Les débuts au Lycée Washington
— Eh, Sven ! T'as oublié ta trousse, crie un petit blondinet qui court en agitant une pochette de cuir marron.
— Merci mec ! Tu sais que je t'aime toi ! Dis Thibaut... C'est quand qu'on se marie pour faire chier nos parents ? Réponds l'incarnation de ce qu'on pense des anges masculins en récupérant l'objet.
— Beurk ! Si je dois épouser un mec, ce sera Maxime. Il est bien plus puissant ! Rétorque le maigrichon en repoussant les avances du bellâtre et en se pendant au cou d'un grand brun.
Ledit Maxime est d'humeur taciturne comme souvent. Cependant, il accepte les pitreries de ses potes qui lui arrachent un sourire. Ces deux couillons ont le don pour dérider le ronchon. Le rappel innocent de son ami sur son statut d'héritier et de la manière dont fonctionne le monde le fait rire. Au moins avec ces deux-là, les mots sont honnêtes et francs. C'est bien pour cette raison qu'il les apprécie autant. Le trio traverse le lycée en terrain conquis. Ils sont amis depuis l'enfance.
Maxime Bord est très très grand et bien proportionné. Il dépasse le mètre quatre-vingt-dix malgré ses seize ans. Sa chevelure noire épaisse, parfaitement coiffée en toute circonstance, fait ressortir la couleur azur de ses prunelles. Sa beauté est le fruit du croisement avec les plus belles femmes depuis des générations. Doté d'un sale caractère qui effraye les gars et rend folles les demoiselles, il excelle dans le look brun ténébreux et froid. Il est le pseudo gars à l'âme écorchéee sur lequel les filles fantasment et qui se contrefiche de son succès. On lui a plusieurs fois proposé de jouer dans l'équipe de basket, mais ses tendances solitaires lui font préférer la natation et le footing aux sports d'équipe.
Fils de la famille classée Powerful numéro trois en terme d'influence mondiale et de fortune, il a pour habitude qu'on lui lèche les bottes. Il sait jouer de son charme quand cela est nécessaire, mais souvent, son nom de famille historique suffit. Parfois, cet amas de personnes mensongères et intéressées l'irritent au plus haut point. Toutefois, il a compris, en observant son père et son grand-père, l'importance d'avoir sa cour d'admirateurs envieux. Le tout est de savoir à qui se fier. Et dans ce lycée, il n'y a que trois personnes qui ont la confiance de Maxime. Deux blondinets se comportant comme des gamins et une demoiselle silencieuse et timide.
Ses deux potes sont aussi blonds que les cheveux de Maxime sont noirs. Samuel Bjork, alias Sven pour les intimes, est un grand blond séducteur qui attire toutes les filles avec sa belle gueule aux traits fins, ses yeux verts et ses cheveux dorés en bataille. Grand mais plus petit que Maxime, il atteint le mètre quatre vingt tout de même. Thibaut Plenzo est le dernier du trio et le plus petit. Son mètre soixante huit et ses yeux noisettes, peuvent le paraître moins séduisant de prime abord. Toutefois, il a du charme avec sa fossette au menton et ses yeux toujours d'une grande douceur.
L'un des jeux favoris des deux grandes andouilles est de taper sur le crâne du dernier membre du trio pour lui rappeler sa taille inférieure, critère important pour l'ego masculin adolescent. Que ce soit avec leurs mains, un cahier ou tout autre objet bien dur, ils se régalent de lui casser les pieds en parfaits petits cons insupportables mais adorables quand même. Le jeune homme, très patient, rit de bon cœur avec eux quand ils s'amusent.
Cela n'empêche pas les deux grands d'exploiter l'intelligence de leur pote en lui demandant secours quand ils n'ont pas compris un cours. En bons crétins aux hormones bouillonnantes, et profitants de sa timidité, ils lui disent des mots doux et des phrases salaces pour le faire rougir. Bref, des adolescents dans toute leur splendeur et leurs conneries, ils martyrisent leur pote avec amour. Lui aussi les adore et bien qu'ils sont parfois très pénibles, il les aide toujours, expliquant et réexpliquant avec une patience digne d'un ange.
Les trois garçons se dirigent vers la classe des Seizièmes, première année du Lycée. Ils traversent le couloir qui sépare les salles des deux cours. De nombreuses jeunes filles se pâment au passage des deux géants sans obtenir le moindre regard de ceux ci, tout occupés qu'ils sont à se chamailler. Les garçons ont l'habitude d'attirer les regards et n'y font plus attention. Thibaut fait un signe de la main, un sourire amical ou compatissant à chacune. Beaucoup d'entre elles le remercient d'un autre sourire en retour, amical et décu.
