuis la première fois que je t'ai vus. Mais, je ne crois pas que tu aspire à la mort. Tout ce qu'il te faut, c'est trouver ta paix.
- C'est peut-être vrai, oui… en fait, je veux juste que ça cesse… les visions que j'ai dans ma tête, les remords et cette haine qui me bouffe… Parfois, quand je suis avec toi ou les autres, tout ça disparait pendant quelques instants… Mais ce soir, je n'arrive pas à fermer l'œil, ni à me sentir apaisée.
- Moi non plus, et c'est normal. Demain, on va sauver le monde ensemble. C'est pas rien quand même.
- Au fait, tu avais parlé de ta famille tout à l'heure. Tu ne les a pas revus depuis combien de temps ?
- Difficile à dire… Les dernière années ont étés étranges pour moi. J'ai l'impression que ça fait une éternité.
- Pourquoi vous vous êtes éloigné ? Perso, je sacrifierais tout pour avoir l'occasion de revoir la mienne, juste une fois.
- Parce que ce sont eux qui m'ont encouragé à rentrer à l'école de police. Surtout Emilie, ma sœur. Si tu m'avais vus à l'époque, j'étais déterminé à servir la justice et à les rendre fier… Au final, lors de ma première année en tant qu'inspecteur, j'ai été mêlé contre ma volonté à une histoire de drogue. La police était impliqué dans des affaires trafics, enfin, je te passe les détails. Tout ce que j'ai réussis à faire, c'est rester impuissant et inutile. Je n'ai dus ma survie qu'a un seul homme : mon inspecteur en chef de l'époque. Il m'a aidé à sortir de là et s'est attaqué aux responsables.
- Que lui est-il arrivé ? Demanda Karoline.
- … Il a été assassiné pendant son enquête. Sa femme, pauvre Vivienne, n'a même pas eu de corps à enterrer… Et, dans tout ça, j'ai rien fait. Il est mort par ma faute. C'est pour ça que j'ai coupé les ponts avec mes parents et ma sœur. Je ne pensais pas avoir fait quoi que ce soit qui aurait pu les rendre fière.
- Tu es l'une des meilleurs personnes que j'ai rencontré. Il ne faut pas être dure avec toi-même comme ça. Ce sont tes mots à toi qui m'ont donnés le courage de continuer à vivre.
- Toi aussi, tu m'a apporter de l'espoir… Plus que ça même… Enfaite, j'aimerais te garder prêt moi après tout ça.
- Felix… Je crois que je t'aime.
- Je sais, ça aussi tes yeux me l'avais dit depuis longtemps.
Au final, Karoline descendit pour partager le petit lis du bas.
You look everywhere, except beside you.
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