Longue avenue d'arches de pierres faisant le tour de la cour intérieure protégeant des intempéries, le corridor permet de rejoindre les quatre entrées du bâtiment en toute sécurité. La cour intérieure est un petit jardin de gazon toujours vert avec quelques grands arbres offrant de l'ombre et une petite fontaine représentant une fleur de lys en son centre. De nombreux bancs de pierre ou de bois permettent de se poser.
Le lycée privé accueille les enfants des puissants de ce monde. Il se veut à la pointe de l'excellence et bien que situé dans la capitale du Luxsuisco, il utilise une vieille tradition en dotant ses élèves d'uniforme avec blason. Un étrange ensemble de couleurs pas vraiment assorties. Chaussures noires pour Marany, Pantalon ou jupe vert pour le Rodiastan, chemise bleu pour Teyfen, cravate rouge pour Merkania, écharpe jaune pour Jaypur. Le tout foncé en hiver, clair en été.
Tous identiques pour soi-disant les mettre au même niveau. Le but étant de gommer les différences entre les héritiers, mais cela n'empêche pas une hiérarchie sociale se faire en fonction de la fortune des parents. On peut porter les mêmes vêtements, mais le nom de famille continue de faire la différence. Le niveau de puissance au sein de l'école dépend du classement de la famille au sein de la noblesse Powerful.
Les trois garçons ont cours de merken, la seule matière où Maxime écrase tout le monde sans la moindre difficulté. Sa maman Christie étant originaire de Merkiana, il pratique depuis tout bébé. De plus, avec ses parents, il voyage régulièrement et maîtrise aussi parfaitement les subtilités de vocabulaire des différentes variantes. Tout cela fait qu'il est bilingue depuis qu'il a commencé à parler. Il est meilleur que le professeur et bien qu'il ne relève pas les erreurs devant les autres élèves, il se permet de corriger l'enseignant parfois. Cette maîtrise du merken est un atout indéniable qui améliore la moyenne du jeune homme, déjà plutôt bon élève.
Le meilleur étudiant toute disciplines confondues reste Thibaut qui se chamaille la première place avec une fille dans les autres matières sauf en éducation physique. Samuel et Maxime, les deux bellâtres, rivalisent dans le domaine sportif. Bien que le duo des premiers dépasse de trois bons points minimum le reste de la classe, aucun des deux enfants prodiges ne se montre prétentieux et au contraire, ils aident volontiers leurs camarades. Thibaut davantage que la jeune fille qui est muette et a donc quelque difficulté à se faire comprendre. Cette bienveillance fait du petit blond un garçon fortement apprécié des autres.
Toujours à se bagarrer et à se lancer des défis idiots, les deux plus grands sont des têtes brûlées. Ils doivent avoir un ange gardien efficace pour ne s'être encore rien cassé avec toutes les âneries qu'ils font. Maxime, aujourd'hui peu concentré sur le cours rêvasse en souriant et repense à son amitié avec le si sage Thibaut. Ils se sont rencontrés en classe d'éveil et depuis, ils ne se sont jamais quittés. Un coup de foudre amical du haut de leurs trois ans.
Tout petit déjà, le grand brun avait un sacré caractère et effrayait ses camarades même les plus âgés. Il voulait tout et tout de suite avec l'impatience d'un chérubin à qui on ne disait jamais non. La maîtresse était dépassée et bien que Maxime ne soit pas méchant, elle ne savait pas s'imposer face à lui. Alors qu'il revendiquait un jeu, un petit garçon tout maigre le regarda et sans un mot, continua son jeu.
Maxime pesta tandis que le blondinet ne céda pas. Il lui dit doucement qu'il était le premier à jouer et que Maxime n'avait qu'à attendre son tour ou lui donnait une raison valable autre qu'un caprice. Le ton doux mais ferme du bambin impressionna le brun à qui on résistait pour la première fois. Ne trouvant pas de réponse, il attendit que son camarade ait fini de jouer.
À la récréation, alors que le petit blond se faisait bousculer par des plus grands, Maxime décida d'intervenir et repoussa les indésirables. Le sourire amical et le remerciement sincère qu'il reçut furent le plus beau des cadeaux ce jour-là. Depuis, Maxime et Thibaut sont inséparables, le petit blond tempérant le caractère du brun.
Samuel, l'ange blond surnommé Sven, est arrivé plus tard en dixième, en milieu de primaire. Au début, Maxime ne l'aimait pas et souvent, ils se chamaillaient. Peu à peu, en apprenant à le connaître, leur rivalité a fait place à une profonde amitié. Bien sûr, ils n'ont jamais cessé de se lancer des piques, toujours avec affection et tendresse. Maxime se rappelle encore le jour où Samuel et lui devinrent les meilleurs rivaux. C'était à la fin de la première année de collège, l'année de douzième. Ils ont fait une compétition de pompes sur les bras qui leur a valu un méga coup de soleil.
Le cours se prolonge. Le professeur tente de les intéresser avec son texte désuet sur le château de Windsor. Tout le monde baille d'ennui. L'enseignant s'énerve et leur demande ce qui les réveillerait. Elena Toen, fille unique de la seconde puissance mondiale et lolita aux cheveux d'or connaissant son effet sur la gent masculine, minaude et répond d'une voix suave qu'un peu d'interactivité serait plus amusant.
Séduisant l'assistance de ses beaux yeux bleus et de ses courbes naissantes, elle propose que les élèves fassent des exposés sur un sujet de leur choix. La mode de Sydney, les paroles d'un groupe de chanteurs ou tout autre sujet propre à la culture Merkian. Pour une fois, le grincheux Maxime approuve l'idée.
Il n'aime guère Elena. Ils étaient amis enfants, mais depuis la douzième, il ne lui adresse guère plus la parole. Leurs familles sont en guerre commerciale. Cela a fini par abîmer l'amitié des deux enfants. Depuis, elle est devenue une peste populaire et superficielle qui le gonfle. Il fait tout pour l'éviter.
Contrairement à d'autres reines des abeilles, Elena est plutôt gentille et bienveillante. Maxime la connaît assez pour savoir que son coté frivole n'est qu'une façade. Elle est loin d'être bête et inconsistante. Elle joue un rôle, comme tout le monde ici. Le brun n'a juste pas envie de reprendre contact tant qu'elle se comportera en idiote.
L'enseignant cherche l'approbation des autres gosses de riches, ne voulant pas leur déplaire. La plus riche dort sur son pupitre comme souvent. Maxime fait une moue qui n'aide pas vraiment le professeur à connaître l'avis du jeune homme. Samuel joue de son charme et lui adresse un sourire lumineux, plus destiné à abréger les souffrances du pauvre homme que d'approuver les idées de la reine des abeilles. En futurs majors de promo, Thibaut et Lisa, les deux génies, valident la proposition et le petit blond rajoute des arguments pour décider les autres élèves et aider le professeur dans sa tâche pédagogique. La plupart des ados sont enthousiastes à la perspective de pouvoir dériver du programme et de parler d'un sujet de leur choix. L'idée est approuvée. Il ne reste plus qu'à trouver les sujets d'exposés.
Pour se débarrasser de la corvée au plus vite, Maxime se propose pour la première présentation en tant que bilingue ayant des facilités. Cela laissera du temps aux autres élèves et en plus, avec le sadisme qui le caractérise, il a déjà en tête une bonne farce. Il fera son speech sur les pires spécialités comme la gelée cervicale aux fruits rouges ou les épinards au sucre. Juste avant le déjeuner, cela sera excellent. Son sourire machiavélique n'inquiète que ses deux potes qui ont repéré le coup fourré qui se prépare.
Le cours suivant est bien moins surprenant. Les mathématiques ne laissent guère de place à l'improvisation et à la rêverie. En plus, la quête d'excellence du lycée fait que les exercices donnés sont d'un niveau bien plus difficile que le programme national ne le demande. La pression familiale subie par chaque élève fait que chacun s'applique pour satisfaire les ambitions de papa - maman ou du moins ne pas les décevoir.
Cela s'est bien senti au moment du brevet des collèges. Aux épreuves, aucune note en dessous de dix-sept pour l'ensemble des élèves. Que des mention très bien et de nombreuses félicitations du jury. Le collège Washington est d'un niveau supérieur et réservé à la future élite de la nation. Les frais d'inscription sont exorbitants. Ils sont le gage de la sécurité des enfants et du secret professionnel des professeurs.
L'entrée au sein des établissements nécessite une évaluation pour s'assurer du QI et du savoir des bambins. Même une fois au sein des établissements, tout élève qui ne remplit pas aux exigences de niveau ou déroge au règlement reçoit un avertissement ou se voit exclu sans ménagement. Nombreux sont les bambins qui en fin d'éveil savent déjà lire, écrire et compter sans aucune difficulté. Certains sont même bilingues.
Le lycée poursuit une quête de perfection. Des cours supplémentaires sont disponibles pour les futurs chefs d'entreprises ou possesseurs de fortunes familiales. Ils forment l'élite de la nation en provenance du monde entier. Seigneurs de contrées puissantes côtoient les héritières de firmes cosmétiques. Ceux appelés à diriger des terrains ou des empires financiers sont, en grande majorité, réunis ici. Plus des trois-quarts du top Cent du classement Powerful est représenté par un rejeton ou deux.
Le dogme du corps sain dans un esprit sain est sous-jacent. Les performances intellectuelles sont favorisées, tout comme la pratique sportive. Les enfants sont initiés à l'écologie et à la charité tout en sachant ne pas faire de sentiments si besoin. L'esprit de compétition est développé, toutefois, les rivalités doivent rester amicales et dans un esprit sportif de respect. Tout cela est la théorie. En pratique, ce n'est pas aussi beau évidemment.
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